La mauvaise posture de la minorité musulmane sunnite ouigoure/uyghur se confirme mois après mois en territoire chinois. La mort tout dernièrement du poète Abdurehim Heyit enfonce le clou du marteau totalitaire chinois.
À l’indifférence a enfin succédé l’incompréhension au niveau de la conscience internationale.
Dans ce climat d’imminence d’une épuration ethnique, les turcophones de Chine pourraient compter sur un joker inattendu : le président des États-Unis Donald Trump. Pas un héros façon Lawrence d’Arabie arpentant l’Orient . Mais plutôt un anti-héros façon le Joker dans Bat-Man. À ne pas confondre avec la localité turque Batman , s’il eut été besoin de le préciser...
Urumqi , Kashgar , Tarim . Des noms qui font rêver le voyageur , sur la planète et dans le temps , songer aux pérégrinations de Marco Polo.
Dans une contrée où hélas les camps d’internement (de concentration ?) fleurissent comme des nénuphars sur l’étang des lamentations des minorités encerclées par Pékin . Un étang devenu un marécage où le gouvernement national communiste décide de la pluie et du beau temps . Y compris de la façon de prier Dieu.
Pour en extirper les autochtones encadrés de force par les membres de la communauté han diligentés par le pouvoir central , cela nécessite une opération de grande envergure .
Un homme pourrait tout faire basculer grâce à sa stature : Donald Trump . Mais dans quelle mesure face au tout puissant président chinois Xi Jinping ?
Faire un tour d’horizon psychologique des deux hommes politiques s’impose .
Puis envisager dans quelle mesure le Turkestan Oriental/Xinjiang pourra ou non tirer son épingle du jeu par une intervention américaine.
UN IMPULSIF ET UN SIBYLLIN.
Donald Trump, c’est l’Amérique. Xi Jinping, la Chine . Raccourci à la limite du poncif pour définir Trump représentant du self-made-man, du happy end, du tout-est-possible,d’une part. Xi Jinping représentant l’ambiance feutrée asiatique, le confucianisme d’autre part. Un impulsif, un sibyllin. Le yin et le yang sur orbite. Un contraste à l’image des systèmes politiques respectifs. L’un libéral, l’autre communiste. Comme au temps de la guerre froide, du clivage Ouest/Est. Chacun disposant d’une incontestable puissance militaire.
Sur le plan économique ils matérialisent deux énormes bassins de production et de consommation ou’ se concentrent bien des acteurs financiers hautement décisionnaires. Récemment, la guerre s’est effectuée sous forme d’intimidations à caractère économique plutôt qu’en un conflit militarisé. Sorte de guerre froide moderne, à coup de mesures protectionnistes et d’espionnage industriel. Lutte pouvant prendre un aspect médiatique, numérisé,territorial par le biais de l’influence culturelle. Ce tout dernier détail étant intéressant à développer. Avec l’exemple du Xinjiang ( ou Turkestan Oriental ) où les autorités chinoises imposent la sinisation accélérée. L’ère culturelle,c’est là ou’ un prochain débat entre les deux géants serait grandement utile. Pour l’intérêt de tous. L’occasion pour Trump de révéler un visage positif basé sur une dimension plus philanthrope.
UNE CONCERTATION SINO-AMÉRICAINE SUR L’ISLAM.
Trump l’américain entretient un rapport à l’Islam compliqué. Hériter d’un pays jadis aux commandes de l’administration Bush n’est pas aisé pour en bâtir une nouvelle vision. La nation américaine demeure réticente à une ouverture ? De par sa personnalité affirmée, Donald Trump a tout à fait les épaules pour oser un tournant.
Le Turkestan Oriental représente une excellente opportunité.
Cette région excentrée coincée entre la Chine, la Mongolie, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan représente un moyen de dialogue, voire de pression, de la part du président américain sur son homologue chinois. Le fait que la communauté ouigoure ait établi récemment des contacts avec les instances diplomatiques US fait avancer les choses dans ce sens. Intervenir pour le Turkestan renverrait une image bien différente de D.Trump . D’un homme plus réfléchi capable de s’intéresser à la cause d’une minorité opprimée. Une vraie stratégie mettant à mal l’image de Xi Jinping après s’être attaqué difficilement au régime nord-coréen. En dehors des considérations sur le plan humain, cette région chinoise dite "autonome" offrirait d’importants avantages à la patrie de George Washington. La présence de pétrole et d’or la rend attractive. Puis le Uyghurstan est idéalement situé en Asie Centrale.
Le destin tend aux États-Unis qui peuvent venir en aide à un pays d’obédience musulmane , faire taire les détracteurs. Ou se racheter. Selon les points de vue. Avec une nécessaire concertation entre Donald Trump et Xi Jinping pour mieux comprendre l’Islam et ses représentants. Une occasion pour les ouigours de sortir de l’impasse.
LES OUIGOURS, DES TURCS DE SUBSTITUTION ?
Beaucoup de méconnaissance , d’errements, de confusion entre islamique et intégriste chez les américains.Tout en ayant entretenu des rapports privilégiés avec l’Arabie Saoudite, distendus depuis l’affaire Kashogui.
Étonnamment, sur ce dernier point le haut responsable américain a livré une facette plus pondérée, inattendue de sa personnalité, en condamnant l’acte de manière plus mesurée qu’à l’accoutumée. Cet événement tragique survenu sur le sol turc pouvant servir de courroie de transmission avec un monde musulman plus que suspicieux à son égard. En effet, tenter de renégocier des rapports avec la Turquie membre de l’Otan, et au-delà l’Iran, serait une prouesse bénéfique. Dans le même temps, se rapprocher du Turkestan Oriental n’aurait rien de paradoxal puisque les américains connaissent bien l’idée de sécessionnisme par l’intermédiaire des kurdes. Il faudra prendre le temps de convaincre, et non de vaincre, un Xi Jinping et son establishment communiste sur leurs gardes. Tout en offrant des propositions précises au Far West chinois. Trump devrait profiter de l’espace laissé vacant par la Turquie face à la Chine ( malgré une récente reprise de position par Recep Tayyip Erdogan ) et son impressionnant arsenal politico-militaro-économico-démographique. Une opération de ce type avantagerait bien des partenaires. Une Chine soulagée par l’accalmie de sa zone Nord-Ouest. Une minorité turcique chinoise reprenant les droits à sa propre culture, accédant à une gestion beaucoup moins encadrée.
Un cordon sanitaire des confins de la Chine jusqu’à la Turquie, les États-Unis s’octroyant un opportun droit de regard sur la Route de la Soie sous les yeux de Xi Jinping et Vladimir Poutine ? Ultime détail non des moindres : en mettant les ouigours et leurs revenus pétroliers de leur côté, les États-Unis eux-mêmes producteurs de pétrole de schiste pourront même rêver de fonder une sorte de mini OPEP. Beaucoup d’hypothèses, de conditions. Mais en les assemblant, pourquoi pas ?
UN ÉPILOGUE PAS SI UTOPIQUE.
Plus encore que le théorique , tout cela semble relever de l’imaginaire.
Toutefois la politique nous a habitué à des soubresauts inattendus, nationalement et internationalement. Sans règles de délais.
Du délai au délire, Donald Trump représente cette instabilité de la politique du vingt-et unième siècle. Une politique fast-food avec dégagisme et remise en cause des fondamentaux démocratiques. Une géopolitique avec des centres de gravité variables. Une rhétorique pouvant passer du militaire au religieux.
L’apparition d’une Amérique nouvelle par l’action d’un Donald Trump un peu plus assagi se présente comme une solution envisageable au profit de la minorité ouigoure opprimée. Une Amérique fédératrice et non impérialiste. Trump en est le joker. Avec ou sans batmobile.
Avec ou sans escale à Batman.
GAME OVER.
Gianguglielmo /Jean-Guillaume LOZATO, professeur d’italien à L’ENSG et à International Paris School of Business,chargé de cours à l’Université Paris-Est. Auteur de recherches universitaires sur le football italien en tant que phénomène de société.