Cette rencontre, qui aura lieu en marge du sommet international sur la sécurité nucléaire, les 12 et 13 avril à Washington, a été décidée au cours d’entretiens qu’a eus mercredi à Erevan le numéro deux de la diplomatie turque, Feridun Sinirlioglu.

Au cours de ces entretiens, les deux parties "ont confirmé leur engagement vis-à-vis du processus (de normalisation)", estimant que "malgré les difficultés, cette opportunité ne devait pas être manquée", selon le ministère.

La présidence arménienne a annoncé de son côté que Feridun Sinirlioglu sous-secrétaire du ministère turc des Affaires étrangères, avait été reçu par le président Sarkissian et qu’il lui avait transmis une proposition de M. Erdogan de le rencontrer à Washington.

"Le Premier ministre turc a demandé par l’intermédiaire de son émissaire une rencontre bilatérale avec le président Sarkissian (qui se tiendrait) au cours de la visite à Washington", selon un communiqué de la présidence arménienne.

Un responsable arménien qui a requis l’anonymat a indiqué que l’Arménie étudiait cette proposition.

M. Sinirlioglu, qui a également rencontré le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbadian, est le plus haut responsable turc à se rendre en Arménie depuis que les deux pays ont signé en octobre 2009 des protocoles sur la normalisation des relations bilatérales.

Au cours de sa rencontre avec l’émissaire turc, le président Sarkissian a déclaré que l’Arménie espérait que la Turquie "prenne des mesures concrètes pour assurer des progrès décisifs dans le processus de normalisation des relations, sans conditions préalables", selon le texte.

M. Erdogan, en visite à Paris, a déclaré à la presse qu’il avait, par l’intermédiaire de son émissaire, adressé une lettre au président arménien qui souligne la détermination de son gouvernement à faire aboutir le processus de réconciliation.

"Nous serons toujours fidèles aux signatures que nous avons apposées. Il est hors de quesion pour nous de reculer, à moins d’une situation extraordinaire", a-t-il dit à la presse. "J’espère que le processus de réconciliation s’achèvera avec succès", a-t-il ajouté.

Auparavant, des sources diplomatiques turques avaient indiqué que l’émissaire turc devait évoquer avec ses interlocuteurs arméniens les différends sur le processus de ratification des protocoles signés, et "explorer les moyens de les surmonter".

La Turquie et l’Arménie, divisées sur la question des massacres d’Arméniens sous l’empire ottoman (1915-1917) [1], ont signé deux protocoles historiques prévoyant des relations diplomatiques et la réouverture de leur frontière commune, qui doivent être ratifiés par leurs Parlements, un processus qui traîne en longueur.

L’Arménie pourrait retirer sa signature des protocoles si Ankara utilise ce processus "à d’autres fins", a averti récemment le président Sarkissian dans une interview au journal français Le Figaro.

Le chef de l’Etat arménien reproche à la Turquie de lier la ratification des textes à une avancée dans le contentieux sur le Nagorny-Karabakh [2].

Les tensions autour de ce territoire azerbaïdjanais contrôlé de facto par les Arméniens, ont été ravivées en raison du processus de normalisation en cours, que l’Azerbaïdjan, allié d’Ankara, voit d’un très mauvais oeil.

Source AFP / 07 avril 2010