Cette saison 2010/11 risque d’être la plus mauvaise saison du club dans son histoire. Avec seulement 17 points en 13 journées, le club d’Istanbul connait une crise sans précédent. De très mauvais augure avant le derby face à Besiktas, également en difficulté en championnat. Si Rijkaard a été considéré comme le principal fautif, le mois ayant suivi son licenciement a permis de faire la lumière sur d’autres problèmes internes.
Hagi n’est pas un sorcier
Au début de cette saison, j’ai beaucoup critiqué Frank Rijkaard pour sa très mauvaise gestion de l’équipe. Je ne vais pas me défiler, et je regrette encore moins ce que j’ai dit. Rijkaard devait être remplacé beaucoup plus tôt. Cependant, si je m’attendais à une amélioration du jeu de l’équipe, force est de constaté que l’arrivée de Hagi n’a pas fait remonter Galatasaray au classement. Toujours situé dans le ventre mou du classement, l’équipe n’a pas réussi à remonter, et n’a marqué qu’un seul but en 5 matchs de championnat. Bien sûr Hagi n’a pas eu la chance de pouvoir aligner Baros et Arda, tous deux blessés, qui sont les atouts offensifs de l’équipe. Cependant, ces absences n’expliquent pas les errements de l’équipe contre Manisaspor. Certains joueurs n’ont plus leur place au sein de l’équipe. Et suite à cette défaite, Hagi n’a pas hésité à écarter Insua, pas assez impliqué selon lui, et Misimovic, qui ne respecterait pas les consignes tactiques.
Quel effectif en Janvier ?
C’est la grande interrogation. Nous savons aujourd’hui que Hagi ne souhaite pas conserver Insua. Les bruits de couloir affirment que Misimovic rentrerait en Allemagne, tandis qu’Elano souhaite quitter Istanbul pour relancer sa carrière. Des doutes subsistent au sujet de Baros, trop souvent blessé, et Servet, que le Panathinaikos aimerait engager. Quant aux seconds couteaux, comme Serdar Özkan, Gökhan Zan et Mustafa Sarp, qui a perdu sa place de titulaire depuis l’arrivée d’Hagi, leur avenir s’inscrit en pointillé. Par contre, il est fort probable de voir l’arrivée dans l’équipe première de jeunes de l’équipe PAF, alors qu’Emre Colak a désormais la confiance du coach.
Néanmoins, cela ne sont que des suppositions, et Hagi doit probablement se douter qu’il ne pourra pas faire tout ce qu’il souhaite. Car en Turquie, l’entraîneur s’occupe de la tactique et des entraînements, le reste revient au comité de direction du club. Il est a noté que malgré les chants des supporteurs appelant les dirigeants à démissionner, aucun membre du board n’a bougé. Nombre de ces critiques visaient en particulier un homme : Adnan Sezgin.
Sezgin continue son sketch !
Depuis l’arrivée d’Adnan Polat à la présidence du club, la gestion des transferts ont été gérés par deux hommes. Haldun Üstünel et Adnan Sezgin. Outre leurs autres fonctions, alors qu’Üstünel était chargé de faire venir des joueurs étrangers, Sezgin a eu pour tâche de s’occuper du marché local. Cependant, les deux hommes ont connus des destins bien différents. Si Üstünel a su faire venir au club des talents comme Rijkaard (un grand nom quoiqu’en dise), Kewell, Baros, Keita ou encore Neill, qui ont par ailleurs confirmé sur le terrain, Adnan Sezgin a multiplié les mauvais choix. Entre les fiascos comme Gökhan Zan, Serdar Özkan, Caglar Birinci, Yaser Yildiz ou encore Ali Turan, sans oublier les ventes à des prix ridicules de nombreux jeunes issus du centre de formation, Adnan Sezgin est devenu un objet de moquerie dans le football turc. Suite au départ de Rijkaard, les supporteurs s’attendaient à la démission de ce dernier. Or lors d’une déclaration, Sezgin avait avoué avoir remis à trois reprises depuis le début de la saison, mais que le président du club Adnan Polat avait refusé. Etrangement, la démission d’Haldun Üstünel, pour des raisons encore obscures (les mauvaises langues diront qu’il présageait déjà une saison catastrophique et qu’il a souhaité quitter le navire avant qu’il ne coule), n’a posé tant de problème à Adnan Polat. Selon une source, les histoires de Sezgin seraient en réalité de la pure fiction, ce dernier s’agrippant à tout prix à son poste. Il conviendra donc de continuer encore un bout de route avec cet incompétent, qui d’ailleurs tient à continuer sa politique de transferts douteux. Alors qu’Ufuk Ceylan réalise une première moitié de saison plus qu’honorable, Adnan Sezgin serait à l’origine d’une demande de transfert du gardien Lituanien Zydrunas Karcemarskas de Gaziantepspor, pour un montant de 3M€. Si le quotidien Milliyet prétend que l’offre est officielle, on peut se demander l’utilité d’un tel transfert. Bien entendu le problème aux postes d’attaquant, de milieu axial ou en défense ne semble pas préoccuper Sezgin…
Des coupables au plus haut niveau
On aura beau critiquer Adnan Sezgin, il n’empêche qu’il est difficilement compréhensible pourquoi Adnan Polat continue à lui faire confiance. Le problème est que Sezgin est sous la responsabilité du président, qui l’a nommé à son poste. Le renvoyer signifierait donc un échec de sa part. Rien de surprenant, même si cette logique est déplorable. Mais le problème reste plus profond, car structurel. Aujourd’hui, le club est géré n’importe comment. J’ai souvent comparé Galatasaray a une association pour son mode de gestion. Tout le monde s’y mêle de tout, et le profit ne semble pas être la principale préoccupation. Pour qu’une entreprise tourne à merveille, il faut des bénéfices, qui eux seront engendrés grâce à des éléments performants (footballeurs), en vendant ses produits (merchandising), en gagnant des parts de marché (résultats sportifs) et valorisant son image de marque. Mais pour que cela fonctionne, il faut un organigramme précis de l’entreprise, où chacun à son rôle et s’y limite. Vous ne verrez jamais le directeur logistique aller voir le directeur marketing pour l’empêcher de faire tel ou telle action. Ça n’a aucun sens. Malheureusement, le club de Galatasaray ne fonctionne pas comme une entreprise, et la situation en championnat n’est que le reflet du chaos qui règne dans son organisation interne. En effet, comment une équipe peut être performante quand un homme n’ayant aucune compétence tactique décide tout seul des transferts ou parce que le président n’écoute pas les volontés de l’entraîneur pour en faire à sa tête. Vous me direz qu’à Madrid, Florentino Perez fait ce qu’il semble vouloir en faisant venir les stars qu’il apprécie, néanmoins, l’entraîneur a quand même les joueurs qu’il souhaite.
Cependant là, où je suis le plus critique, c’est qu’il n’y a pas de projet au sein de la direction. Cela a été mis en lumière par Hakan Sükür. Après l’éviction de Rijkaard, ce dernier avait été approché par Adnan Polat pour un poste de Directeur Sportif de l’équipe de football. Après avoir accepté, l’ancienne gloire du club a refusé deux jours plus tard. Il a expliqué son choix par l’incohérence du discours des membres du comité de direction. En seulement deux jours leurs idées avaient tellement changé, que Hakan Sükür ne savait plus quel serait finalement le projet pour redresser la barre. Ayant perdu confiance en ces gens, il déclina l’offre, persuadé que leur intérêt en lui était juste dû à son nom, pour faire taire les supporteurs, et non pas pour qu’il apporte concrètement quelque chose à l’équipe. S’il n’y a pas de projets sportifs, je reste toutefois persuadé que les dirigeants ont un projet en tête. Du moins, il s’agit d’un projet personnal, car il consisterait à juste rester en place jusqu’à l’inauguration du stade Türk Telekom Arena, pour ensuite crier sur tous les toits qu’il a fait partie de l’administration qui mené à bien la construction du stade. Vous pouvez penser que j’y vais peut-être fort, mais avouer que si les dirigeants acceptaient leur échec, certains d’entre eux aurait déjà démissionné. Ils auraient ainsi très bien pu quitter leurs fonctions pour le bien du club, qu’ils sont sensés aimer, au détriment de leurs intérêts personnels. Or ce n’est pas le cas, c’est même le contraire. Dans cette logique, malheureusement, je pense qu’il ne reste plus qu’à attendre les prochaines élections pour la présidence du club pour voir un grand nettoyage nécessaire pour redorer le blason du club !
Auteur : Allan KILIC
Source : TurcoFoot.com