Le rendez-vous est devenu incontournable, à Migennes. L’association culturelle turque, présidée par Suat Ulas, ouvre régulièrement les portes de ses locaux, situés 40, rue Jules-Guesde.

Depuis 2001, ils accueillent une mosquée. « Souvent, nous rencontrons des gens qui jettent un coup d’oeil mais n’osent pas rentrer », remarque Suat Ulas.

« Au contraire, nous les invitons à franchir le pas. D’où l’idée d’organiser ces portes ouvertes. Elles nous permettent d’échanger avec les habitants, en toute simplicité. »

Encore une fois, ils sont venus nombreux, ce week-end, profitant du vide-greniers voisin, porté par l’association du Vieux-Migennes.

Suat Ulas et les adhérents de l’association - au nombre de 125 actuellement - ont proposé une visite guidée de la mosquée turque. Les faïences typiques qui la décorent ont été commandées en Turquie. La prière du vendredi y rassemble les hommes, « mais les femmes qui le souhaitent peuvent participer. Souvent, elles n’osent pas et préfèrent rester entre elles, dans la salle de réunion située au rez-de-chaussée. »

Les visiteurs avaient été prévenus. « Ils peuvent poser toutes les questions qu’ils veulent. Sur notre religion, musulmane, sur notre culture. Nous souhaitons les faire connaître, pour rapprocher les communautés. » Une personne a souhaité savoir « à partir de quel âge les enfants prient à la mosquée. » Réponse de Suat Ulas : « Neuf ans pour les filles, onze pour les garçons. » Une autre a demandé si les prières du vendredi « rassemblent beaucoup de personnes. » Le président a indiqué : « Après l’inauguration de la mosquée, il y a neuf ans, il n’y avait pas assez de place pour accueillir tout le monde. Les choses changent, nous sommes moins nombreux. C’est pareil concernant d’autres religions, non ? »

Cette mosquée a mis des années à voir le jour. Elle a été construite à partir des fonds de l’association et de la communauté turque de Migennes, qui compte 150 familles. « Des adhérents se sont beaucoup impliqués, ils ont participé aux travaux », remarque Suat Ulas. Parmi eux, son papa, « décédé au moment où la mosquée ouvrait. » Dans la cour, une fontaine, « comme celles que l’on voit un peu partout en Turquie », a été édifiée pour lui rendre hommage. Elle porte son nom. Puis, la création d’un centre culturel, juste à côté du 40, rue Jules-Guesde, est en projet (lire ci-dessous).

Les portes ouvertes de ce week-end étaient aussi l’occasion de découvrir les spécialités turques. Des femmes ont confectionné les pains traditionnels, sur place, « et de bon coeur. Elles y tiennent. » Les visiteurs pouvaient aussi acheter des produits turcs, que des membres de l’association vont chercher jusqu’en Belgique. Des enfants avaient revêtu des costumes de fête, on passait de la musique, le thé était volontiers offert ? Une ambiance chaleureuse dont le président était fier.

Mais bientôt, Suat Ulas devrait passer la main, tout en restant disponible pour l’association fondée au début des années 1980, « par nos parents. C’était l’association des travailleurs turcs. ». « Nous sommes une bonne équipe, les projets entamés se poursuivront. » Suat Ulas aimerait que les adhérents soient encore plus nombreux : « Toute la communauté turque devrait être concernée. » Avec, toujours, ce désir de s’ouvrir aux autres.

Sophie Thomas