Dans sa politique d’extension vers l’Ouest et le Sud la Russie voit la conquête de la Transcaucasie comme un intérêt vital.
Au début du XIXe siècle, les Russes remportent d’importantes victoires militaires sur les Ottomans et les Perses qui leur permettent finalement d’annexer le Caucase du Sud. Ainsi, le Traité de Golestan en puis celui de Turkmanchai en consacrent la présence russe.
Pour pérenniser celle-ci, la Russie s’affaire à remodeler la région en s’appuyant sur la population arménienne en laquelle elle voit, pour des raisons de proximité religieuse (les deux parties sont orthodoxes) un fidèle allié.
Les transferts et les déplacements de populations se multiplient alors dans la région modifiant les rapports démocratiques. Ainsi, dans la région du Karabakh par exemple :
: 15 927 (79 %) familles azerbaïdjanaises dans le Karabakh et 4233 (21%) familles arméniennes.
: Traité de Turkmanchai signé avec l’Empire perse, début des transferts de population arménienne, venant principalement d’Iran, et création, par décret spécial par le Tsar Nicolas, d’une province arménienne.
: La population arménienne passe de 21% à 31% au Karabakh.
De la même manière, de 27% en , la population arménienne passe à 45% en dans la région caucasienne du Shusha.
Ainsi, dans la seconde moitié du XIXe siècle, plus d’un million d’Arméniens sont installés en Transcaucasie (espace géographique du sud du Caucase composé par la Géorgie, de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan) dans le cadre de la politique russe de remodelage de la région qui se fait de manière de plus en plus coercitive.
Au début du XXe siècle, les rapports démographiques sont modifiés dans plusieurs régions de la Transcaucasie dont notamment le Karabakh :
- : Affrontements entre Arméniens et Azerbaïdjanais, provoqués par le pouvoir tsariste. Les Arméniens, vainqueurs, chassent des habitants [1]].
- : Massacres d’Azerbaïdjanais à Bakou, avec un point culminant de à ) et au Haut-Karabakh, contre les Azerbaïdjanais, mais aussi contre les Juifs (le nationalisme arménien, notamment Dachnak, est violemment antisémite, ce qui est le cas encore de nos jours).
- : Les vues territoriales des nationalistes de la diaspora arménienne se déplacent vers le Haut-Karabakh, jugé plus facile à conquérir que la Turquie du Nord-est.
: Expulsions d’Azerbaïdjanais du Haut-Karabakh : ils ne forment plus qu’environ 25 % de la population vers .
Le guerre d’agression contre les Azerbaïdjanais du Karabakh
Dans le milieu des années , la politique menée par Mikhaïl Gorbatchev favorise les mouvements irrédentistes arméniens dans le Karabakh – portés, entre autres, par des nationalistes tels qu’Igor Mouradian qui lient des liens étroits avec le parti Dachnak en Arménie.
Ces mouvements se donnent pour objectif de créer un Etat à l’intérieur du territoire azerbaïdjanais. S’en suit un conflit entre les forces arméniennes et celles azerbaïdjanaises.
Ce conflit se déroule en deux phases :
1 . De à fin , le conflit se déroule dans le cadre strict et juridique de l’Union soviétique, cette dernière continue à jouer sa vieille politique du « diviser pour mieux régner » qui lui a permis d’assurer sa présence dans la région.
2 . , à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique, le conflit se déroule dans un cadre international et soumis aux intérêts des acteurs internationaux.
Ainsi, au début des années , le conflit arméno-azerbaïdjanais échappe aux Russes. Afin de préserver leur sphère d’influence – la présence au Caucase étant toujours considérée par les Russes comme un intérêt vital – ces derniers engagent leurs forces auprès des Arméniens, considérés comme des alliés, contre les Azerbaïdjanais, qui de leur côté choisiront le camp occidental.
Les évènements de Khodjali
Fin , les forces arméniennes du Karabakh, accompagnées du 366e régiment de l’armée russe dont les soldats sont composés majoritairement d’Arméniens encadrés par des gradés russes, s’emparent de la ville de Khodjali – ville stratégique en raison de la présence du seul aéroport de la région.
En une nuit, celle du 25 au , 613 civils azerbaïdjanais sont tués dont 63 enfants et 106 femmes. A ces morts il faut ajouter un millier de blessés et 1275 personnes prises en otage. À ce jour, 21 ans après les faits, 150 habitants de Khodjali sont toujours portés disparus.
Les atrocités constatées après ces événements montrent l’ampleur de la brutalité dont ont fait preuve les troupes arméniennes. Des personnes ont été scalpées et décapitées, on a ouvert le ventre des femmes enceintes à coups de baïonnette et des corps ont été mutilés, même les enfants n’ont pas été épargnés.
Ces évènements s’inscrivent dans la politique de nettoyage ethnique de grande envergure qui a été préméditée et menée par les Arméniens sur les territoires azerbaïdjanais.
Après le cessez-le-feu, 20% du territoire azerbaïdjanais est occupé, ce qui est le cas encore aujourd’hui. Cette occupation arménienne engendre des conséquences graves sur les plans humain et socio-économique :
Près d’un million de réfugiés qui vivent dans des conditions de survie.
6 grandes villes, 12 moyennes, 830 zones d’installation sont occupées et vidées de leurs habitants.
Des centaines d’hôpitaux et centres de soins sont rasées ou incendiés.
Des dizaines de milliers de maisons, d’appartements sont pillées ou détruits.
Des centaines de bibliothèques sont détruites, des manuscrits de valeur sont brûlés.
Plusieurs théâtres publics, des dizaines de conservatoire sont également détruits.
Plusieurs dizaines de milliers d’usines et d’exploitations agricoles sont pillées.
La situation présente
Un cessez-le-feu entre en vigueur en sans que la tragédie vécue par les Azerbaïdjanais ne trouve solution :
Près de 20% de son territoire est actuellement occupé par l’Arménie.
Plus d’un million d’Azerbaïdjanais ont été chassés de leur terre, et vivent dans des conditions de grande précarité.
Les criminels de guerre arméniens et russes n’ont pas été jugés et sont toujours en liberté.
À l’inverse des évènements de surestimés, les activistes essayent de minimiser, auprès des opinions publiques occidentales et notamment françaises, la tragédie azerbaïdjanaise. L’Arménie ayant toujours cherché à dissimuler les horreurs qu’elle avait commises.
Dans ses recherches de justice et de règlement pacifique du conflit, l’Azerbaïdjan soutenu, insuffisamment malheureusement, par les Occidentaux se retrouve confrontée au trio formé par l’Arménie, la Russie et l’Iran qui déploient des politiques de blocage, militaire et au sein des institutions internationales. Les ultranationalistes arméniens de la diaspora font preuve quant à eux et à leur habitude d’un extrémisme qui va jusqu’à nier l’évidence de la tragédie et de l’injustice subies par les Azerbaïdjanais.
[1] Sur les violences commises par les Arméniens : armenologie.blogspot.com