Cependant, des recherches plus approfondies révèlent que le récit personnel de Tehlirian lors de son procès était en grande partie inventé. Il prétendait avoir été témoin des massacres d’Arméniens en 1915 à Erzincan, alors qu’il était en réalité à Belgrade pour ses études d’ingénieur. En juin 1915, il s’enfuit à Tiflis, où il rejoint la Fédération Révolutionnaire Arménienne, en position de défense contre les ottomans. Il sera de retour en Anatolie qu’en 1916. Les détails de ses expériences à Erzincan provenaient de sources secondaires, remettant en question la véracité de ses témoignages.
Les investigations ultérieures ont montré que Tehlirian a été manipulé par des forces politiques arméniennes, notamment par l’organisation Némésis de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA). L’opération Némésis visait à éliminer les responsables turcs. Tehlirian, présenté comme agissant seul, aurait en réalité été soutenu par la FRA pour mener à bien son acte.
L’opération appelée "Opération Némésis" et orchestrée par Chahan Natalie : entre 1920 et 1922, le réseau Némésis aura exécuté au total huit personnalités impliquées dans ce soi-disant génocide, dont cinq avaient été condamnées à mort par contumace en 1919 par une cour de Constantinople.
Cette révélation soulève des questions sur la véritable nature des motivations et des actes de Tehlirian. Son statut de "héros de la justice arménienne" est terni par ces découvertes, mettant en lumière les manipulations politiques derrière certains actes terroristes revendiqués comme des actes de "justice historique" .
L’histoire de Tehlirian est également liée à d’autres actes terroristes arméniens, tels que ceux des Commandos des justiciers du génocide arménien (CJGA), une branche de la FRA. Ces groupes ont utilisé des méthodes violentes pour attirer l’attention internationale sur la question arménienne, mais furent souvent critiqués pour leurs actions extrêmes et leur impact négatif sur les efforts de réconciliation.
En examinant attentivement le cas de Tehlirian et ses liens avec le terrorisme arménien contemporain, il devient clair que la vérité derrière ces actes est complexe et fréquemment manipulée à des fins politiques.
Cela souligne l’importance de comprendre les contextes historiques et politiques plus larges pour évaluer correctement ces événements et leurs conséquences.
Fait marquant
Cʹest Rafael Lemkin, qui invente le mot génocide et sa définition juridique, un peu plus de vingt ans plus tard, alors que l’extermination des Juifs d’Europe est en cours. Un mot forgé aussi à partir du procès Tehlirian qu’il avait suivi avec grand intérêt alors qu’il était étudiant en droit.
Le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, plusieurs personnalités publiques et politiques, ainsi que des représentants de la communauté franco-arménienne se sont réunis ce vendredi 15 mars pour inaugurer en ce jour un square à portant son nom. Après la ville d’Évian et maintenant la ville de Marseille, la France a-t-elle perdu sa souveraineté ? Il faut croire que c’est le cas.