Une étude de l’INED démontre que les Français d’origine étrangère, ainsi que les immigrés non européens, dont les Turcs de France, subissent d’importantes discriminations à l’embauche du fait de leurs origines.

Les Françaises d’origine turque sont plus touchées par le chômage que les Françaises ayant d’autres origines étrangères, a révélé une récente étude publiée en octobre par l’Institut national d’études démographiques (INED). Selon cette enquête intituléeTrajectoires et origines : Enquête sur la diversité des populations en France, le chômage parmi les descendantes turques s’élève à presque 35%. Cette enquête, pratiquée sur un échantillon de 20.000 personnes, cherchait à étudier les rapports entre éducation, accès à l’emploi et discriminations au sein des populations française, immigrée et d’origine étrangère. L’étude donne notamment des indications sur les discriminations subies par la communauté turque. Le parti pris des chercheurs a été de mener l’étude en interrogeant les témoins sur leurs origines ethniques ou religieuses, une pratique peu répandue en France où le modèle républicain refuse une telle distinction. L’enquête avait ainsi suscité une polémique, l’association SOS racisme accusant les 15 chercheurs en charge de l’enquête de procéder à des statistiques ethniques.

Les nouveaux immigrés turcs moins touchés par le chômage

Premier fait marquant, les descendants turcs, hommes et femmes confondus, sont plus touchés par le chômage que les Turcs récemment immigrés. Si pour les descendants, toutes origines confondues, le taux de chômage est supérieur à celui des nouveaux immigrés, les femmes turques sont les seules à avoir un taux de chômage aussi élevé (35%). En général, les immigrés et descendants turcs, à l’instar d’autres immigrés non européens, présentent un risque de chômage plus important que la population majoritaire. Le risque de chômage pour les immigrés et descendants turcs est ainsi 60% supérieur à celui de la population majoritaire. Ce risque de chômage s’explique, selon les chercheurs, par des critères sociodémographiques mais aussi par une importante discrimination à l’embauche. Les chercheurs n’ont pas encore exploité toutes leurs données sur le sujet mais la tendance confirme que la discrimination à l’embauche est le plus souvent liée à des critères ethniques.

Les Français ont plus conscience du racisme que les immigrés

Mais les discriminations ne sont pas seulement liées au monde du travail. Les chercheurs ont donc aussi travaillé sur l’expérience ainsi que sur la perception des discriminations et du racisme de manière générale. Le résultat de leur enquête est plutôt surprenant. A la question : « Pensez-vous qu’en France certaines personnes subissent des traitements inégalitaires ou des discriminations à cause de leur origine ou de leur couleur de peau ? », 43% des immigrés et 55% de la population majoritaire ont répondu « souvent ». Ce résultat, assez paradoxal, montre que les personnes censées subir les discriminations ont moins conscience de leur existence que les Français, à l’exception des jeunes descendants qui semblent avoir la même perception du racisme que la population majoritaire. Les discriminations à l’encontre des femmes sont en revanche beaucoup moins perçues par les immigrés, hommes et femmes confondus, puisque moins de 30% reconnaissent les inégalités entre les sexes.

Source Zaman France