Le ministre fédéral des Affaires étrangères Guido Westerwelle entend approfondir encore les relations de l’Allemagne avec la Turquie. Lors de sa première visite officielle à Ankara après sa prise de fonctions, M. Westerwelle a annoncé la tenue d’un dialogue stratégique entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays. Concernant le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, le chef de la diplomatie allemande a affirmé : "Ce dont l’Union européenne et la Turquie sont convenues vaut toujours."
À Ankara, M. Westerwelle a rencontré son homologue turc Ahmet Davutoglu. Dans un discours prononcé devant la Conférence des ambassadeurs turque, il a salué les relations étroites qu’entretiennent à de nombreux niveaux l’Allemagne et la Turquie, se félicitant que les deux pays aient opéré "au plan politique, économique et culturel », au cours des dernières années, « un rapprochement sans doute sans précédent dans leur histoire".
Guido Westerwelle est le premier ministre allemand des Affaires étrangères à prendre la parole à la Conférence des ambassadeurs du ministère turc des Affaires étrangères à l’invitation du gouvernement turc.
La Turquie est la première étape de son déplacement de six jours à l’étranger qui conduira M. Westerwelle également dans la péninsule arabique. Il est accompagné d’une délégation de représentants du monde économique.
Dialogue stratégique avec la Turquie
À l’issue d’un entretien avec M. Davutoglu, M. Westerwelle a salué le "rôle constructif de médiateur" de la Turquie, la qualifiant de "pays clé" pour la gestion de nombreux conflits internationaux. Selon lui, la Turquie n’est pas seulement un "pôle de stabilité" pour les régions voisines, mais aussi un "exportateur de stabilité", par exemple s’agissant du rapprochement entre l’Afghanistan et le Pakistan, le processus entre l’Iraq et les pays voisins ou les pourparlers indirects entre la Syrie et Israël sous médiation turque.
Le ministre fédéral des Affaires étrangères a salué le processus de rapprochement entre la Turquie et l’Arménie et lancé un appel aux deux parties pour qu’elles poursuivent ce rapprochement.
M. Westerwelle a souligné l’importance pour les deux pays de relations étroites entre Berlin et Ankara. Les relations germano-turques forment un "lien stratégique", a-t-il déclaré. Et il a ajouté que "d’excellentes relations avec la Turquie" n’étaient pas seulement importantes sur la scène internationale et en Europe, mais qu’elles étaient également dans l’intérêt bien compris de l’Allemagne. C’est pourquoi M. Westerwelle prône un développement de la coopération et souhaite en particulier "hausser à un nouveau niveau" les relations entre les deux ministères des Affaires étrangères.
Le chef de la diplomatie allemande a annoncé un "dialogue stratégique" des deux ministères des Affaires étrangères qui veulent à l’avenir travailler encore plus étroitement ensemble.
L’Allemagne et la Turquie entretiennent des relations étroites à de nombreux niveaux. Quelque 2,7 millions de personnes en Allemagne ont des racines turques, dont plus de 700.000 ressortissants allemands, soit la plus grande communauté turque en dehors de la Turquie. Quatre millions d’Allemands passent chaque année leurs congés en Turquie. L’Allemagne est le premier partenaire économique de la Turquie. Plus de 3.900 entreprises allemandes se sont établies en Turquie ; elles sont plus nombreuses que celles d’aucun autre pays.
Rapprochement de la Turquie avec l’UE
Concernant le processus d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, le ministre fédéral des Affaires étrangères a souligné que la Turquie était en droit d’attendre des négociations équitables et un partenaire de négociation fiable. Le rapprochement avec l’Europe est selon lui le moteur et l’objectif du processus de transformation impressionnant que la Turquie traverse depuis le début de la dernière décennie.
Certes, il n’y a "pas d’automatisme" dans les négociations entre la Turquie et l’UE. Ces négociations sont "évolutives". Néanmoins, a-t-il précisé, l’Allemagne "a un intérêt particulier à voir les relations mutuelles avec la Turquie s’approfondir et le pays rejoindre l’Union européenne". M. Westerwelle s’est félicité que lors du Conseil européen de décembre 2009, le chapitre "environnement" ait pu s’ouvrir dans le cadre du processus d’adhésion. Il a déclaré s’être investi personnellement dans ce sens lors des consultations des ministres des Affaires étrangères de l’UE.
M. Westerwelle a rendu hommage aux efforts de réforme turcs et il a dit avoir bon espoir que la Turquie "poursuivra résolument" ces efforts. Il est dans l’intérêt de l’Allemagne et de l’Europe, a-t-il poursuivi, que la Turquie s’oriente vers l’Europe et vers l’Ouest.
Le "processus de réforme de la Turquie sur sa voie européenne" n’est pas encore terminé selon lui. Il faut sans cesse surmonter des résistances, dissiper des craintes et convaincre des majorités politiques. Il est cependant clair pour toutes les parties que la liberté d’expression et la liberté de la presse et de religion sont "des piliers porteurs de notre communauté européenne de valeurs".
Université germano-turque
Dans son discours devant la Conférence des ambassadeurs turque, M. Westerwelle a souligné qu’une multitude de relations d’échanges et de projets communs avaient contribué à la redécouverte culturelle de la Turquie en Allemagne. L’Université germano-turque que l’Allemagne et la Turquie veulent créer ensemble à Istanbul est un projet qui lui tient particulièrement à cœur.
M. Westerwelle a souligné à ce propos : "Il est important pour nous que cette université puisse commencer ses cours dès que possible." Le ministre turc des Affaires étrangères s’est déclaré lui aussi favorable "sans aucune réserve" à ce projet et il s’est dit optimiste face aux progrès notables accomplis dans la réalisation du projet.
À Ankara, M. Westerwelle a déposé une couronne au pied du Mausolée du fondateur de la République turque, Kemal Atatürk. Dans le Livre d’or du mémorial, il a écrit : "En souvenir de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne. Avec le plus grand respect pour son œuvre et sa vision". Outre son entretien avec son homologue turc, le ministre fédéral des Affaires étrangères s’est également entretenu avec le premier ministre M. Erdogan et avec le ministre de l’Économie M. Babacan ; il a également rencontré des députés kurdes.
Après Ankara, M. Westerwelle se rendra à Istanbul où il rencontrera le Patriarche œcuménique et visitera le centre de rencontres germano-turc de Tarabya.
(Source CIDAL - Centre d’information et de documentation sur l’Allemagne)