René Giraud (29 août 1906-mai 1968) est un philologue et un éminant professeur. Il est le fondateur et le titulaire de la chaire du département de turcologie de Strasbourg.
Né en Algérie en 1906, il reçoit une formation d’humaniste à la Khagne Louis-le-Grand et à l’université d’Alger. Reconnu comme un très fin latiniste et un littéraire subtil, il étudie de façon approfondie la philologie jusqu’en 1944, tout en enseignant dans des établissements secondaires. S’ajoute à tout cela son engagement dans la résistance au sein du mouvement " Combat ". Toutes ces qualités font de lui le candidat idéal pour une mission culturelle à l’étranger soutenue par le Gouvernement Provisoire de la République Française. Il choisit donc de partir pour la capitale Turque, en 1944, attiré par une curiosité sympathique pour la Turquie d’Atatürk.
Durant son séjour M. Giraud s’intéresse à l’étude linguistique du turc contemporain écrit et parlé. Il profite aussi de cette opportunité pour s’instruire sur la littérature turque naissante et sur ses auteurs, qu’il connaissait personnellement pour la plupart. Plus tard, dans la continuité des sujets qui l’intéressait au départ de son séjour, il étudie l’histoire de la langue turque. De part son entourage, il s’intéresse davantage à l’histoire et l’origine de la langue turque contemporaine, qui prend ses bases dans le turc pré-ottoman, qu’à l’ottoman.
En dix-huit ans de séjour en Turquie, en plus de ses études sur l’histoire de la langue turque il s’intéresse aux inscriptions de Tonyoukouk. Ils tirent de ses études sur les stèles deux ouvrages qui marqueront l’étude du monde turque. Le premier : L’empire des Turcs Célestes. Les règnes d’Ellerich, Quapghan et Bilgä. Le second : L’inscription de Baïn Tsoko. Edition critique. Ces deux livres apportent un renouveau à de nombreuses questions historiques et philologiques relatives aux anciens Turcs.
En 1962 de retour en France, il fut appelé à fonder, à l’université de Strasbourg, un enseignement de turcologie. Il devient titulaire de la chaire en question deux ans plus tard. De constitution fragile il meurt en mai 1968, en laissant derrière lui des travaux inachevés sur la langue turque et un dictionnaire turc-français incomplet.
Nous commémorons cette année le cinquantième anniversaire de la mort du père fondateur de la turcologie à Strasbourg. Homme de lettre, il a su laisser une trace indélébile dans cette discipline. Qu’il repose en paix.
Source : Revue Turcica Tome I, 1969 ; Art. Chroniques René Giraud et la turcologie, Louis Bazin.