Le maire de Salonique, Yannis Boutaris, a pour la première fois évoqué publiquement un projet de mosquée et de cimetière musulmans dans sa ville, la deuxième de Grèce, à l’issue d’une rencontre jeudi avec le ministre turc des Affaires Etrangères, Ahmet Davutoglu.
"Les procédures ont été lancées pour que les musulmans puissent exercer leurs devoirs religieux et pour la création de cimetières", a affirmé M. Boutaris, à l’issue de cet entretien.
Le ministre turc, qui conclut par un séjour privé dans le nord de la Grèce une visite entamée mardi à Athènes a remercié le maire pour "sa sensibilité en vue de la création d’une mosquée et d’un cimetière".
Salonique, comme Athènes, ne dispose pas de lieux de cultes musulmans officiels, en dépit de l’afflux dans le pays ces dernières années de dizaines de milliers d’immigrés professant cette religion. Seule la minorité de souche turque de Thrace, à la frontière avec la Turquie, dispose de mosquées.
Personnalité iconoclaste, qui a fait basculer en octobre dernier à gauche une ville réputée pour son conservatisme nationaliste, M. Boutaris, 68 ans, a déjà fait part de sa volonté d’ériger un monument dédié au mouvement de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la Turquie moderne et originaire de Salonique quand cette ville appartenait à l’empire ottoman.
Le Premier ministre grec, George Papandreou, dont M. Boutaris est proche, a pour sa part promis en décembre de relancer le projet, ajourné depuis 25 ans, d’une mosquée à Athènes, sans toutefois que cet engagement n’ait jusque là été suivi d’effets.
Traditionnellement pro-arabes, les Grecs entretiennent par contre un souvenir douloureux des 400 ans de direction ottomane, tandis que leur influente Eglise orthodoxe, non-séparée de l’Etat, bataille pour maintenir son hégémonie face aux autres cultes.
Source : AFP