En ce 23 Juillet, à un peu plus d’une semaine de l’entame de cette courte campagne électorale, le principal opposant à Erdoğan était présent à Ortaköy pour y tenir une nouvelle conférence de presse. L’occasion pour lui de rappeler ses principales priorités en cas de victoire.
« Je suis le candidat du changement et du ralliement »
C’est ainsi qu’Ekmeleddin İhsanoğlu débute ses dires, il rappelle alors qu’il ne fait pas seulement l’objet d’un consensus au sein du MHP et du CHP mais que ce dernier est bien plus large, il serait donc selon ses propos soutenu par plus de dix partis politiques. L’ère est au rassemblement, c’est un point sur lequel il insiste fortement, « c’est indéniable, la Turquie demande aujourd’hui de l’ordre et de la solidarité, personne ici ne voudrait qu’il advienne à ce pays un sort similaire à celui de l’Irak porté par des perspectives séparatistes ». Tout président doit d’ailleurs selon Ishanoğlu savoir se comporter comme le père d’un pays et non d’un groupe d’élécteurs fermé.
« Je suis contre l’accumulation du pouvoir en une seule main »
Le parlement turc aurait donc une importance sans nom si le candidat venait à être élu. Ensuite, Ekmeleddin İhsanoğlu place son discours sous l’empreinte de la justice et de la Loi. « Je crois en la démocratie et à l’impartialité juridique » Il faut selon lui savoir mettre un terme à toute interférence gouvernementale dans la pratique judiciaire en accompagnant cette dernière d’une transparence totale. Le secrétaire général de l’organisation de la conférence islamique rajoute après quelques minutes que politique et religion ne vont par de pair, si l’un est immobile et ancré depuis des siècles, l’exercice du pouvoir exige une adaptation au gré de changements et de mutations aussi rapides que le vent.
« En relations internationales, nous nous devons d’être exemplaires »
Sans négliger les priorités nationales, Ekmeleddin İhsanoğlu a tenu à communiquer une vision progressiste de son pays, en politique extérieure, il convient alors d’adopter un regard plus global que celui qui nous porterait à regarder seulement nos propres intérêts. Trois adjectifs viennent imager ses paroles « prudence, respect et intelligence » Le candidat ajoute qu’il se devra de poursuivre de bonnes relations diplomatiques envers les plus prestigieux de ses partenaires, notamment la Russie et les Etats-Unis. Stabilité et sécurité sont deux de ses mots d’ordre permettant d’après lui de faire grandir la Turquie.
Une fin de discours marquée par l’idée d’un Keynesianisme de l’Offre
Qu’entendre par ce terme ? Une intervention étatique, oui c’est certain, mais de quelle forme ? Ekmeleddin İhsanoğlu vient rappeler des théories macroéconomiques bien connues, celles de la croissance endogène marquées par les travaux de Lucas, Romer et Barro. L’éducation est primordiale, nul besoin de dire que l’avenir de l’Etat repose dans les mains de ses bambins, il faut pouvoir les mettre en de bonnes dispositions pour qu’ils s’ancrent dans cette mondialisation où créativité rime avec innovation. Des dépenses en recherche et développement sont indispensables pour accompagner un progrès technique qui s’avère maintenant obligatoire. Comme lors de sa première conférence de presse, le candidat vient émettre deux souhaits « que des Prix Nobels scientifiques apparaissent sur nos terres et que le futur des femmes de ce pays soit plus resplendissant qu’il ne l’est ».
Maxime TETTONI
Source : Aujourd’hui la Turquie