Les Milli n’avaient pas le droit à l’erreur face à l’Autriche pour rester en course pour décrocher la seconde place du groupe, qualificative pour les matchs de barrages. Ainsi, la victoire 2-0, relativement facile, a eu beau galvaniser la presse et convaincre sur plusieurs points, le niveau de jeu devra encore être relevé pour espérer se qualifier à l’EURO.
Une équipe-type discutable
Guus Hiddink, déjà très contesté, devait absolument rassuré les médias et les supporteurs pour ce match déjà crucial. Une défaite aurait très probablement éliminé prématurément la Turquie de la qualification au prochain Euro et aurait pu mettre le technicien néerlandais sur la sellette. Ainsi après avoir convoqué un bon nombre de nouveaux talents, Hiddink a décidé de reposer sur des valeurs sûres et d’autres petits nouveaux ayant convaincus contre la Corée du Sud. Si la titularisation de Burak Yilmaz, Nuri Sahin (suite à la suspension d’Emre Belözoglu), de Mehmet Ekici et Serdar Kesimal sont méritées et appréciées globalement par les fans, la présence d’Hakan Balta et le positionnement de Burak seul en pointe restaient des choix critiquables.
Un début en trombe
Malgré l’inquiétude dans le camp turc avant le coup de sifflet d’envoi, l’équipe de Turquie a pris rapidement les rênes du match. Lancé en profondeur par Selçuk, Burak s’est facilement défait de son marquage, avant de dribbler Macho, mais son tir en déséquilibre allait trouver le poteau (4e). Deux minutes plus tard, sur le renvoi d’un corner, Macho dû sortir le grand jeu pour repousser difficilement un tir surpuissant de Hamit Altintop. Le tempo allait ensuite retombé, mais la possession de balle restait turque. Les Autrichiens tentaient quelques frappes dévissées qui n’allaient pas inquiéter Volkan Demirel. Seul un débordement de Harnik apportait du danger dans le centre de réparation, mais Alaba qui héritait du ballon en retrait ne réussissait pas à trouver le cadre (11e). Arda allait répondre par une tête à bout portant, sur un corner bien tiré par Mehmet Ekici, mais le ballon n’était pas cadré (21e). Puis, finalement, sur une touche anodine, Hakan Balta trouvait en profondeur Arda Turan. La star de Galatasaray se débarrassait rapidement de deux joueurs avant de tromper le gardien Autrichien (28e). Puis, contre toute attente, les Turcs commencèrent à lever le pied sans tenter de tuer le match.
Un manque d’automatisme
Contrairement au début du match où l’équipe poussait vers l’avant, peu à peu, les milieux de terrains turcs commencèrent à ne prendre aucun risque et à rester derrière. Seuls Arda et Mehmet Ekici apportaient un soutien à Burak, trop souvent esseulé devant. Si Arda a été virevoltant en première période, avant d’accuser le coup physiquement plus tard, Mehmet Ekici a fait preuve de bonne volonté mais tout en montrant ses limites dans le jeu collectif, mettant trop souvent de temps à passer. De son côté, Burak est passé complètement à côté de son match. Rapidement en vue dans la rencontre avec son tir sur le poteau, il a ensuite perdu bon nombre de ballons, sans proposer de bonnes solutions en contrepartie. Ce qui est dommage c’est qu’on se rappellera de sa mauvaise performance, et qu’on oubliera le fait qu’Hiddink l’ait aligné au poste d’avant-centre, poste où il n’a jamais jouer de sa carrière ! Sur ailes, le constat aura été guère plus brillant, avec un Gökhan Gönül ne participant que peu aux attaques et Hakan Balta dont les montées n’ont jamais été tranchantes, ce qui n’est une surprise pour ceux suivant ses matchs en club. Au milieu Nuri Sahin et Selçuk Inan ont fait le boulot avec des passes propres, mais n’ont pas suffisamment pris de risque. Finalement, ce manque d’automatisme aura été d’autant plus flagrant que trois des plus grosses occasions des Turcs auront été l’œuvre de joueurs évoluant dans le même club. Lorsque Burak frappait sur le poteau, c’était sur une ouverture de son coéquipier à Trabzonspor, Arda marquait sur une touche d’Hakan Balta (Galatasaray) et Gökhan Gönül enfoncerait le clou plus tard sur une remise de Semih Sentürk (Fenerbahçe).
Des Autrichiens trop timides pour revenir
Au retour des vestiaires, la physionomie du match restait la même. La possession du ballon restait turque, mais au fil du temps les Autrichiens commençaient à pousser. Seul Fuchs sera sorti véritablement du lot dans cette équipe, avec une défense très solide et des grandes remontées du terrain assez dangereuses. Il aura fallu attendre les trois changements offensifs du côté Autrichien, pour voir ces derniers priver leur adversaire du ballon. Mais il est difficile de dire s’il s’agit des Autrichiens qui ont élevé leur niveau de jeu ou bien les Turcs qui ont arrêté de jouer pour expliquer le renversement de situation. En effet, après la 60e minute, il était flagrant de voir à quel point les joueurs turcs ne faisaient plus de pressing pour récupérer le ballon, tout en laissant leurs adversaires faire tourner le ballon aux abords de la surface. Face à un adversaire plus coriace et au complet (rappelons que l’Autriche se présentait sans Janko, Junuzovic, Schiemer et Prödl), le score final aurait pu être bien différent.
La défense assure, Gökhan donne de l’air et Volkan conclut
Le milieu de terrain a beau avoir lâché prise sur le ballon et Burak était perdu en attaque, derrière les défenseurs ont parfaitement maîtrisé leur sujet. La charnière centrale Serdar Kesimal / Servet Cetin a confirmé les espoirs entrevus lors du match contre la Corée du Sud. Rarement mis en difficulté, Hakan Balta et Gökhan Gönül ont aussi fait le boulot sur les ailes, empêchant souvent leur adversaire de centrer correctement. Volkan n’a eu ainsi presque rien à faire de tout le match dans ses cages. Finalement, le tournant du match aura été la sortie de Mehmet Ekici pour Mehmet Topuz, qui a libérer ainsi plusieurs joueurs. On a ainsi plus souvent vu Nuri Sahin participer à l’attaque, mais surtout Gökhan Gönül. C’est même se dernier, qui sur une passe de Semih, rentré quelques minutes plus tôt, qui se décala vers l’axe pour tirer au premier poteau du pied gauche (77e). Si la frappe était limpide, Macho n’est pas sans reproche sur le but encaissé.
C’est alors que l’arbitre, qui avait réalisé un très bon match jusque-là, allait prendre deux décisions très contestables à deux minutes d’intervalle, et cela en faveur des Autrichiens. Tout d’abord, il ne donna aucun carton à Arnautovic, qui venait d’essuyer ses crampons sur le tibia d’Arda, agression qui méritait amplement un rouge. Puis, il siffla un pénalty suite à une simulation de Hoffer légèrement touché par Hakan Balta. Mais voilà, ce soir-là, la chance, ou la justice (comme vous le souhaitez), était du côté turc, et Volkan Demirel stoppa magnifiquement le tir de Maierhofer. Volkan Demirel confirma ainsi qu’il est de loin le meilleur gardien de la Süper Lig cette saison. Démoralisés, les Autrichiens lâchaient du lest et les deux équipes allaient attendre le coup de sifflet final.
Encore du travail !
Les trois points sont certes très importants et permettent d’écarter l’Autriche de la course à la seconde place, néanmoins le niveau de jeu proposé reste très en-deçà de ce qu’il faudra montrer face à la Belgique et l’Allemagne pour espérer glaner des points importants pour se qualifier. Dans un premier temps, il faudra que Guus Hiddink arrête de faire tourner sans cesse son effectif et trouve enfin son équipe-type, notamment le buteur titulaire de l’équipe. Par ailleurs, il est nécessaire qu’un système de jeu soit mis en place au plus vite, car pour l’instant, l’équipe n’a que très peu de d’automatismes. Or sans automatismes, il sera très difficile de trouver la faille au sein de défenses bien organisées. Aujourd’hui l’équipe se repose trop sur les individualités, comme en attendant un exploit d’Arda, mais il est complètement illusoire d’attendre des résultats à termes en se reposant sur cet état d’esprit. Cela va faire presqu’un an que Guus Hiddink est à la tête de l’équipe, et malheureusement le niveau de jeu n’a jamais été convaincant depuis. Il faudra espérer que la sauce prenne, et le plus vite possible, car la prochaine confrontation de la Turquie sera face à la Belgique dans un match déjà décisif. Face à des Belges qui sont en nette progression depuis le premier match, la tâche sera plus qu’ardue !
Auteur : Allan KILIC
Source : TurcoFoot.com