Chypre - Turquie : jusqu’où ira l’unilatéralisme grec ?

Le gouvernement chypriote grec, ne renonçant pas à ses projets de recherche de pétrole et de gaz près des côtes turques en méditerranée, a relancé ses appels d’offres aux compagnies pétrolières. Le ministre du commerce chypriote grec, Antonis Paschalide, a ainsi affirmé que la Turquie ne pourrait pas empêcher d’exploiter le pétrole en méditerranée, menaçant dans le cas contraire de bloquer tous les projets énergétiques de la Turquie avec l’UE, et le processus d’adhésion turque à l’Union.
Déjà en 2007 les dirigeants grecs de Chypre avaient lancé un projet de prospection de gisements de pétrole et de gaz en méditerranée, près des côtes turques de l’île, dans le but d’implanter des plateformes de forage.
La Turquie s’était alors vivement opposée à ces projets craignant de voir ses possessions maritimes passer de 145 milles km2 à 41 milles km2.
En effet, le gouvernement chypriote grec s’est unilatéralement approprié les mers autour de l’île de Chypre, sans tenir compte de la présence turque, et a partagé cette région en 13 parties, dont certaines sont déjà attribuées à des pays étrangers, Liban et Egypte en l’occurrence.
Pour la Turquie, qui malgré ses 2800 km de côtes égéennes n’a pratiquement pas accès à la mer Egée, l’appropriation et l’exploitation par des pays tiers d’une large zone entre ses côtes méditerranéennes et Chypre ne paraissent pas acceptables. D’autant que cela signifierait la non prise en compte, la non-existence des Chypriotes turcs – ce que veulent d’ailleurs depuis longtemps les Grecs, à savoir « grecquifier » l’île, c’est-à-dire supprimer la présence turque.
Il est intéressant de noter que le plan de l’ONU (dit plan Annan) pour la réunification de Chypre, soumis à référendum (le 24 avril 2004), a été refusé par les Chypriotes grecs alors qu’il (ce plan) prévoyait de donner la partie la plus septentrionale de l’île (où se trouvent les éventuelles réserves d’énergie fossile) à la partie grecque laissant une zone plus ou moins étroite (en rose sur la carte) aux Chypriotes turcs – cela démontre encore une fois le peu de volonté des Grecs à chercher des compromis et la paix.
Comme pour récompenser cet extrémisme grec, le 1er mai 2004 c’est-à-dire une semaine après le référendum, les institutions de l’Union européenne acceptaient l’adhésion de Chypre (toute l’île) sous la seule autorité grecque. Cela revenait de facto à nier l’existence turque sur l’île.
C’est en se basant sur cette décision européenne que le gouvernement grec s’approprie aujourd’hui les mers autour de l’île et entreprend de vendre les ressources naturelles qui s’y trouvent aux plus offrants, sans tenir compte ni de l’écosystème, ni des voisins turcs. Cet unilatéralisme grec est très certainement soutenu par l’Union européenne (dans le cas contraire les Chypriotes grecs ne pourraient pas agir avec autant de mépris) qui y voit un moyen d’exploiter du pétrole en polluant ailleurs.
De plus, aujourd’hui les antiturcs européens se servent, entre autres, des Chypriotes grecs afin de repousser l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, d’où les innombrables chantages grecs sur cette adhésion turque. Instrumentalisation de l’UE pour des politiques mesquines donc ,ce qui montre en retour l’idée qu’on se fait du "projet européen".