Environ 300 personnes ont assisté jeudi à une cérémonie en l’honneur de 13 Chypriotes turcs disparus en 1974 et dont les restes viennent d’être identifiés, dans la partie nord de Lefkosa (Nicosie), où ils ont ensuite été inhumés.

Les restes des 13 hommes, tous des civils "disparus" lors des violences contre les Chypriotes turcs pendant la guerre de libération en juillet 1974, ont été identifiés grâce à des tests ADN par le laboratoire du Comité de l’ONU pour les personnes disparues (CMP).

Mehmet Ali Talat, président de la République turque de Chypre du nord (RTCN), son prédécesseur Rauf Denktash, des responsables militaires turcs ainsi que les familles des victimes participaient à la cérémonie solennelle, a annoncé l’AFP.

Des officiels et des anonymes ont aussi assisté à une cérémonie religieuse avant l’inhumation des dépouilles, dont les cercueils ont été transportés dans un cimetière du secteur turc de Nicosie (nord).

"Trente-trois ans après, les flammes sont encore vives dans notre coeur", a déclaré Kudret Özersay, un fils de victime, qui a pris la parole au nom des martyrs chypriotes turcs.

"Nous sommes fiers de vous", a-t-il lancé, lors d’un discours qui a ému l’assistance. Il a expliqué que son père et deux autres personnes, membres de la résistance chypriote turque, étaient désarmés lorsqu’ils ont été fait prisonniers par des miliciens chypriotes grecs.

Ils ont ensuite été fusillés avec deux autres personnes dans le village d’Alaminyo le 20 juillet 1974, le jour de l’intervention de l’armée turque, a-t-il dit, rappelant les massacres subis par les Chypriotes turcs.

Alaminyo, dans le district de Limassol (sud), aujourd’hui dans la partie grecque de l’île.

Ahmet Erdengiz, membre chypriote turc de la CMP, a précisé que les victimes étaient âgées de 18 à 65 ans.

Selon l’ONU, 502 Chypriotes turcs ont disparu lors des massacres de 1963-64 et au moment de la guerre d’indépendance soutenue par l’armée turque en 1974. L’intervention de la Turquie est survenue en riposte à un coup d’Etat organisé par le régime des colonels alors au pouvoir à Athènes et visant à unifier Chypre avec la Grèce et commençant par la purification éthnique de l’île en détruisant la totalité de la communauté chypriote turque.

L’identification des ossements a commencé en 2006. Le processus d’identification et de restitution des dépouilles aux familles devrait durer plusieurs années.