Bondissant et rebondissant derby.
Le tout récent derby d’Istanbul a livré autant de joutes intéressantes que d’interrogations.
Istanbul compte parmi les places fortes footballistiques européennes, n’ayant rien à envier à Rome, Milan, Madrid ou Manchester quant aux derbies.
Cette fois précisément l’événement était le très attendu Besiktas-Fenerbahçe, sur fond de Süper Lig et de compétitions européennes croisées.
CHACUNE SA MI-TEMPS.
La première partie de cette lutte fratricide a été tout à l’honneur du Fenerbahçe, meilleur dans le replacement, Un Fenerbahçe plein de sang-froid qui a réussi à ouvrir le score précocement, après un mouvement parti de la droite, une alternance de billard et de ping-pong devant les cages de Fabri repoussant un tir de Giuliano, ballon repris victorieusement par Fernandão.
Besiktas se comportant d’une façon plus brouillonne, avec quelques actions stériles (16’,25’).
Le deuxième temps de la rencontre a été le théâtre d’une decisive reprise en main par le Besiktas.
Score final:un renversement de vapeur à 3-1 pour les noirs et blancs, avec une égalisation décidée de Vida sur service de l’excellent Gokhan Gonul, puis un doublé par un Quaresma magistral.
UN DERBY ÂPREMENT DISPUTÉ.
À se remémorer toutefois que l’opposition a été rugueuse et imprécise avant de fournir un spectacle de qualité.
Le déséquilibre a été un prélude bien pâle, tant ont été pratiquées les accumulations d’erreurs défensives, de dégagements en chandelle, de relances approximatives.
Des cartons,il y en a eu (Quaresma consécutivement à une faute sur Mathieu Valbuena, Tolgay Arslan pris de vitesse, Sener Ozbayrakli trop accrocheur). Des ’’sari kart" pour agressivité non contrôlée ou pour maladresse due à la fébrilité, Certains semblant dépassés par les événements (l’avant-centre brésilien Vagner Love).
DES ENSEIGNEMENTS.
Quaresma « expérimenté homme du match !! » est un joueur des plus en vue, en plus de ses deux buts, il a su prendre le jeu à son compte, pas seulement par ses deux buts, également par ses débordements, sa merveille de passe distillée pour le néerlandais Babel (58’), sur coup du foulard s’il-vous-plait ! toujours pour le Besiktas, à retenir l’utilité de Negredo auteur de deux passes décisives pour son coéquipier portugais.
Coté Fenerbahçe,à retenir le sérieux de Mehmet Topal et l’investissement de Caner Tekim hélas rentré en jeu trop tardivement. en revanche, le français Valbuena peine à retrouver ses marques malgré un potentiel plus qu’évident dans l’animation offensive.
Enseignement suivant : un derby reste un derby, un grand rendez-vous reste un grand rendez-vous, un classico reste un classico.
Le résultat n’est jamais acquis d’avance même quand un adversaire est amoindri après une lourde défaite comme ce fut le cas quelques jours auparavant pour le Besiktas sur le terrain du Bayern Munich (défaite cinglante 0-5).
En synthétisant,le stress a été au rendez-vous et le footballeur turc doit apprendre à le gérer.
D’ÉVENTUELLES PROJECTIONS.
En fait, la portée du championnat turc est immense, l’intensité de cette rencontre et son niveau le confortent. En réussissant l’amalgame entre l’apport d’étrangers talentueux ou revanchards et la formation puis la préservation des talents turcs (y compris en veillant sur ceux qui sont à l’étranger comme Under ou Unal), la Turquie du football peut se racheter une image crédible et puissante pour reconstruire la Milli. Ce genre de match y contribuent.
Gianguglielmo /Jean-Guillaume LOZATO, professeur d’italien à L’ENSG et à International Paris School of Business,chargé de cours à l’Université Paris-Est. Auteur de recherches universitaires sur le football italien en tant que phénomène de société.