Chacun devrait essayer de mesurer les conséquences d’un tel refus pour soi-même
Les conséquences d’une Turquie hors d’Europe risquent dêtre plus préjudiciable à terme aux européens qu’aux turcs, mais après tout, "chacun voit midi à sa porte".
Bloquer l’entrée de la Turquie : pire qu’une faute... , par Behor

Fernand Raynaud, le plus populaire humoriste français des années 50/60, a traité en précurseur la question actuelle du refus français des étrangers dans un de ses derniers sketches : "le douanier", un an avant sa mort en 1972 (cf. ci-dessous pour la vidéo).
Ce refus y est magistralement traité en 4mn14 : (au passage, Fernand Raynaud y épingle d’autres travers sur lesquels nous ne nous étendrons pas par pudeur "turque").
Il campe un individu d’un niveau intellectuel très moyen, qui n’aime pas "les étrangers qui viennent manger le pain des français" et le dit.
Buté, visiblement incapable de raisonner intelligemment et convaincu de son bon droit, il finit par obtenir que l’étranger quitte la France. Puis vient la chute : "et depuis...... on a plus de pain, au village l’étranger.....il était boulanger !!!!
C’est à peu de chose près ce qu’on ré-entend en France depuis quelques années, or, il ne s’agit plus du sketch d’un comique, mais de l’avis de monsieur-tout-le-monde, relayé par les média et repris par les politiques.
Au passage, quelle triste évolution en France, depuis 1972 !!!! De nos jours, Fernand Raynaud ne pourrait plus présenter un tel sketche, qui déclencherait huées et sifflets.
C’est à peu près ce que remarque Alain Campiotti dans le journal suisse Le Temps du 17 juillet 2007,en reprenant d’une manière plus policée le même thème.
« D’Istanbul à Van, l’un des pays les plus dynamiques d’Europe vote dimanche. D’Europe ? D’Asie mineure, répondent Nicolas Sarkozy et quelques autres, avec le projet arrêté de fixer une frontière sur le Bosphore, pour contenir ces trop nombreux moustachus qui ne sont pas de la famille. Il faut voyager un peu en Anatolie profonde, loin des plages où les vacanciers croient être en Turquie, pour mesurer le dommage de cette vision étriquée de notre étranger si proche. On y traverse des villes qui pètent de fièvre et de santé, ce qui n’est pas contradictoire........................ Sans s’en rendre compte vraiment, l’Europe (on veut dire l’Union) a développé...un modèle politique et de civilisation totalement inédite : le rayonnement sans domination, la démocratisation par capillarité, l’empire des lois sans impérialisme. Le modèle est si puissant que les clients se bousculent. La Turquie est sans doute le plus intéressant. Elle impressionne par sa détermination à sortir d’anciens fonctionnements arbitraires. Et aussi par sa patience : l’Europe lui avait promis, par traité, il y a un demi-siècle, qu’elle serait conviée dans le cercle. Et c’est à ce moment-là, justement, que l’Europe montre de plusieurs manières qu’elle préférerait, tout compte fait, refermer un peu la porte. Ce serait bien davantage qu’une faute ».