Ömer Engin Lütem

La décision prise par Serge Sarkissian, le président arménien, d’inviter son homologue turc au match de football qui aura lieu entre leurs deux pays, le 8 septembre 2008, n’en finit pas de susciter des réactions. Toutefois, le président groupe parlementaire dachnak, Vahan Hovannissian, candidat lors des dernières élections présidentielles, a déclaré que son parti protestera si Abdullah Gül se rend effectivement en Arménie. Bien que la Fédération révolutionnaire arménienne-Dachnaksoutioune appartienne à la majorité parlementaire, cette formation mène sa propre politique, qui peut, parfois, entrer en contradiction avec celle du gouvernement.

Pour ce qui concerne les relations bilatérales, l’attention s’est surtout portée sur les propos de Sarkissian affirmant qu’il n’était pas opposé à une commission qui enquêterait sur les évènements de 1915. Dans la mesure où cette commission pourrait remettre en cause le « génocide » comme fait historique avéré, non seulement les dachnaks, mais aussi les partisans du chef de l’opposition, l’ancien président Ter Petrossian, ont critiqué Serge Sarkissian.

La présidence et le gouvernement arméniens ont produit quelques réponses à ces réactions. Samiel Fermayan, le porte-parole du président pour la presse, déclara qu’accepter une enquête ne signifiait pas remettre en cause la vérité. Le ministre des Affaires étrangères, Édouard Nalbatian, a dit que l’établissement de cette commission ne ferait pas cesser les efforts de l’Arménie pour la reconnaissance du « génocide ». Quant aux dachnaks, leur porte-parole a indiqué qu’ils ont demandé une explication au Président Sarkissian, lequel a déclaré que cette commission n’aurait pas à déterminer s’il ya eu un génocide, mais, examinerait seulement certains aspects du génocide.

Comme on peut le constater, les autorités arméniennes considèrent que la Commission se doit tout d’abord un accord sur le fait que le génocide a eu lieu, et alors il peut faire enquête sur certains détails du « génocide ». En outre, ils affirment qu’ils continueront leurs activités pour la « reconnaissance du génocide ». Il ne fait aucun doute que, avec cette approche, la commission ne saurait fonctionner.

La presse arménienne, s’inspirant des déclarations faites à Moscou par le président Sarkissian, estime que l’acceptation d’une telle commission serait une contrepartie à l’ouverture de la frontière [terrestre] et à l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays.

Toutefois, les déclarations faites par certains fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères américain, tels que Daniel Fried et Mattew Briza, envisagent une autre manière d’aboutir à la réconciliation, avec la reconnaissance de l’intégrité territoriale turque par Erevan , l’établissement de relations diplomatiques entre la Turquie et l’Arménie, et l’ouverture de la frontière commune, qui serait suivie par l’établissement de la commission.

Actuellement, la presse arménienne ne mentionne pas la reconnaissance de l’intégrité territoriale de la Turquie, ce qui signifierait la fin des rêves sur la « Grande Arménie ». Il se pourrait que cette question, si elle vient sur le devant de la scène, suscite plus de réactions que la commission d’historiens.

Traduction : Dussardier pour Turquie News