Airbus s’allie au constructeur turc TAI pour proposer l’avion d’entraînement Hürjet à l’Espagne
PAR LAURENT LAGNEAU · 25 JUILLET 2025
En octobre 2020, avec le remplacement des F-5M Tiger utilisés par l’Ejército del Aire y del Espacio pour la transition opérationnelle de ses élèves pilotes, Airbus fit part de son intention de développer un nouvel avion d’entraînement, l’AFJT [pour Airbus Future Jet Trainer] alors que le marché pour ce type d’appareil comptait déjà le M-346 de Leonardo, le T-50 Golden Eagle du sud-coréen KAI, le T-7 Red Hawk de Boeing [associé à Saab] et le F/A-259 du tchèque Aero Vodochody.
Ayant quelques ressemblances avec l’EADS Mako HEAT [High Energy Advanced Trainer], un projet d’avion d’entraînement n’ayant jamais vu le jour, l’AFJT devait avoir une conception « modulaire » et être supersonique. En outre, il était aussi susceptible de « contribuer à la transformation et à l’entraînement des pilotes sur le SCAF » [Système de combat aérien du futur].
Pour convaincre Madrid, Airbus fit valoir qu’un tel programme pourrait engendrer jusqu’à 2 500 emplois qualifiés en Espagne. Mais cet argument n’a visiblement pas porté…
En effet, en juillet 2024, l’Ejército del Aire y del Espacio fit part de son intérêt pour l’avion d’entraînement Hürjet, alors encore en cours de développement chez Turkish Aerospace Industries [TAI]. Et il fut avancé que Madrid envisageait d’échanger six de ses A400M « Atlas » contre vingt-quatre exemplaires de ce type d’appareil.
En décembre de la même année, et sans évoquer cet échange potentiel, le ministère espagnol de la Défense fit savoir qu’il avait signé un protocole d’accord avec le secrétariat turc des industries de défense en vue de développer un « système de formation avancée » à partir du Hürjet. Et, malgré un « baroud d’honneur » de Leonardo pour défendre la candidature de son M-346 Master, Madrid a depuis confirmé son choix en faveur de l’avion de TAI.
Pour autant, Airbus sera quand même de la partie. Le 24 juillet, en marge du salon de l’armement IDEF 25, organisé à Istanbul, l’industriel européen a conclu un accord de coopération avec TAI dans l’optique de livrer 30 avions Hürjet à l’Ejército del Aire y del Espacio à partir de 2028.
Dans cette affaire, Airbus est à la tête d’un groupement d’entreprises espagnoles dont la vocation sera de participer au développement du « système intégré d’entraînement au combat » [ITS-C] de l’Ejército del Aire y del Espacio. Des accords ont en effet été conclus à cette fin avec ITP Aero, Sener, Indra, Grupo Oesía et Aernnova en juin dernier.
« Cet accord définit la manière dont nous entendons mener le programme Hürjet en Espagne. Il définit les objectifs et les modalités de notre collaboration, les responsabilités de chacun et l’intégration de l’équipe espagnole au projet Hürjet », a expliqué Jean-Brice Dumont, responsable des avions militaires et des drones chez Airbus Defence and Space.
Selon Mehmet Demiroglu, le directeur général de TAI, il n’est pas question d’installer une ligne de production dédiée au Hürjet en Espagne, compte tenu du nombre d’appareils devant être commandés par Madrid… qui recevra un premier lot de six avions dans une configuration identique à celle destinée à la force aérienne turque. Les suivants seront en revanche adaptés aux spécifications définies par l’Ejército del Aire y del Espacio.
Selon la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, une enveloppe de 1,4 milliard d’euros a été prévue pour ce programme, qui devrait se concrétiser par la signature d’un contrat d’ici la fin octobre « au plus tard