[afp] Le président turc Abdullah Gül, en visite en Tunisie, a implicitement confirmé jeudi la présence de la France lors de la prochaine réunion à Istanbul des Amis du peuple syrien, malgré les tensions diplomatiques entre Paris et Ankara à propos du génocide arménien.
Il faut faire la distinction entre les relations bilatérales et une conférence internationale, a déclaré M. Gül lors d’une conférence de presse commune avec son homologue tunisien Moncef Marzouki.
Une source diplomatique turque avait récemment indiqué que Paris ne serait pas le bienvenu en raison de sa position sur le génocide arménien de 1915.
La Turquie a gelé ses relations politiques et militaires avec la France après l’adoption d’une loi française condamnant la négation de ce génocide. Cette législation a été annulée par le Conseil constitutionnel mais le président français Nicolas Sarkozy a réaffirmé mercredi sa détermination à faire adopter un tel texte.
Abdullah Gül a souhaité une participation internationale importante, y compris celle de la Russie, à la prochaine conférence des amis du peuple syrien, mais n’a pas fixé de date sur sa tenue.
Une réunion préparatoire aura lieu dans les deux semaines, a-t-il indiqué, insistant sur la nécessité de bien préparer cette réunion pour rapprocher les points de vue.
La première rencontre du groupe des Amis du peuple syrien avait réuni fin février à Tunis les représentants d’une soixantaine de pays arabes et occidentaux, mais Moscou et Pékin, principaux soutiens de Damas, avaient boycotté la rencontre. Après Istanbul, il est prévu qu’une troisième réunion se tienne ensuite à Paris à une date indéterminée.
MM. Gül et Marzouki se sont prononcés contre toute intervention étrangère en Syrie et ont insisté sur la nécessité d’une solution politique.
Nous sommes contre l’armement des rebelles et contre une intervention étrangère, a déclaré M. Marzouki, assurant que tôt ou tard le régime va finir par tomber.
Aucun régime ne peut rester en place en opprimant son peuple de cette manière, a indiqué pour sa part le président turc.
M. Gül effectue une visite d’Etat jusqu’à vendredi en Tunisie. Des accords de coopération dans les domaines de la technologie et des transports ont été signés avant la conférence de presse au palais présidentiel de Carthage.
Le président turc, qui rencontrera aussi le Premier ministre Hamadi Jebali, devrait prononcer jeudi après-midi un discours devant l’Assemblée nationale constituante, et s’entretiendra vendredi avec des représentants du patronat tunisien.
Le parti islamiste tunisien Ennahda, vainqueur des élections du 23 octobre, se réclame régulièrement du modèle de l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie.
Ce pays est le 14e client de la Tunisie et son 8e fournisseur, et les échanges commerciaux entre les deux pays dépassent un milliard de dollars.