Avec la réélection d’Erdogan, les relations américano-turques restent glaciales
L’accueil glacial réservé par les Etats-Unis à la réélection de Recep Tayyip Erdogan en Turquie, et la ligne dure affichée par le président turc, laissent présager de relations durablement tendues entre les deux pays alliés, notamment sur la question des Kurdes.
Washington a ostensiblement fait le service minimum depuis l’annonce de la victoire du président sortant aux élections de dimanche. « Nous tentons d’organiser un appel téléphonique » entre Donald Trump et Recep Tayyip Erdogan, s’est bornée à dire lundi la Maison Blanche, tandis que le département d’Etat a seulement affirmé « respecter » le résultat.
« Même avec un appel du président Trump pour féliciter son homologue, et un effort pour améliorer les relations », les nuages qui se sont accumulés dans le sillage du putsch raté de juillet 2016 et de la répression qui a suivi en Turquie « vont continuer à assombrir l’horizon », estime Steven Cook, du think tank Council on Foreign Relations, prédisant même « de plus en plus de tensions ».
Depuis l’échange chaleureux de septembre à l’ONU, quand le président américain décernait « de bonnes notes » à son « ami » Erdogan, malgré des relations déjà difficiles entre les deux membres de l’Otan, ces liens se sont encore détériorés.
Le président turc a mené le choeur des protestations contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël. Et Washington n’a pas obtenu la libération du pasteur américain Andrew Brunson, jugé en Turquie pour des liens présumés avec des groupes « terroristes », pas plus qu’Ankara n’a eu gain cause dans sa demande d’extradition du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et auquel les autorités turques attribuent une implication dans le coup d’Etat avorté.
L’administration Trump a ainsi exhorté lundi la Turquie à « renforcer la démocratie », demandant à tous les élus, « y compris le président Erdogan », de « représenter les différentes positions de tous les citoyens turcs ». Washington a aussi appelé de ses voeux une « relation constructive » pour « résoudre les problèmes » bilatéraux et « faire face ensemble » aux « défis communs ».
Source : avec Libération