Comme sa boutique, on la remarque de loin. La devanture du magasin de bonbons et de chocolats de Moseley est rose à points blancs. La vendeuse a une chevelure de feu. Yéliz est un petit bout de bonne femme pleine d’énergie. Elle a la voix chaude, presque rauque. C’est un soleil méditerranéen dans la grisaille anglaise. Elle me donne rendez-vous dans un café pour me raconter son histoire et s’installe naturellement sur une table de la terrasse. Quand il se met à crachiner, elle met sa capuche, et me sourit. Sans bouger

La jolie franco-turque est installée ici depuis mai 2010."Après mes études à Paris, j’ai travaillé trois ans en tant que chef de produit dans le tourisme. Je voyageais avec mon petit uniforme et mon Macintosh pour organiser des séjours. Un jour, j’ai pété les plombs et j’ai rejoint mon frère en Asie pour essayer de monter un centre de plongée écolo."

Ah, l’amour…

Mais tout ne fonctionne pas comme prévu. Son frère change ses projets et Yéliz se retrouve seule au Cambodge. Elle travaille sur une île et revient de temps en temps sur le continent pour faire la fête dans le bar d’un de ses amis."C’est là que j’ai rencontré mon brumi boy (NDLR un gars de Birmingham). Il s’était fait voler son sac, et bossait un mois en tant que serveur pour se renflouer un peu. On est tombé très amoureux très vite et on est parti voyager… Et puis, l’Europe nous a rattrapés. Des prêts à rembourser, la fin de son congé sabbatique, il fallait rentrer."

Yéliz n’a pas froid aux yeux. "Je me suis dis, tu veux découvrir le monde et l’Angleterre tu ne connais pas. Allons visiter cette île. Et puis cette ville qui s’appelle Birmingham et dont je n’ai jamais entendu parler. Nous nous sommes donc installés à Moseley. Il le disait avec un tel accent que j’avais compris ‘Muesli’, comme les céréales. Je n’étais pas au bout de mes surprises."