Turc de naissance, Français d’adoption, Capraz
Ertugrul est partagé « entre deux cultures, entre
deux mondes »… Entre deux langues aussi.
A
bientôt 40 ans, ce Poitevin a décidé de « jeter
un pont entre ces deux langues ». Sa
passerelle à lui, ce sera un dictionnaire. Mais
pas n’importe lequel. « J’ai cherché un truc
original, un truc qui n’existait pas dans les
autres dictionnaires bilingues », se souvient-il.
Cette petite chose en plus qui ferait la différence.
Début 2008, après avoir compilé plusieurs kilos de ces bibles des mots, il a trouvé. « A la
traduction littérale, que l’on trouve dans tous les dictionnaires bilingues, j’ajoute une définition
», explique-t-il. Pour mieux exprimer les subtilités de chaque langue. « Je vois mon
dictionnaire comme une petite encyclopédie, un moyen de rapprocher les deux cultures, les
deux peuples », explique-t-il.
Donner plus
de poids
à la langue turque
Les citations et proverbes des pages roses du célèbre Larousse se teintent de rouge – la
couleur qu’ont en commun les deux drapeaux – en passant d’une langue à l’autre. La
phonétique est laissée aux linguistes pour une simple transcription dans l’alphabet de l’autre
langue.
Jouant l’original jusque dans la méthode, le scribe a commencé son ascension… par la fin.
Mot à mot, depuis un peu plus d’an, il remonte l’alphabet une lettre après l’autre. « J’ai
commencé par le Z, j’en suis aujourd’hui à la lettre V », annonce-t-il fièrement.
Mais toujours
pas d’éditeur, d’imprimeur ou de soutient d’aucune sorte. « Sauf mon entourage, derrière moi
depuis le début. » Et une volonté de fer.
« C’est un projet qui me tient vraiment à coeur, je veux vraiment être édité », martèle-t-il.
Pour
cet enfant de deux langues, ce dictionnaire franco-turc représente bien plus qu’un recueil de
mots. « Malgré les près de 500.000 Turcs [ou Français d’origine turque, ndlr] qui vivent en
France – presque 5 millions en Union européenne – la langue turque est un peu mise de
côté, estime-t-il. Je veux donner plus de poids à la langue. Parce que la connaissance d’un
peuple, le rayonnement d’une culture passe par ça. »
Sa quête est aussi personnelle. « Chaque jour, en travaillant sur ce dictionnaire, j’en apprends
un peu plus sur les deux langues. Je redécouvre ce que ces deux langues ont en commun. »
Comme ces mots français qui surgissent dans sa langue maternelle, et ces expressions qui
sont arrivées, comme lui, à se fondre dans un pays d’adoption.
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Mariella Esvant
Source : lenouvellerepublique.fr