Des entretiens Sarkozy-Merkel-Erdogan en mai prochain.
Les entretiens tripartites que Recep Tayyip Erdogan avait prévu d’avoir avec Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, en février prochain, lors de sa visite en Allemagne, ont été reportés, en raison du "calendrier trop chargé" du président français.
Selon le quotidien Zaman, Nicolas Sarkozy était favorable à l’idée d’un entretien tripartite avec Mme Merkel et M. Erdogan, mais pas lors de la visite du Premier ministre turc en Allemagne, du 7 au 9 février prochains.
Mardi 15 janvier, en conférence de presse, Angela Merkel a confirmé que Nicolas Sarkozy ne se joindrait pas aux pourparlers Erdogan-Merkel du mois prochain, avant d’ajouter que la candidature d’Ankara à l’adhésion à l’Union européenne serait le sujet numéro un des discussions. Elle a précisé que les négociations euro-turques allaient se poursuivre, tout en réitérant sa préférence pour un "partenariat privilégié" excluant une intégration de la Turquie à l’UE.
De son côté, le Premier ministre turc, durant une conférence de presse donnée lundi 14 janvier à Madrid a formé le vœu que la candidature d’Ankara soit discutée en mai prochain, lors du sommet durant lequel il rencontrera les dirigeants français et allemands. Il a ajouté, selon le Turkish Daily News, que cette rencontre allait lui permettre de discuter de la candidature d’Ankara directement avec Nicolas Sarkozy, auquel il reproche de continuer d’aborder le sujet par voie de presse.
Pour Semih Idiz, chroniqueur à Milliyet, cette rencontre tripartite pourrait bien constituer un « tournant » dans les relations euro-turques. Il fait observer en outre que l’annonce de Recep Tayyip Erdogan intervient « au moment où le président américain George Bush a apporté son soutien vigoureux à la candidature de la Turquie à l’adhésion à l’UE ». « Mais Bush, a-t-il ajouté, n’a pas seulement exprimé un fort soutien à Ankara ; il a également déclaré que l’adhésion de la Turquie à l’UE était nécessaire pour la paix. Une position de Bush en contradiction avec celle de Sarkozy et Merkel. »
Quelques jours auparavant, George Bush rappelait le rôle de « pont constructif » de la Turquie entre l’Europe et le monde musulman. « Je crois fortement, a-t-il dit, que l’Europe profitera de l’adhésion de la Turquie à l’UE, [laquelle] servira les intérêts de la paix. » Pour le président américain, la Turquie est « un exemple fantastique pour les nations du monde entier, qui montre qu’il est possible de voir une démocratie coexister avec une grande religion comme l’islam ».
Chypre
Selon le Turkish Daily News, l’émissaire spéciale du gouvernement britannique pour Chypre, Joan Ryan, a conseillé la semaine dernière à Ankara d’ouvrir au moins un port aux navires chypriotes grecs. Durant ses entretiens avec les officiels du ministère des Affaires étrangères et les membres de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, elle a tenté d’expliquer qu’un tel geste « permettrait d’ouvrir une fenêtre d’opportunité », mettant ainsi la Turquie et ses partisans au sein de l’UE dans une position avantageuse. Rappelons que l’UE a suspendu huit chapitres de négociations avec Ankara, qui refuse d’ouvrir ses ports et aéroports aux bateaux et avions chypriotes grecs tant que la République Turque de Chypre du Nord continuera de subir l’ambargo dont elle fait l’objet depuis 30 ans.