La Turquie annoncera prochainement les sanctions qu’elle mettra en place contre le régime syrien mais ne souhaite pas envisager lhypothèse dune intervention militaire, se tenant prête cependant à tout scénario, a déclaré mardi le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu.
Selon le ministre, la communauté internationale pourrait être amenée à décider linstauration dune zone tampon au cas où des centaines de milliers de Syriens chercheraient à fuir les violences dans leur pays.
Nous travaillons sur tous les scénarios (...) Si des milliers de gens fuyaient vers notre frontière, cela créerait une situation différente. Des mesures pourraient être prises avec la communauté internationale, a déclaré Ahmet Davutoglu à la chaîne de télévision privée Kanal 24, interrogé sur l’éventualité d’une zone tampon, avant de souligner cependant qu’une telle mesure n’était pas d’actualité pour l’instant.
M. Davutoglu a répété que la Turquie s’opposait à l’option militaire contre la Syrie. Nous espérons quune intervention militaire ne sera jamais nécessaire, a-t-il dit.
Et au cours d’une conférence de presse avec Jean Asselborn, le vice-Premier ministre et ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, M. Davutoglu a souligné que les sanctions turques contre la Syrie seraient annoncées prochainement.
Nous avons achevé notre travail et les sanctions ont été déterminées. Nous les annoncerons après des entretiens avec le Premier ministre et le président de la République, a-t-il ajouté sans dire quand ces rencontres auraient lieu.
Il a insisté sur le fait que ces mesures ne viseraient pas les populations civiles. L’approvisionnement en eau de la Syrie notamment par les eaux de l’Euphrate, qui prend sa source en Turquie, ne sera pas affecté, a-t-il assuré.
La Turquie, ancien allié de la Syrie, a adopté une position de fermeté contre son voisin et a appelé au départ du président syrien en raison de la répression du mouvement de contestation qui a fait 3.500 morts, selon l’ONU, depuis mars.
Elle accueille déjà dans sa province de Hatay, frontalière avec la Syrie, environ 7.500 Syriens qui ont fui le conflit dans leur pays.
De source proche du gouvernement, on précise qu’une zone tampon est difficile à mettre en place sur une frontière de 900 km séparant la Turquie et la Syrie et ne pouvait être créée que pour des raisons humanitaires.
La Ligue arabe a suspendu la Syrie et a, décidé dimanche dimposer des sanctions au régime de Damas, après le refus par celui-ci daccepter la venue dobservateurs.
Sur ce point, le ministre turc des Transports Binali Yildirim, a déclaré mardi que la Turquie pourrait contourner la Syrie pour le commerce régional si les conditions se détériorent en Syrie.
Nous prévoyons d’orienter les transports (routiers) via l’Irak, en inaugurant de nouveaux postes-frontières, si les conditions se détériorent avec la Syrie, a-t-il dit à l’agence de presse Anatolie.
Ankara a annoncé soutenir dans l’ensemble les sanctions adoptées par la Ligue arabe.
Selon un expert économique européen en poste à Damas, les primes d’assurances sont beaucoup plus élevées en raison de la violence pour les camions passant par l’Irak c’est pourquoi les compagnies préfèrent continuer à utiliser la Syrie comme voie de transit.
La Syrie est un important pays de transit pour le transport routier assuré par la Turquie à destination des pays du Proche et du Moyen-Orient.
Mais, signe des divisions persistantes entre les puissances étrangères dans le dossier syrien, la Russie s’est dite opposée à un embargo sur les livraisons d’armes à Damas et a estimé qu’il fallait cesser de poser des ultimatums aux autorités syriennes.
Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a déclaré lundi que l’armée et les forces de sécurité syriennes avaient commis des "crimes contre l’humanité" - meurtres, tortures et viols - et réclamé l’instauration d’un embargo sur les livraisons d’armes au régime de Damas.
Malgré l’adoption de nouvelles sanctions économiques et le nombre croissant de déclarations condamnant la répression des manifestations, le président Bachar al Assad s’accroche au pouvoir et continue d’imputer les violences à des "groupes terroristes armés" soutenus par l’étranger.
AFP et Reuters