Mehmet Ali Talat a prôné une égale répartition de la souvenaireté à Chypre devant les parlementaires du Conseil de l’Europe, à Strasbourg. Le président de la République turque de Chypre du Nord a noté une réelle amélioration des négociations sur la réunification de l‘île. Cependant l‘égalité des deux communautés reste le point problématique des discussions.
Mehmet Ali Talat : “En fait ce n’est pas un problème de confiance envers la partie grecque, mais bien la question d‘être capable de partager le pouvoir. Si nous arrivons à nous mettre d’accord sur une structure, en d’autres termes, sur un partage des pouvoirs, alors nous devrons établir une confiance réciproque.”
Le président chypriote Demetris Christofias était lui aussi à Strasbourg mardi. Il s’est dit prêt à ouvrir les ports et les aéroports de la partie grecque à la communauté turque. Les aéroports et ports de la RTCN resteront par contre toujours sous embargo.
Les deux camps ont repris les négociations début septembre après quatre ans d’impasse. En 2004, les chypriotes grecs ont refusé par référendum un plan de paix proposé par l’ONU que les chypriotes turcs avaient massivement accepté malgré les désavantages de celui-ci notamment en ce qui concerne le partage des pouvoirs et le représentations des Turcs de l’île dans les instances gouvernantes.
Ce premier octobre marque le 48e anniversaire de l’indépendance de Chypre, mais depuis les années 1960, l‘île a été secouée par des violences intercommunautaires, avec l’apogée du conflit en 1974. Les militaires turcs avaient envahi une partie de l‘île en réponse à un coup d‘état, soutenu par Athènes et les massacres que les massacres des chypriotes turcs orchestrés par l’administration grecque. A l‘époque cette partition du territoire a entraîné des expropriations des deux côtés, les Grecs du nord sont allés dans le sud et les Turcs du sud ont dû fuir au nord. Le droit des réfugiés reste crucial dans les négociations.
Mehmet Ali Talat : “C’est vraiment un problème important… Cela touche tout le monde. Chacun veut quelque chose et bien sûr, quelque chose de différent du voisin. Donc pour réconcilier tout le monde, je veux dire, pour satisfaire les gens, nous devons beaucoup travailler sur cette question.”
Les deux leaders chypriotes doivent se retrouver le 10 octobre pour continuer les négociations. La partie turque de l‘île représente un tiers du territoire. Seule Ankara la reconnaît comme Etat, un "obstacle" vastement instrumentalisé par le camp anti-turc pour entraver la candidature de la Turquie à l’Union Européenne.
Chypre est divisée depuis 1974, date de l’intervention de l’armée turque dans le nord de l’île en réponse à un coup d’Etat d’ultranationalistes chypriotes grecs, soutenus par la dictature des Colonels à Athènes, visant à rattacher de force l’île à la Grèce. Ce putsch avait également pour objectif la destruction de la minorité turque de l’île.
L’intervention militaire turque qui visait à protéger la population turque s’est soldée par la division de l’île en deux entitée politiques, une administration grecque au sud et la République Turque de Chypre du Nord (RTCN).
Des pourparlers sont en cours à l’ONU pour tenter de réunifier l’île, mais le referendum qui s’est tenu en 2005 sous l’égide des Nations Unies a été rejeté par la partie grecque alors qu’il a été massivement approuvé par les Turcs.
Sous la pression de l’administration chypriote grecque et du gouvernement d’Athènes, la RTCN subit un embargo agressif et se trouve politiquement et économiquement isolée sur la scène internationale.
Devant le soutien massif de la population chypriote turque au referendum pour la réunification, l’Union Européenne s’est engagée à mettre un terme à l’isolement de la RTCN, mais elle se heurte depuis au blocage systématique des Chypriotes grecs.