L’équipe tient à souligner que les informations émises dans cette revue de presse ne reflètent pas nécessairement son opinion. Elle s’adresse à un public qui souhaite connaître les sujets traités par les médias francophones relatifs à la Turquie.

Revue de presse du 28 mars 2018
©Turquie-News 2018

REVUE DE PRESSE DU 28 MARS 2018

Chypre : sujet de discorde entre l’union européenne et la Turquie

Ankara rejette les critiques de Bruxelles, concernant les contentieux territoriaux avec la Grèce et Chypre. La semaine dernière, les états membres ont jugé « illégales » ces « actions persistantes ». Ces dernières font référence aux tensions entre Ankara et Nicosie autour des forages gaziers à l’est de Chypre et à la détention de citoyens de l’UE en Turquie précise L’ORIENT LE JOUR. La marine turque aurait empêché un navire italien d’aller forer dans les eaux chypriotes et un patrouilleur turc aurait percuté un navire grec en mer Egée, détaille LE MONDE.

Le Conseil de L’Europe affirme son soutien à la Grèce et à Chypre et exige de la Turquie le respect du droit international et les bonnes relations de voisinage, informe EUROPE 1. Du côté turc, les critiques sont « inacceptables ». Hami Aksoy, le porte-parole du ministère des affaires étrangères a rétorqué « L’Union européenne les soutient parce qu’ils [en] sont membres, sans se demander s’ils ont raison », peut-on lire dans LE MONDE. « Nous ne pouvons accepter la déclaration faite à propos de la Turquie dans les conclusions du Conseil de l’Europe », a pour sa part réagi dans une série de tweets, vendredi, le ministre des affaires européennes turc Ömer Çelik. M. Aksoy a assuré que le sommet prévu pour le 26 mars à Varna, en Bulgarie, entre le président turc Recep Tayyip Erdoğan et les présidents de la Commission européenne et du Conseil européen, Jean-Claude Juncker et Donald Tusk, était "important" pour la Turquie indique ROMANDIE.COM.

Varna, un sommet sous tension

Les medias francophones ont suivi de très près la rencontre à Varna réunissant le Chef d’état turc Recep Tayyip Erdoğan, le Premier ministre bulgare Boyko Borissov, hôte de ce sommet, le président de l’UE Donald Tusk et le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Avant de se rendre dans cette station bulgare, le dirigeant turc a déclaré que "L’adhésion pleine à l’UE reste notre objectif stratégique", rapporte LE FIGARO. FRANCE INTER revient sur les 31 années de relations entre Bruxelles et Ankara qui fait sa demande d’adhésion en 1987. Malgré une croissance à 8%, la commission donne un avis défavorable.

Lors de cette réunion, chaque partie expose ses griefs indique RFI. L’union Européenne reproche à la Turquie son intervention à Afrin, l’absence de respect des droits et des libertés, la dérive autoritaire, le contentieux en mer Méditerranée autour des réserves de gaz. Et M. Juncker a notamment souhaité une levée de l’état d’urgence institué par Ankara ainsi qu’une "nouvelle approche concernant l’emprisonnement de journalistes", précise L’EXPRESS.

Du côté turc, la question des négociations d’adhésion a été relancée. Le ministre des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu estime que la Turquie fait partie du même continent et regrette le regard condescendant de Bruxelles sur son pays, retransmet LE MONDE.

D’autre part, Ankara n’a pas manqué de rappeler la promesse de l’Europe sur la suppression de visas pour les citoyens turcs, l’absence d’efforts sur l’union douanière et le retard de paiement, promis à la Turquie pour accueillir les millions de réfugiés. A peine un peu plus de la moitié a été effectivement déboursée. C’est pourquoi le président turc demande qu’on soutienne plutôt son pays au lieu de le critiquer car il estime avoir joué un rôle essentiel dans la crise des réfugiés et dans la lutte contre le terrorisme, souligne CHALLENGES.

Alors que cette réunion avait pour but d’apaiser des relations houleuses, elle n’a rien donné de concret, relate la presse. Donald Tusk a déclaré à ce propos "Nous ne sommes pas parvenus à un compromis concret" sur les questions essentielles, "Nous continuons d’espérer que cela sera possible à l’avenir ".
Néanmoins, l’UE et la Turquie ne peuvent pas se tourner le dos et rompre leur partenariat stratégique et économique. Elles ont bien conscience qu’elles ont besoin l’une de l’autre, elles ont des intérêts en commun. L’Europe se repose sur la Turquie pour la gestion des flux migratoires. Depuis la signature du pacte entre l’UE et la Turquie, les arrivés de migrants en Europe ont chuté de 97 %. Elle en a besoin aussi pour la lutte contre le terrorisme. Pour la Turquie, l’union européenne est un partenaire commercial indispensable.

Angela Merkel grimée en Hitler

Le journal turc pro gouvernemental Yeni Akit a publié lundi en Une un photomontage montrant la chancelière allemande, Angela Merkel portant la moustache d’Adolf Hitler et l’uniforme nazi, titrant « Nous sommes préoccupés par cette mentalité ».
Ultraconservateur, Yeni Akit accuse l’Allemagne d’abriter des terroristes du PKK, des gulenistes ou encore des membres d’un groupuscule d’extrême gauche, indique LE PARISIEN. Il dénonce également son silence face aux attaques des mosquées imputées à des groupes racistes ou des organisations kurdes, détaille 7/7 BELGIQUE.

Médecins syriens en Turquie

Le journal LA CROIX récupère un reportage de l’AFP sur des médecins et personnel médical syriens dans un centre médico-social pour réfugiés, à Ankara, dans la capitale turque. Grâce « à la mise en place par le gouvernement turc d’une législation extrêmement progressiste pour les réfugiés », selon Félix Léger, en charge en Turquie de la santé pour ECHO, le service d’aide humanitaire de la Commission européenne, finançant en partie ces formations, des médecins refugiés syriens peuvent exercer leur métier.

Médecins et personnel de santé, constitués en partie de réfugiés syriens ont reçu une formation de quelques semaines, gérée par le ministère turc de la Santé et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Ils ont pu prendre ainsi en charge les réfugiés arabophones, dont une grande majorité de Syriens, dans un cadre qui se veut rassurant, explique le quotidien. L’objectif est de certifier les compétences de ces professionnels souvent arrivés en Turquie sans leurs diplômes. Ils peuvent ensuite exercer uniquement dans l’un des 99 centres de soins pour migrants que compte le pays. A ce jour, plus de 800 médecins ont été recrutés.

Contrôle absolu sur les médias turcs

Les médias francophones expriment leur inquiétude sur l’achat de Doğan Holding, le plus gros groupe d’information du pays par Erdoğan Demirören, un milliardaire proche du président Erdoğan. Ils estiment que cette acquisition va étendre encore plus la propagande officielle, notamment à l’approche des élections générales de 2019.

Le milliardaire est déjà présent dans l’énergie, la construction, le tourisme. Et pour 1,1 milliard de dollars (890 millions d’euros) il va posséder les quotidiens Hürriyet, Posta, Fanatik, ainsi que l’agence de presse Doğan et les chaînes de télévision Kanal D et CNN-Türk rapporte LE MONDE. « 90 % des médias [du pays] sont entre les mains de l’exécutif », constate la journaliste Ayşenur Arslan, une ancienne collaboratrice de Doğan Holding. Il reste quelques exceptions comme le journal d’opposition à faible tirage Cumhuriyet.

"Avec ce rachat d’ampleur, y compris de Hürriyet, l’industrie des médias de masse en Turquie passe sous le contrôle politique direct du président Erdoğan", a commenté sur Twitter Kadri Gürsel, grand nom de la presse en Turquie rapporte L’ORIENT LE JOUR.

Par ailleurs, une autre mesure préoccupante pour la liberté d’expression est le vote par le Parlement la semaine dernière d’une loi étendant l’autorité du Haut-conseil turc de la radio et de la télévision (RTÜK) aux contenus audiovisuels publiés en ligne. Cette loi oblige les organisations, locales ou internationales, qui souhaitent diffuser du contenu audiovisuel en ligne à obtenir une autorisation de diffusion auprès du RTÜK, qui aura donc compétence pour les bloquer ou les interdire, signale le quotidien.

La presse rappelle que la Turquie occupe la 155e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF.

Nedim Gürsel s’inquiète

LIBERATION offre une tribune à l’écrivain turc, Nedim Gürsel, qui estime que la Turquie n’est plus une démocratie depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016. Pour illustrer ses propos, il s’appuie sur l’incarcération de journalistes, d’universitaires, d’artistes, de militants. Il pointe l’inexistence d’état de droit. Il met l’accent sur le discours belliqueux et patriotique du gouvernement. C’est pourquoi, l’auteur pense que la Turquie devrait changer de registre si elle veut s’élever au rang de pays démocratiques.

Communistes=terroristes

LA TIRBUNE DE GENEVE révèle l’arrestation de 7 étudiants de l’université du Bosphore à Istanbul. Des étudiants anti-guerre auraient protesté contre la distribution de lokums par des pro-guerre. Le président turc a de suite réagi en traitant les étudiants anti-guerre de « terroristes  ». « Des déclarations (antiguerre) peuvent déranger mais ne peuvent être considérées comme un crime selon le code pénal turc », a souligné Me Aksu Kati Piri, relaye le journal.

Des auteurs turcs aimés des francophones

Mèmed le mince de Yaşar Kemal, La madone au manteau de fourrure de Sabahattin Ali, Un long été à Istanbul de Nedim Gürsel, Encore de Hakan Günday, La moustache de Tahsin Yücel, L’institut de remise à l’heure des montres et pendules d’Ahmet Hamdi Tanpınar, Mon nom est rouge d’Orhan Pamuk, La ville dont la cape est rouge d’Aslı Erdoğan, L’homme désœuvré de Yusuf Atılgan, Sur les terres fertiles d’Orhan Kemal et un extrait de « il neige dans la nuit  » un des nombreux poèmes de Nâzım Hikmet ;

Voilà une liste d’œuvres d’auteurs turc traduits en français, que vous invite à lire ou à relire LE PETIT JOURNAL.COM.

SOURCES :