L’équipe tient à souligner que les informations émises dans cette revue de presse ne reflètent pas nécessairement son opinion. Elle s’adresse à un public qui souhaite connaître les sujets traités par les médias francophones relatifs à la Turquie.

REVUE DE PRESSE DU 27 DECEMBRE 2017

Revue de presse du 27 décembre 2017
©Turquie-News 2017

Congres du dialogue national à Sotchi pour fin janvier

Le trio turc, iranien et russe va de nouveau se retrouver dans la station balnéaire russe de Sotchi, fin janvier 2018, pour traiter du dossier syrien dans la continuité des pourparlers d’Astana. L’objectif étant de réunir le régime de Bachar El Assad et les rebelles. FRANCE 24 souligne que l’intervention de Moscou s’avère plus efficace que l’ONU dans les négociations, conduisant au dialogue politique.

En effet, le processus de Genève a essuyé un échec il y a quelques jours. Du côté du régime syrien, la participation est confirmée, le camp adverse quant à lui, a averti qu’il devait se concerter avant de donner une réponse. Néanmoins, un responsable de l’opposition, Ayman al-Aasemi, s’est montré ouvert "À mon avis, mieux vaut participer que de ne pas y aller" a-t-il déclaré à l’AFP.

Ankara ne semble pas souhaiter la présence des Kurdes mais la composition de l’opposition syrienne n’a pas été rendue publique affirme L’ORIENT LE JOUR. L’EXPRESS récupère le communiqué commun des délégations russes, turques et iraniennes "Les pays-garants confirment leur intention de coopérer dans le but de réunir le Congrès du dialogue national syrien à Sotchi le 29 et 30 janvier 2018, avec la participation de l’ensemble de la société syrienne".

Turquie-Djibouti : vers un renforcement des liens

Le président de Djibouti, Ismael Omar Gueleh (IOG) était en visite officielle à Ankara à la demande du Président Erdoğan, nous informe JEUNE AFRIQUE. Les deux chefs d’Etat se sont entretenus afin d’aborder des questions sur la coopération économique, sanitaire et militaire et d’élaborer des accords bilatéraux et multilatéraux.
L’hebdomadaire rappelle la visite du dirigeant turc en 2015 où des premiers accords avaient été signés entre les deux pays. La Turquie a déjà un pied sur le Littoral, comme dans la construction du barrage hydraulique à Ambouli, sans oublier sa participation dans des projets géothermiques.

Entretien avec la Dame de fer

Meral Akşener, figure emblématique du nationalisme turc, ancienne Ministre de l’Intérieur et fondatrice de la formation politique "Iyi parti" a promis de revenir sur un système parlementaire en cas de victoire aux élections de 2019 peut-on lire dans LE POINT. Elle souhaite se présenter face à Erdoğan qui tient les manettes du pays depuis 15 ans. Elle a pour ambition de créer un rapport de force et de renverser l’AKP. Pour cela, elle tente de rallier les conservateurs, les nationalistes, les déçus de l’AKP.
Les experts estiment qu’elle a toutes ses chances. Elle considère que le système présidentiel voulu par Recep Tayyip Erdoğan est néfaste pour la Turquie "vous donnez tout ce qu’il y a en Turquie, tous les pouvoirs, toutes les décisions à une seule personne", critique Mme Akşener ; c’est pourquoi elle veut rétablir le système parlementaire.
Par ailleurs, l’ancienne ministre Meral rejette la comparaison avec Marine Lepen : "il y a une grande différence entre le nationalisme européen et la vision du nationalisme en Turquie", se défend -t-elle et nie tout sentiment raciste. Elle veut raviver les bonnes relations avec l’occident en cas de victoire et soutient le processus d’adhésion à l’UE.

Vous avez certainement noté que l’actualité turque dans les médias francophones est, depuis la tentative du coup d’état, rythmée par les purges, les arrestations et les procès.

La purge continue

Un éditorial dans LE MONDE s’empare du sujet. Cette semaine, après 140.000 fonctionnaires limogés et 44.000 arrêtés, le gouvernement a annoncé ce dimanche, par un décret, le licenciement de 2.756 membres de la fonction publique soupçonnés d’appartenance à des organisations "terroristes", notamment dans les ministères, l’enseignement et l’armée.

La répression a commencé avec le réseau de Fethullah Gülen, accusé d’être le commanditaire du putsch raté. Par la suite, le régime d’Erdoğan s’est attaqué aux opposants, la gauche, les kémalistes, défendant les valeurs républicaines et laïques, les militants des droits de l’homme insiste le journal. L’acharnement à outrance traduit la faiblesse du pouvoir analyse le journal. La victoire contestée du « Oui » lors du référendum sur la réforme de la constitution a conduit Erdoğan à resserrer les vis. De plus, l’isolement diplomatique, les relations tendues avec l’U.E, les Etats-Unis et l’OTAN ne font que renforcer cet état de fait conclut-il.

Procès de journalistes

Le procès des 17 journalistes et employés de Cumhuriyet a repris lundi 25. Ils sont accusés "d’activités terroristes". Le quotidien suisse LE TEMPS a suivi l’audience sous une ambiance tendue. Un des journalistes jugés accuse la justice d’être "contrôlée par le pouvoir".
Une dizaine de partisans, venue soutenir les accusés, n’a pas hésité à exprimer sa colère en clamant dans la salle « Vous finirez par être jugés un jour  ! » rapporte le journal. RADIO CANADA précise que les accusés risquent jusqu’à 43 ans de prison.

Par ailleurs, une avocate de la défense affirme que « ce procès est le symbole des tentatives visant à faire taire la liberté d’expression en Turquie aujourd’hui. Il est le symbole des pressions exercées contre les journalistes  ».

Une autre procès s’est tenu mardi 26 décembre, celui du représentant de RSF en Turquie, Erol Onderoğlu, accusé lui de "propagande terroriste " en faveur du PKK. A ce sujet, FRANCE INFO a interrogé Jean Marcou, professeur à Sciences Po Grenoble et spécialiste de la Turquie. Il fait le lien avec l’enchainement des procès et les différentes échéances électorales de 2018, législatives, présidentielles et municipales. Le chercheur met l’accent sur l’intimidation et l’humiliation envers la presse. Il estime que l’accusation de terrorisme recouvre "tout et n’importe quoi ". Selon Jean Marcou, cette chasse aux sorcières est un "coup d’état civil" s’appuyant sur l’état d’urgence et permettant de valider plusieurs décrets. Il prédit des mois difficiles dus à une société scindée en deux blocs.

Médias censurés

Les médias sont eux aussi dans le collimateur du gouvernement. FRANCE INTER informe de la fermeture définitive de 102 médias pour « collaboration avec l’organisation terroriste Gülen ». Cependant, selon la station, certains n’ont aucun rapport avec le prédicateur comme les sites ABC Gazetesi ou Medyascope. Avec l’état d’urgence, un décret permet la suppression d’un média ou l’arrestation d’un journaliste. Et avec la purge dans le milieu judiciaire, les accusés ont à faire à des juges jeunes, inexpérimentés, dépendants du pouvoir politique.

Décret qui indigne la classe politique turque

La presse francophone s’inquiète du décret 696, publié dimanche et accordant l’immunité à tous les civils, quelle que soit la nature de leurs actes, dès lors qu’ils agissent au nom de l’antiterrorisme ou pour prévenir une tentative de renversement du gouvernement.

Des avocats et des politiques ont fortement contesté le texte, malgré un gouvernement qui tente de rassurer en expliquant qu’il ne concerne que les événements survenus lors du putsch manqué, rapporte L’ORIENT LE JOUR. Ils craignent tous un sentiment d’impunité de la part des civils. Même l’ancien président Abdullah Gül juge ce décret "préoccupant" et il espère le voir réexaminé. Le président de l’Union des barreaux de Turquie, Metin Feyzioğlu, quant à lui, souligne sa dangerosité et décrit un scénario catastrophe comme d’autres témoignages s’il venait à être appliqué. "Les gens vont commencer à tirer dans la tête d’autres gens dans la rue (...) Qu’avez-vous fait ?!", a-t-il déclaré.

LE MONDE comprend ce décret comme "un permis de tuer" et relaye les déclarations de la classe politique, et même des membres de l’AKP sous le choc. La fondatrice de Iyi parti, Meral Akşener, prête à affronter Erdoğan pour les élections de 2019, craint jusqu’à une "guerre civile" à cause du décret. La Tusiad, l’Association des hommes d’affaires et des industriels turcs va plus loin en demandant la levée de l’état d’urgence qui serait nocif pour les affaires.

Ce texte pourrait conduire à une augmentation des milices privées qui d’ailleurs ont proliférées depuis la tentative du coup d’état comme les foyers ottomans, proches de l’AKP, ou encore « Soyons frères » se désole le journal.

Hakkari, zone sinistrée

Bien que LIBERATION rende compte des abus de la police et de l’armée envers des habitants du village Altınsu, soupçonnés de complicité avec le PKK, il dénonce toutefois que ce dernier, classé sur les liste des organisations terroristes par l’UE et les Etats Unis, a multiplié les attaques contre les civils. Un élu AKP témoigne : « J’étais rentré chez moi vers 19 h 30. Deux heures plus tard, alors que deux de mes enfants s’apprêtaient à prendre ma voiture, le véhicule, garé en bas de chez nous, a explosé. Je n’avais jamais reçu de menace auparavant… Je ne comprends pas ».

Il met l’accent sur le manque de structures et la peur d’investissement à cause de la terreur imposée par le PKK qui ne souhaite pas que la zone se développe. Le chômage chez les jeunes atteint les 80%. Créer des emplois serait un enjeu stratégique contre le PKK précise-t-il.

« Grâce à un prêt d’une banque d’investissements turque, nous avons lancé dans la ville des projets de construction routière, de canalisations, de récupération des eaux de pluie. Pour un montant total de plus de 11 millions d’euros », se félicite Mehmet Kızılkaya, conseiller spécial du kayum d’Hakkari.

Trésor restitué

L’agence turque Doğan informe de la saisie de plus de 26000 objets antiques en Turquie. LE MONDE transmet l’info et indique que 13 trafiquants d’art ont été arrêtés. La police a pu ainsi récupérer des antiquités inestimables : des figurines et un buste entre autres. LE FIGARO met en avant quelques pièces retrouvées comme les bijoux, des figurines, une couronne en or, un buste dédié à la conquête de l’Inde par Alexandre le Grand.
Le quotidien LE MONDE explique que la Turquie lutte depuis des années avec acharnement d’une part, contre les trafics d’arts et les réseaux criminels, d’autre part, pour retrouver son patrimoine archéologique considérable.

Le chat, animal sacré en Turquie

Vous aimez les chats ? vous aimez Istanbul ? C’est donc un film pour vous : Kedi, des chats et des hommes. Les acteurs principaux du film de Ceyda Torun sont des chats. Les héros : Sarı l’arnaqueuse, Bengü la tombeuse, Aslan Parçası le chasseur, Psikopat, Deniz le mondain, Gamsız le joueur, Duman, le gentleman.

Durant 3 mois, la réalisatrice a suivi le quotidien de ces chats errants à travers la ville d’Istanbul qui ne cesse d’évoluer. Elle montre les interactions entre eux et les habitants.

Les médias français sont unanimes, le documentaire leur plait. Les termes « chaleureux », « heureux », montrent le degré élevé d’appréciation. LE POINT le considère comme « un hymne à la pure joie de vivre  » et pense même que les chats nous aident à retomber amoureux.

La comportementaliste Marie-Hélène Bonnet explique dans SLATE.FR que "Ces bêtes ne sont pas adaptées à une vie domestique, contrairement à nos matous de maison habituels. Ils ont, en effet, l’instinct d’un chat libre n’acceptant pas les contraintes des chats de compagnie. ».

La réalisatrice montre la très bonne cohabitation entre les chats et les humains de la métropole turque. « Il n’y a plus cette peur comme avant de l’animal errant, qui attaquait en meute. Le public se rend compte à quel point on est proches  », se réjouit la productrice et journaliste française d’origine turque Reha Hutin.

SOURCES :