L’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic a été évacué mercredi de la salle d’audience après avoir insulté un survivant du massacre de Srebrenica lors de son témoignage devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye.

Ce témoignage marquait le début de la phase du procès consacrée spécifiquement au rôle présumé de M. Mladic dans le massacre de près de 8.000 hommes et garçons musulmans par les forces serbes de Bosnie à Srebrenica (est) en 1995, le pire massacre en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Un peu plus d’une heure après le début de l’audience, Ratko Mladic, très agité, s’est adressé directement en serbo-croate au témoin protégé « RM346 », dont le visage et la voix ont été floutés, en insultant les Turcs. Ses propos n’ont pas été traduits par les interprètes.

« Il est inutile de dire que ce genre de commentaires ne sont pas appropriés », a déclaré le juge Alphons Orie après avoir ordonné l’évacuation de M. Mladic. Il a pourtant indiqué ne pas avoir compris clairement ce qu’avait dit M. Mladic et a ensuite demandé à l’avocat de l’accusé et au témoin ce qu’ils pensaient avoir entendu.

Le témoin a assuré au juge que M. Mladic, 71 ans, « a dit que j’avais tout inventé et que je mentais ».

L’avocat de Ratko Mladic, Branko Lukic, s’est sobrement limité à dire : « ce que j’ai compris, c’est qu’il lui avait dit qu’il avait tout appris par cœur ».

En sortant de la salle d’audience, Mladic a insulté le juge d’ « ours » et a poursuivi ses insultes envers le témoin protégé. Les Serbes extrémistes qualifient les Bosniaques de « Turc », ou de « Turcin » dans le sens de « serbe turquisé ».

Ratko Madic est accusé de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour avoir, selon l’accusation, entrepris le « nettoyage ethnique » d’une partie du territoire de la Bosnie en voulant en chasser à jamais les musulmans, Croates et autres non-serbes.