À 60 km de la Syrie, Gaziantep maintient son dynamisme économique malgré le conflit, mais ses habitants craignent que celui-ci ne finisse par s’étendre jusqu’à eux.

Les visiteurs de la chambre de commerce de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, sont accueillis en haut d’une volée de marches par de colossales colonnes imitant l’art corinthien. L’immense bâtiment est un temple du XXIe siècle, dédié au business. Son style architectural est révélateur de l’état d’esprit de cette dynamique ville turque. Dans une vitrine, parmi les multiples souvenirs offerts par des délégations d’hommes d’affaires, une plaque dorée avec un drapeau syrien présente « les compliments de la chambre de commerce d’Alep ». Ce souvenir d’un temps pas si ancien n’émeut pas grand monde : le rendez-vous le plus important de l’année éclipse la guerre en Syrie, à 60 kilomètres. La Foire internationale du tapis s’ouvre le lendemain, tous les hôtels sont complets.

La sixième ville exportatrice de Turquie était en première ligne lors du rapprochement entre Ankara et Damas amorcé en 2009. Les échanges bilatéraux avaient bondi. La parenthèse de l’amitié turco-syrienne s’est refermée aussi vite qu’elle s’était ouverte, sans ralentir la locomotive économique régionale, qui se concentre sur les autres pays du Moyen-Orient, l’Union européenne et l’Afrique. Dans cette cité moderne, fière de son tramway et de son projet d’écoquartier, la volonté du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan de participer à une coalition internationale dans le pays voisin ren­contre bien souvent peur et rejet. Cette réticence est au diapason de l’opinion turque : selon la dernière enquête rendue publique, sept personnes interrogées sur dix désapprouvent un engagement en Syrie.

Lire la suite sur Le Figaro