Les sondages !... La géographie !...
Voici deux arguments souvent mis en avant par les opposants de la Turquie au projet européen :
Les sondages !... et... La géographie !...
Parlons d’abord de ces sondages que les français aiment tant.
Par exemple du genre de celui d’Eurostat ; le service statistique de la Commission européenne, dont le rôle est de produire des données statistiques harmonisées pour les pays de l’Union européenne.
Non ! La Turquie n’est pas européenne. Parce que... , par Niko d’Ephèse
Un sondage d’Eurostat indiquerait que la moitié des Néerlandais, des Autrichiens, des Polonais et des Allemands se prononçaient contre l’entrée de la Turquie dans l’UE.
Alors les opposants français ont souvent le malin plaisir de mettre ça sur le tapis à chaque fois que l’occasion se présente.
Message reçu !... Mais on aimerait savoir. Que font-ils donc de l’autre moitié ?
Ces gens-là, affirment encore que cette opposition farouche n’est donc pas une attitude franco-française, mais un sujet transnational dont les Européens pourraient librement et démocratiquement pouvoir débattre,
quitte à fâcher Ankara.
J’ai même entendu des réflexions d’un genre plus virulent ;
"- Les européens sont tout de même souverains !.... On ne dépend pas, jusqu’à preuve du contraire, de l’humeur d’un pays tiers tel que la Turquie. Encore heureux !"
C’est affligeant de voir ce qu’ils ont la courte mémoire ces gens-là ;
Puisqu’en effet, Le Conseil européen d’Helsinki, en décembre 1999, présente une avancée décisive vers la reconnaissance du statut de candidat à la Turquie, puisque « le Conseil européen réaffirme le caractère inclusif du processus d’adhésion, qui regroupe maintenant treize pays candidats dans un cadre unique ». La Turquie est donc, à partir de ce moment-là, partie intégrante du processus.
Plus loin, les conclusions du Conseil européen précisent : « Le Conseil européen se réjouit des éléments positifs qui ont récemment marqué l’évolution de la situation en Turquie, et que relève d’ailleurs la Commission dans son rapport sur les progrès réalisés par les pays candidats, ainsi que de l’intention de la Turquie de poursuivre ses réformes en vue de satisfaire aux critères de Copenhague. La Turquie est un pays candidat, qui a vocation à rejoindre l’Union sur la base des mêmes critères que ceux qui s’appliquent aux autres pays candidats.
Dans le cadre de la stratégie européenne actuelle, la Turquie, comme les autres pays candidats, bénéficiera d’une stratégie de pré-adhésion visant à encourager et à appuyer ses réformes ».
Dans ce cadre a été conclu, sous présidence française en décembre 2000, un partenariat pour l’adhésion. Il a été révisé en 2003 et a pour objectif général d’offrir un programme cohérent dans les domaines politiques et économiques pour préparer la Turquie à l’adhésion. Lors des Conseils européens ultérieurs, les Chefs d’État et de gouvernement ont régulièrement noté les « efforts consentis » ou les « mesures importantes prises » par la Turquie pour satisfaire aux critères de Copenhague. Enfin, lors du Conseil européen de Copenhague en décembre 2002, les États membres prennent acte de la conclusion des négociations d’adhésion avec dix États membres et prévoient leur adhésion effective au 1ᵉʳ mai 2004. Parallèlement, « l’Union approuve la Turquie à poursuivre énergiquement son processus de réforme » et lui donne un « rendez-vous » : « Si, en décembre 2004, le Conseil européen décide, sur la base d’un rapport et d’une recommandation de la Commission, que la Turquie satisfait aux critères politiques de Copenhague, l’Union européenne ouvrira sans délai des négociations d’adhésion avec ce pays ».
En conclusion, la possibilité pour la Turquie de se joindre à la construction européenne est mentionnée dès l’accord d’association signé en 1963, mais a été rendue solennelle par le Conseil européen d’Helsinki en décembre 1999, qui a reconnu en elle un pays candidat ayant vocation à rejoindre l’Union. Cette candidature a été confirmée depuis lors par les Chefs d’État et de gouvernement au cours de la plupart de leurs réunions.
Dès lors, il n’y a plus de lieu de revenir sur la question de la vocation de la Turquie à rejoindre l’Union européenne.
Ce n’est pas une question d’humeur d’un pays tiers tel que la France. Ce n’est pas non plus une question d’inamitié et de l’hostilité personnelle du tel ou tel Président.
C’est une question du respect des décisions historiques prises par des plus hautes instances européennes.
La morale de cette histoire :
Ce n’est pas toujours celui qu’on croit qui a des aires d’un marchand de tapis !
Prenons maintenant l’autre pseudo-argument, celui de la Géographie :
En effet, il paraît que la Turquie n’est pas un pays européen, car elle ne se trouve pas sur le continent européen.
L’Union européenne n’est pas un projet de géographie, mais de civilisation.
En tant que candidat officiel à l’adhésion, la Turquie fera partie de cette union à la fin de ses négociations. Celles-ci permettent à la Turquie de se conformer à ce projet qui englobe des critères économiques et démocratiques.
Réduire le projet européen à des frontières géographiques prend sa source de l’ignorance.
Vous y trouverez une excellente réflexion sur cette question de la Géographie d’Eric Glon et de Patrick Picouet, géographes à l’Université des Sciences et Technologies de Lille.
Niko d’Ephèse