Le ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoğlu effectuera une visite critique jeudi en Arménie.

Un nouvel élan pourrait être donné au processus de normalisation des relations avec l’Arménie.

Avant son départ en Arménie pour prendre part à la réunion de l’Organisation de coopération économique de la mer Noire, M. Davutoğlu s’est dit ouvert à toutes les idées et démarches se portant à la paix régionale.

M. Davutoğlu s’est rendu pour signer le cahier de condoléances ouvert à l’Ambassade de l’Afrique du sud à Ankara suite au décès du dirigeant sud-africain Nelson Mandela.

« Tous les peuples, tous les mouvements politiques, doivent s’épauler pour que les idéologies sources de crimes contre l’humanité comme le racisme, la discrimination, qu’il (Mandela) a du lutter, ne puisse s’enraciner dans le monde » a déclaré M. Davutoğlu.

Les membres de la presse ont interrogé M. Davutoğlu sur sa prochaine visite en Arménie.

M. Davutoglu a été interrogé sur l’éventualité d’un entretien avec son homologue arménien Nalbandyan au cours de sa visite à Erevan.

« Les détails de notre programme ne sont pas encore précisés, les préparatifs continuent. » a-t-il indiqué.

Les propos de M. Davutoğlu rappelant que la Turquie était ouverte à toutes les idées et démarches visant la paix régionale étaient une sorte de message adressé à Erevan qui rechigne depuis de nombreuses années à normaliser ses relations avec son voisin turc.

« Pour que cette normalisation puisse instaurer la paix dans le Caucase du Sud, nous avons mis en évidence notre position, notre attitude pour le règlement des questions latentes concernant la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans le cadre de l’intégrité territoriale. Nous sommes ouverts à tous genres d’idées, toutes nouvelles démarches dans ce domaine. Nous aussi, nous sommes ouverts à entamer ou bien développer toutes les formules novatrices, toutes les initiatives nécessaires pour l’établissement de la paix durable dans la Transcaucasie » a ajouté M. Davutoğlu.

Les événements de 1914-1922

Des affrontements inter-ethniques et des déplacements forcés de populations en Anatolie orientale, entre 1914 et 1922, ont fait plusieurs centaines de milliers de morts parmis les Turcs et les Arméniens. L’Empire ottoman était alors engagé dans la Première Guerre Mondiale aux côtés de l’Allemagne et de l’Empire Austro-Hongrois. Dès 1914, des Arméniens ottomans ont massivement pris le parti des Russes, contre les Turcs, se livrant à des massacres de masse et à des pillages dans l’est de l’Anatolie. A la suite de ces événements, le gouvernement ottoman décida d’éloigner une partie de la population arménienne des zones de front et à risque. Ce transfert se solda par un lourd bilan humain.

La Turquie et de nombreux historiens rejettent catégoriquement la thèse controversée d’un "génocide" que le gouvernement ottoman aurait perpétré contre la population arménienne de l’Empire. Cette thèse, défendue par les nationalistes arméniens, est aujourd’hui instrumentalisée afin d’exercer des pressions politiques sur la Turquie, notamment pour entraver la perspective de son adhésion à l’Union Européenne.

Haut-Karabagh

Le Haut-Karabagh est une région d’Azerbaïdjan occupée par l’armée arménienne depuis le début des années 1990. L’invasion arménienne s’est soldée par de violents massacres de civils azerbaïdjanais. Par la suite, l’Arménie a appliqué une politique de purification ethnique en déportant la totalité des survivants azerbaïdjanais de leurs terres.

Aujourd’hui, plus d’un million de réfugiés azerbaïdjanais vivent dans des conditions précaires en attendant de pouvoir éventuellement récupérer leur biens spoliés par l’Etat arménien.

Les terres et maison abandonnées sont "offertes" par l’Etat arménien aux colons (des volontaires ou bien d’anciens prisonniers) installés pour peupler artificiellement les territoires occupés.

Un nombre croissant de pays, d’Etats, de collectivités ou d’instances internationales condamnent les massacres, reconnaissent leur caractère génocidaire ou les qualifient de crime contre l’humanité. De plus en plus de voix demandant à l’Arménie de faire son travail de mémoire et de libérer les territoires qu’elle occupe illégalement (comme stipulé par plusieurs condamnations de l’ONU).

Les organisations nationalistes arméniennes nient les massacres et la déportation du million d’Azerbaïdjanais et se servent de leurs officines en Europe ou en Amérique pour faire pression sur les instances politiques afin de bloquer la résolution du conflit. Certaines campagnes arméniennes, notamment en France ou aux Etats-Unis, vont jusqu’à inverser les rôles et présenter les Azerbaïdjanais comme les agresseurs.

A l’origine peuplé de 150 000 habitants, entre Arménie et Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh ne comprend aujourd’hui plus que des colons arméniens. 30.000 Azerbaïdjanais ont été massacrés, deux millions d’entre eux ont été déportés du HK et des sept régions d’Azerbaïdjan attenantes, prises par les troupes arméniennes lors de l’invasion.

Voir également :
 Imprescriptible, base documentaire sur le Génocide des Azérbaïdjanais
 Nettoyage ethnique, liens sur les purifications ethniques contre le peuple Azerbaïdjanais (1991-1994 et 1918-1920) par les Arméniens
 Karabagh info