Les ravages des troupes russo-assyro-arméniennes pendant la Première Guerre mondiale : une réalité admise par les Britanniques contemporains
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Morgan Philips Price (correspondant de guerre du Manchester Guardian sur le front russo-ottoman en 1916), War & Revolution in Asiatic Russia, Londres, George Allen & Unwin, 1918 :
"Un jour, je suis sorti du camp et je suis tombé sur un petit village khurde [kurde]. Les habitants avaient pour la plupart fui avec les Turcs , mais en descendant la rue, je suis tombé sur les cadavres d’un homme khurde et de deux femmes, avec des blessures à la tête et au corps. Puis deux Arméniens, volontaires de notre camp, sont apparus soudainement en train de porter des choses hors d’une maison. Je les ai arrêtés et j’ai demandé qui étaient ces Khurdes morts. "Oh", ils ont dit, "nous venons de les tuer." "Pourquoi ?", ai-je demandé. Ils prirent un air d’étonnement. "Pourquoi poser une telle question ? Eh bien, nous tuons à vue des Khurdes. Ce sont nos ennemis, et nous les tuons, car si nous les laissons ici, ils nous feront du mal." C’était la seule réponse que je pouvais obtenir. Cet état d’esprit ne voit absolument aucune différence entre les combattants et les non-combattants. Dès lors que la race est en guerre avec une autre, vous êtes libre de tuer à vue tous les membres de cette race, et sa propriété est légalement la vôtre. Cela a sans doute été le droit de la guerre à travers les âges en Arménie, et en fait dans toute l’Asie. L’Europe, après une période courte et peu fructueuse au cours de laquelle elle a tenté d’établir des règles de la guerre et de séparer les civils des combattants, a maintenant dérivé vers les mêmes méthodes primitives. Cela montre l’impossibilité, en tout cas en Asie, de faire d’un seul côté le responsable des dommages causés dans les zones de guerre." (p. 140-141)
W. R. Hay (William Rupert Hay, lieutenant-colonel de l’armée britannique), Two Years in Kurdistan, Londres, Sidgwick & Jackson, 1921 :
"Au début de 1916, Rawanduz était occupée par les Russes et une foule de chrétiens de Perse et d’Arménie qui, avec les soldats russes, ravageaient la campagne, commettant tous les outrages imaginables. La ville entière a été dévastée et est devenue un tas de ruines, à l’exception du quartier supérieur ou résidentiel, où les officiers russes étaient cantonnés. Les Russes ont inspiré une telle terreur et une telle répugnance par leurs ravages que tous les Kurdes d’Arbil, Koi et Rania se sont réunis pour résister à leur avance et plusieurs milliers d’entre eux ont rejoint les forces turques, qui étaient retranchées sur le Kurrek Dagh surplombant la ville. Presque tous les chefs kurdes de ma connaissance étaient là, y compris même le vieux Hama Agha, qui aurait dormi profondément pendant les moments les plus critiques. J’ai entendu des plaintes universelles sur le comportement des officiers turcs à cette occasion, et après quelques jours les Kurdes se sont retirés avec écoeurement ; il est probable que le commandant turc s’est vu dans l’impossibilité de les nourrir , et qu’une masse aussi nombreuse et indisciplinée était plus un obstacle qu’une aide. Les Russes ont été incapables de prendre la place forte sur le Kurrek Dagh et, après deux ou trois mois, ont été contraints de se retirer. L’armée turque a alors réoccupé la ville et a rapidement détruit le peu qui restait, coupant les précieux arbres fruitiers pour le bois de chauffage que les Russes avaient épargnés. Au moment de l’armistice en 1918, il est probable que 20 % seulement de la population originelle du district avait survécu ; ceux-ci étaient dans un état de dénuement avancé, et la majorité aurait certainement péri sans une intervention britannique opportune." (p. 192)
Arnold T. Wilson (lieutenant-colonel de l’armée britannique), Loyalties : Mesopotamia, tome I : "1914-1917", Londres, Oxford University Press, 1930 :
"Au-delà du Jabal Hamrin se trouvaient les forces russes [en 1917] — des "chimaera bombinans in vacuo" de l’imagination de Rabelais. Quelques mois auparavant, nous avions espéré avec confiance les voir implantées à Mossoul, ce qui nous permettrait de réduire nos forces en Mésopotamie et de nous concentrer sur la défaite les Turcs en Palestine. Il était clair à la mi-mai que de tels espoirs devaient être abandonnés. La présence de ces détachements était, en effet, une menace pour nos propres opérations. L’organisation militaire russe était élémentaire : ils vivaient sur le pays, et payaient rarement quoi que ce soit. Ils n’avaient pas d’officiers politiques et pas de liaison avec les habitants. Les frictions suivaient le laxisme, et les tribus se retournaient contre les envahisseurs. Notre réputation ne pâtissait pas peu de la conduite de nos alliés russes : partout où ils étaient passés, la famine et la maladie se tenaient prêtes, comme la machine à deux mains de Milton, à frapper une fois pour toute." (p. 259)
"Ce n’est qu’en 1917 que Khanaqin fut occupée. Le major Soane, officier politique envoyé de son poste à Mandali pour initier un gouvernement civil, eut une tâche d’une extraordinaire difficulté. Toute la campagne avait été ravagée par les Russes et les Turcs, pas qu’une fois, mais à plusieurs reprises. La nourriture était rare et la famine sévissait : il ne restait qu’un tiers environ de la population normale du district, la majorité ayant fui pour échapper à l’oppression ; dans aucune ville de Mésopotamie notre arrivée n’a été plus joyeusement accueillie. Les tribus ont également beaucoup souffert et attaquaient en toute liberté les zones habitées dans toutes les directions. Leurs activités étaient contrées et circonscrites, mais pas entièrement contrôlées , par un corps de Kurdish Levies sous la direction d’officiers britanniques, dont le capitaine R. C. Geard.
De l’autre côté de la frontière, nos difficultés n’étaient guère moins aiguës. La conduite de nos alliés russes , bien pire que celle des Turcs , avait mis entre les mains des agents allemands une arme dont ils se servirent rapidement. Ceci, combiné à un manque de confiance quant à nos intentions définitives, a entravé les efforts du major Soane pour rétablir des conditions normales, bien qu’il fût fortifié par sa connaissance incomparable des gens, de leur langue et de leurs habitudes, et sa connaissance personnelle de chaque chef important. Cependant, il n’a pas tardé à acquérir un prestige personnel et une réputation qui, on peut le dire, survivront plus d’une génération. Son livre To Mesopotamia and Kurdistan in Disguise est un classique, mais il ne donne qu’une pâle image de la personnalité farouche, dominante et indomptable de l’auteur. La proclamation du général Maude aux Arabes a été utilisée à notre détriment, dans ce domaine, par les agents allemands et turcs , qui ont souligné que l’existence des Kurdes était ignorée, et que cela ne voulait rien dire d’autre qu’ils seraient placés sous le talon des Arabes haïs et méprisés. " (p. 266-267)
Arnold T. Wilson, Loyalties : Mesopotamia, tome II : "1917-1920", Londres, Oxford University Press, 1936 :
"Les difficultés de la Force [britannique] en Perse ont été considérablement accrues par les conditions effroyables qui existaient le long de la route et dans le nord de la Perse en général. De Khanaqin à Enzeli, la famine a prévalu, sans être atténuée par l’effort public et sans être soulagée par la charité privée. Au cours des derniers mois de 1914, et en 1915 et 1916, toute la région à l’ouest du lac d’Ourmia avait été dépouillée de ses approvisionnements et de ses troupeaux par les Russes ou les Turcs ou, trop souvent, par les deux. A l’hiver 1915/16, les Russes avaient pénétré jusqu’à Rowandiz, en emportant tout ce qu’ils pouvaient et en brûlant ce qui restait. Les vergers ont été détruits soit en prenant les arbres pour le bois de chauffage, soit en coupant les canaux d’irrigation. Les hommes capables de porter les armes ont été tués ou chassés, et seuls les femmes et les enfants, les vieillards et les chiens ont été laissés pour mourir de faim au milieu des ruines fumantes de leurs maisons. Les chiens ont survécu le plus longtemps. Lorsque les Russes étaient en phase ascendante, ce sont les villages musulmans qui ont souffert, car ils avaient souvent montré une sympathie active pour leurs coreligionnaires : lorsque les Turcs ont gagné du terrain, c’est sur les villages arméniens qu’ils ont, pour la même raison, exercé leur vengeance, aidés par les Kurdes qui ont survécu.
Au début de 1917, les troupes russes atteignirent Khanaqin, elles avaient inauguré un règne de terreur tout le long de la route. Aucun voyageur à l’extérieur de la ville, aucune femme à l’intérieur, n’était à l’abri des agressions commises par les Cosaques. Pendant les premières semaines, la nourriture était payée pour moitié en argent et pour moitié en billets russes : par la suite en billets seulement, à des taux arbitraires. Lorsque la marée de la guerre passa sur eux, ils se retirèrent, détruisant les récoltes et le bétail qu’ils ne pouvaient pas enlever. Ce n’est que dans les plus grandes villes qu’ils n’ont pu agir ainsi ; à Kirmanshah et Hamadan, et à Sultanabad, Tabriz et Qazvin, de grandes réserves de blé existaient malgré la mauvaise récolte de 1917. Ces réserves étaient entre les mains de quelques riches propriétaires terriens (y compris feu sa Majesté le Sultan Ahmad Shah) et de marchands de céréales, qui se sont réunis pour maintenir le prix, quelles qu’en soient les conséquences. Le blé était là, mais pas l’argent pour le payer. A Hamadan, sur une population de 50.000 habitants, au moins un tiers était au bord de la famine et une vingtaine ou plus de morts par famine se produisaient chaque jour ; à Kirmanshah, la situation n’était pas moins aiguë. Quand je suis monté sur la route de Khanaqin en avril 1918, j’ai vu un spectacle dont j’espère ne plus jamais être le témoin — un peuple entier périssant faute de nourriture." (p. 31-32)
Le lieutenant-colonel Edward W. C. Noel (officier du renseignement britannique), rapport de 1919, source : Stanford J. Shaw, From Empire to Republic. The Turkish War of National Liberation, tome II, Ankara, TTK, 2000, p. 922 :
"Au terme de trois mois passés à sillonner la région occupée et dévastée par l’armée russe, ainsi que par ses supplétifs chrétiens, durant le printemps et l’été 1916, je n’ai aucune hésitation à dire que les Turcs pourraient présenter autant de charges valables contre leurs ennemis que ceux-ci n’en ont présentés contre les Turcs dans la lettre du colonel Agha Petro. Selon les témoignages quasi unanimes des habitants comme des autres témoins oculaires, les Russes, à l’instigation des Nestoriens et des Arméniens qui les accompagnaient, leur chef étant Agha Petro lui-même, tuèrent et massacrèrent sauvagement, sans distinction d’âge ni de sexe, tous les civils musulmans qui tombèrent entre leurs mains. Un exemple typique peut être fourni par l’anéantissement de la ville de Rowanduz, et le massacre général de ses habitants.
Alors que le colonel Petro peut citer des exemples isolés d’atrocités turques, celui qui voyage dans les districts de Rowanduz et Neri pourra trouver des preuves très nombreuses, systématiques, des horreurs commises par des chrétiens contre les musulmans. Il est difficile d’imaginer quelque chose de plus total, de plus complet. Je mentionnerai aussi que, selon le témoignage des populations kurdes, le colonel Agha Petros est le mauvais génie des Russes, et fut en grande partie responsable des excès commis par eux."
Sur les conclusions du capitaine C. L. Woolley (officier du renseignement britannique) : Le massacre massif des Kurdes par les Arméniens de l’armée russe durant la Première Guerre mondiale
Sur les sources russes : Les sources documentaires ottomanes et russes démentent les mensonges de Taner Akçam
Les volontaires arméniens de l’armée russe : des criminels de guerre
Première Guerre mondiale : l’occupation russe de l’Anatolie orientale
Sur les sources allemandes : Ernst Jäckh et les Arméniens
Le point de vue du publiciste allemand Ernst Jäckh sur les massacres d’Arméniens
Les Arméniens et la pénétration allemande en Orient (époque wilhelmienne)
Atrocités arméniennes : une réalité admise par les Allemands contemporains (en public et en privé)
Cemal Azmi Bey et les Arméniens
Ali Fuat Erden et Hüseyin Hüsnü Erkilet : d’une guerre mondiale à l’autre
Mémoires de guerre : les contradictions entre le général Ludendorff et le maréchal Hindenburg
Sur les sources américaines : Les témoignages américains sur la tragédie arménienne de 1915
Première Guerre mondiale : les efforts pour ravitailler et aider les déportés arméniens
Les enquêtes diligentées par le gouvernement américain en Anatolie orientale (1919-1920)
Sur les témoignages français (le lieutenant Nicolas Gasfield et le docteur Paul Caujole) : Les massacres de musulmans persans à Ourmia (1918)