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Anahide Ter Minassian , "La diaspora arménienne", Hérodote, n° 53, 2e trimestre 1989, p. 127 :

"Depuis la fin de l’année 1915, la plus grande partie de l’Arménie turque est occupée par l’armée russe. Mais ces territoires sont vides d’Arméniens. Ces derniers ont été soit massacrés soit déportés dans les déserts de Syrie et d’Irak , soit ont trouvé refuge en Perse et au Caucase. Si, en automne 1916, Boghos Nubar Pacha , le président de la Délégation nationale arménienne à Paris, négocie avec les gouvernements français et anglais la création d’une Légion d’Orient dont les recrues seront à 90 % arméniennes dans le but d’obtenir des compensations pour l’Arménie au moment du règlement de paix, il ignore que les accords secrets Sykes-Picot (mai 1916) prévoient après la victoire le partage de l’Arménie et des Arméniens entre la Russie qui recevrait le Plateau arménien et la France à qui reviendrait la Cilicie. "

André N. Mandelstam , "La politique russe en Arménie turque à la veille de la Grande Guerre, II : L’action réformatrice des puissances en Arménie turque pendant les années 1913 et 1914", Le Monde slave, mars 1935, p. 340-341, note 1 :

"Dans la suite, les négociations entre la France et l’Angleterre s’ouvrirent au sujet de l’établissement de zones d’influence dans une grande partie des possessions asiatiques de l’Empire ottoman. Ces pourparlers aboutirent à un accord préalable, appelé d’après les noms de ses négociateurs l’accord Sykes-Picot. Cet accord a été sanctionné par un échange de lettres entre M. Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres (9 mai 1916), et Sir Edward Grey, secrétaire d’Etat britannique (15 et 16 mai 1916). En vertu de cet accord, des zones comportant le droit d’administration directe ou indirecte furent attribuées : à la France, dans la Syrie côtière et inférieure, en Cilicie et dans les territoires de l’Est, ainsi qu’en Haute-Mésopotamie ; à l’Angleterre en Basse-Mésopotamie et dans le territoire compris entre une ligne Kaïffa-Tekrit, au Nord, et une ligne Akaba-Kouveit, au Sud.

Cet accord préalable anglo-français fut communiqué au gouvernement russe, par un mémoire des ambassadeurs de France et de Grande-Bretagne, le 9 mars/25 février 1916 (Razdel, n° LXXXIV, pp. 154-157). Dès lors, le plan de la création d’une Arménie autonome s’écroula automatiquement, la Russie s’étant obligée d’avance à reconnaître à ses alliés des compensations en Asie turque en échange de la reconnaissance de ses prétentions sur Constantinople et les Détroits. En même temps devinrent nécessaires des pourparlers pour fixer la part de la Russie dans l’Arménie turque, laquelle, après les massacres de 1915 , ne pouvait être laissée sous la souveraineté du sultan.

Dans son rapport à l’empereur du 1er/14 mars 1916, M. Sazonov constate que les Alliés concèdent à la Russie tout le territoire compris entre la mer Noire et une ligne commençant au lac d’Ourmia et se dirigeant vers l’Anamour au Sud de Van, Bitlis, Mouch et Kharpout. Il rappelle que la Russie avait consenti à attribuer à la France seulement la Syrie et la Cilicie ; si l’on ne pouvait maintenir ce point de vue, on devrait insister du moins sur l’inclusion dans la zone russe du district d’Ourmia et des défilés de Bitlis, en accordant aux Français des compensations dans le rayon du triangle Sivas-Kharpout-Diarbékir (Razdel, n° LXXVII, pp. 160-161).

Le 17/4 mars 1916, M. Sazonov adresse aux ambassadeurs de France et de Grande-Bretagne un mémoire où il déclare que le gouvernement russe se déclare prêt à reconnaître son désintéressement complet dans une région située au Sud d’une ligne traversant Amadia, Ibn Omar, Diarbékir, Samsat, Marach, Adana, et acceptera tout accord à ce sujet entre la France et l’Angleterre, mais insiste sur la nécessité d’inclure dans la zone russe les défilés de Bitlis et de la région du lac d’Ourmia et propose de céder en échange à la France le territoire de la Petite Arménie entre Sivas-Kharpout-Césarée. Le mémoire conclut : « Il va sans dire que le consentement de la Russie aux points précédents reste subordonné à la réalisation de son entente avec la France et l’Angleterre relative à Constantinople et aux Détroits » (Razdel, n° LXXX, pp. 163-164).

Peu après, l’entente entre la France et la Russie au sujet de la délimitation de leurs « zones » en Asie mineure s’effectue par la voie d’un échange de notes entre M. Sazonov et M. Paléologue, à la date du 26/13 avril 1916. En vertu de ces documents, la Russie « annexe » les régions d’Erzeroum, de Trébizonde , de Van et de Bitlis et une région du Kurdistan située au Sud de Van et de Bitlis ; en revanche, elle consent à un agrandissement de la part française, en reconnaissant à la France la propriété du territoire compris entre l’Ala Dagh, Césarée, l’Ak Dagh, Yildiz Dagh, Zara, Eghin et Kharpout. La note de M. Sazonov se réfère à son mémoire du 17/4 mars contenant sa réserve au sujet de Constantinople et des Détroits (Razdel, CIII et CIV, pp 185-188).

Il est évident que cet accord met fin à tous les espoirs arméniens de création d’une Arménie autonome. Aussi M. Izvolskij attire-t-il, dès le 1er mai/18 avril 1916, l’attention de M. Sazonov sur le fait que Boghos Nubar Pacha continue sa propagande à Paris, en ajoutant qu’il prend lui-même les mesures nécessaires afin d’écarter de la Russie tout soupçon d’appuyer cette propagande (Razdel, n° CV, p. 188)."

Voir également : 1912-1914 : la réactivation du thème de l’"autonomie arménienne" et les velléités de la Russie tsariste sur les vilayet d’Anatolie orientale

1914 : le soulèvement kurde contre l’application du plan de réformes arméniennes

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http://armenologie.blogspot.com/202... La politique arménienne de la Russie tsariste

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