C’est lors de sa rencontre avec Nicolas Sarkozy vendredi 13 novembre, que le président syrien a rejeté la demande israélienne de passer à des discussions directes. Il accuse Benyamin Netanyahou de "jouer avec les mots" lorsqu’il propose de le rencontrer "en tout lieu et à tout moment, sans conditions préalables". Seuls les échanges indirects par l’intermédiaire de la Turquie sont pour lui acceptables.
Le président syrien était en visite à Paris en fin de semaine, deux jours après celle du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.

Alors que mercredi 11 novembre, le Premier ministre israélien s’était dit prêt à le rencontrer "à tout moment et où que ce soit pour reprendre les négociations de paix", le président syrien considère qu’une telle entrevue ne serait pas fructueuse.

"Il existe un médiateur qui est la Turquie . Il existe également un soutien français et européen à ce processus" a-t-il affirmé, "si M. Netanyahou est sérieux, il peut envoyer son équipe d’experts, nous enverrons les nôtres en Turquie, alors ils pourront parler s’ils sont vraiment intéressés", a-t-il poursuivi en reprochant à Israël de "jouer sur les mots". "La Syrie n’a pas de conditions, la Syrie a des droits et la Syrie ne cédera jamais sur ces droits", a-t-il réaffirmé vendredi 13 novembre.

Bien que le gouvernement israélien n’ait toujours pas répondu aux propos syriens, la piste de nouvelles discussions directes entre la Syrie et l’Etat hébreu semble compromise. Le fond du problème reste en autre la restitution du plateau du Golan. "De quoi parlons-nous, parlons-nous du menu ou de la restitution de la terre ?", a répondu vivement le chef de l’Etat syrien, lorsqu’on lui a demandé s’il était prêt à saisir la main tendue. "Moi je dis que nous parlerons de la restitution des territoires, et pour ce sujet il y a un cadre de référence, il y a également des mécanismes qui existent. Ce sont les négociateurs qui sont spécialisés dans ces négociations qui maîtrisent ces mécanismes, c’est ni moi, ni M. Netanyahou ", a-t-il ajouté.

La Turquie comme médiateur, ce n’est pas une première… En effet, Ankara a déjà tenu ce rôle à plusieurs reprises. Mais cette fois-ci, la France est également désignée comme étant l’intermédiaire idéal. Dans une interview enregistrée vendredi après-midi et diffusée sur France Télévision, le président syrien évoque le rôle important que pourrait jouer la France dans la reprise des négociations de paix. Il estime que Paris "devrait soutenir la médiation turque et persuader Israël de se rasseoir à la table des négociations ".

A l’Elysée, le président Sarkozy reste prudent. "Dissipons tout malentendu. Sur la question du processus de paix, il ne s’agit sûrement pas de mettre en concurrence les uns et les autres mais au contraire de conjuguer leurs efforts ", a-t-il déclaré au journal arabe el-Watan. "Chacun peut et doit avoir sa place : outre les acteurs régionaux, la Turquie, la Russie également, les Européens et les Etats-Unis ont aussi leur rôle à jouer, avec leurs atouts, leur valeur ajoutée", a-t-il poursuivi, jugeant que les atouts de Paris sont ses "relations étroites à la fois avec Israël et avec la Syrie ".

Cependant, désireux de créer une ouverture pour la paix au Proche-Orient, le chef de l’État français a évoqué avec son homologue syrien ses projets de conférence internationale de paix réunissant les principaux acteurs du Proche-Orient, dont il s’était également entretenu mercredi 11 novembre avec le Premier ministre israélien

Selon le quotidien israélien Haaretz, cette conférence réunirait le roi de Jordanie Abdallah II, le président égyptien Hosni Moubarak, le président libanais Michel Sleimane, ainsi que des représentants du Quartet (USA, UE, Russie, ONU), mais également les présidents syrien et palestinien, Bashar el-Assad et Mahmoud Abbas.

M. Sarkozy aurait d’ailleurs appelé jeudi 12 novembre au téléphone M. Abbas pour lui faire part de cette proposition. Toujours selon le quotidien israélien, M. Netanyahou ainsi que M. Abbas ne seraient pas contre une telle proposition. Affaire à suivre.

Par Joanna Maman pour Guysen International News
Dimanche 15 novembre 2009 à 21:51