Avec le soutien du Comité d’Etat pour la diaspora et Association Dialogue France Azerbaïdjan
La Victoire au Karabagh : Une Libération et un Hommage à la Mémoire d’Atatürk
La Victoire au Karabagh : Une Libération et un Hommage à la Mémoire d’Atatürk
Le 10 novembre 2020 a marqué un tournant historique dans le Caucase : l’Azerbaïdjan a libéré le Haut-Karabagh, territoire disputé depuis des décennies avec l’Arménie.
Toutefois, bien que la date officielle de la fin du conflit soit le 10 novembre, l’Azerbaïdjan a décidé de célébrer cette victoire le 8 novembre, par respect pour la mémoire de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie. Ce choix témoigne non seulement de la victoire militaire mais aussi de l’alliance et des valeurs partagées entre l’Azerbaïdjan et la Turquie.
La fin d’un conflit de longue durée
La libération du Karabagh, survenue après plusieurs semaines d’intenses combats, représente la victoire la plus marquante pour l’Azerbaïdjan depuis son indépendance après l’effondrement de l’Union soviétique. Depuis les années 1990, cette région avait été le théâtre de conflits armés récurrents entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, causant des milliers de pertes humaines et des déplacements de populations.
Le 10 novembre, un cessez-le-feu a été signé, mettant fin aux affrontements et restituant à l’Azerbaïdjan le contrôle de territoires perdus. Cette date symbolise la fin de longues années de tensions et de souffrances pour les Azerbaïdjanais qui aspiraient à la récupération de leur territoire.
L’hommage à Atatürk : le 8 novembre
Pourquoi l’Azerbaïdjan choisit-il de célébrer cette victoire deux jours avant la date réelle de la libération ?
Le 10 novembre est une journée de deuil en Turquie, commémorant la mort de Mustafa Kemal Atatürk, le "Père des Turcs", décédé en 1938. Atatürk est une figure emblématique qui symbolise non seulement le renouveau de la Turquie mais aussi l’amitié profonde qui lie les peuples turc et azerbaïdjanais.
En choisissant de célébrer le jour de la victoire le 8 novembre, l’Azerbaïdjan rend hommage à cette mémoire et montre son respect pour la Turquie, son alliée proche. Cette décision souligne les valeurs et les objectifs partagés entre les deux nations et témoigne de leur coopération étroite sur la scène internationale, notamment dans les domaines de la sécurité et de la défense.
Une fête nationale de fierté et de solidarité
Le 8 novembre est désormais une journée marquée par des festivités, des cérémonies, et des rassemblements en Azerbaïdjan, reflétant la fierté nationale et l’unité retrouvée du pays. La population y voit la concrétisation d’une longue lutte pour la souveraineté et la paix.
Dans les rues de Bakou et de nombreuses autres villes, les drapeaux azerbaïdjanais et turcs flottent ensemble, symbolisant cette alliance solide et l’espoir d’une nouvelle ère pour le Caucase.
En commémorant la victoire le 8 novembre, l’Azerbaïdjan montre que cette date ne concerne pas uniquement un triomphe militaire mais aussi une victoire morale, une célébration de l’identité et de la solidarité avec ses alliés.
La décision de l’Azerbaïdjan de célébrer la libération du Karabagh le 8 novembre est bien plus qu’un simple choix symbolique. Elle reflète la reconnaissance du peuple azerbaïdjanais envers Mustafa Kemal Atatürk et la Turquie, ainsi que l’importance des liens culturels et stratégiques qui unissent les deux pays. Le 8 novembre est désormais une date clé pour l’Azerbaïdjan, commémorant à la fois la victoire historique du pays et l’esprit de fraternité avec la Turquie.
Mustafa Kemal Atatürk, né en 1881 et décédé le 10 novembre 1938, est le fondateur et premier président de la République de Turquie. Connu comme le "Père des Turcs" (ce que signifie littéralement "Atatürk"), il a joué un rôle crucial dans la transformation de l’Empire ottoman en un État moderne et laïque, la Turquie. Sa vision et ses réformes ont profondément changé le pays et influencent encore aujourd’hui la société turque.
Un leader militaire remarquable
Avant de devenir une figure politique majeure, Atatürk s’est illustré comme un grand stratège militaire. Pendant la Première Guerre mondiale, il a remporté des victoires notables, notamment lors de la bataille des Dardanelles à Gallipoli (1915), qui est devenue un symbole de résistance et de fierté pour le peuple turc.
Après la défaite de l’Empire ottoman, la Turquie était occupée par les Alliés, et Atatürk a alors dirigé une guerre d’indépendance (1919-1923) contre les forces étrangères et les éléments monarchistes. Cette guerre a culminé avec la fondation de la République turque en 1923, et Atatürk en est devenu le premier président.
Le fondateur de la République turque
Atatürk avait une vision claire pour la Turquie : faire du pays une nation moderne, laïque et indépendante. Pour ce faire, il a introduit de profondes réformes politiques, économiques, sociales et culturelles qui ont transformé le pays en seulement quelques années :
Réformes politiques : Atatürk a aboli le sultanat en 1922 et le califat en 1924, mettant fin à des institutions religieuses de l’Empire ottoman et établissant un État républicain. Il a également mis en place une nouvelle constitution, fondée sur la séparation des pouvoirs et les principes républicains.
Laïcité : Une des réformes les plus marquantes d’Atatürk a été de faire de la Turquie un État laïc, où la religion et l’État sont séparés. Il a supprimé la charia dans le système juridique, interdit les vêtements religieux dans la fonction publique, et fermé plusieurs institutions religieuses.
Modernisation sociale : Il a introduit des réformes pour promouvoir l’égalité entre hommes et femmes, encourageant notamment l’éducation des femmes et leur accès au monde du travail. En 1934, les femmes turques ont obtenu le droit de vote et de se présenter aux élections, un progrès significatif pour l’époque.
Réformes culturelles et linguistiques : Atatürk a initié la transition de l’alphabet arabe vers l’alphabet latin, facilitant l’alphabétisation et l’ouverture vers le monde occidental. Il a également encouragé l’adoption de styles de vie et de modes de pensée plus modernes.
Développement économique : Atatürk a promu l’industrialisation et la modernisation de l’économie turque, en investissant dans les infrastructures, les industries et les entreprises nationales pour réduire la dépendance économique de la Turquie.
Son héritage et sa mémoire
Mustafa Kemal Atatürk reste une figure majeure et respectée en Turquie et au-delà. Son mausolée, l’Anıtkabir, à Ankara, est un lieu de pèlerinage pour de nombreux Turcs. Chaque année, le 10 novembre, date de son décès, la nation s’arrête brièvement pour lui rendre hommage.
L’héritage d’Atatürk, surnommé le kémalisme, continue de marquer la politique et la culture turques. Ses idées d’une Turquie moderne, laïque et nationale ont servi de fondement idéologique pour de nombreux leaders et partis.
Atatürk a profondément transformé la Turquie en moins de deux décennies, en l’élevant au rang de nation moderne et laïque. Son influence reste vivante, et ses idéaux continuent de façonner l’identité et le destin du peuple turc. Pour les Turcs, il incarne le courage, la modernité et l’unité nationale, et il est respecté comme une figure historique d’une importance inestimable.