Il fallait être très fort pour battre la Turquie devant son public. La Serbie a été forte mais ça n’a pas suffi. « L’équipe serbe a été la meilleure ce soir mais elle a perdu, cela fera partie de son expérience », estime son entrâineur, Dusan Ivkovic, qui devrait quitter ses fonctions après le match pour la médaille de bronze ce dimanche contre la Lituanie (18h00). « Elle a fait un meilleur match », concède le coach de la Turquie, le Monténégrin Boscia Tanjevic. En tête de la 4e à la 37e minute, sauf deux égalités (15-15, 8e et 46-46, 24e), la Serbie n’a jamais réussi à distancer son adversaire, frôlant la barre symbolique des dix points d’avance sans la toucher. « J’avais avant le match dit qu’il se jouerait en première mi-temps », a rappelé Ivkovic.
Les Serbes repassent en tête à quatre secondes de la fin sur un panier de Velickovic...
Malgré la vista de Milos Teodosic (13 points, 11 passes), particulièrement visible dans la troisième période où il a creusé le plus gros écart du match (56-48, 26e) quasiment à lui tout seul, les Turcs étaient toujours là, prêts à faire exploser une Sinan Erdem Arena bourée jusqu’aux ceintres. Le public, déjà chaud mais sur courant alternatif, n’attendait qu’une étincelle. Mais pendant longtemps, les Serbes ont joué les pompiers, éteignant les retours turcs à coups de trois points (9/18 après trois quarts-temps). Même quand le meneur turc Kerem Tunceri a fait passer les siens en tête (76-75, 37e) et que le public a grondé de plaisir, ils sont restés dans le match. Leur sang-froid leur a donné l’illusion de la victoire quand ils sont repassés devant à quatre secondes de la fin (81-82) à la suite d’un mouvement collectif exécuté comme à l’entraînement.
« Notre match plus le plus dur »
Il fallait donc être très fort pour battre la Serbie. La Turquie a été très, très forte et elle va disputer sa première finale dans un Mondial, neuf ans après sa seule finale lors d’un Euro, déjà à Istanbul. Ne nous demandez pas de pronostic, cette équipe-là est capable de tout et ça tombe bien, on lui demande tout et même plus. Sous les yeux du président Abdullah Gül et d’un aéropage de ministres, les Turcs ont pourtant été fébriles pendant de très longues minutes. Trop de pression ? Difficulté à s’adapter face à une équipe qui lui offrait enfin du répondant, ce qui n’avait pas été le cas en huitièmes et quarts de finale ? « Cela a été notre match plus le plus dur du tournoi, considère Tanjevic. Les Serbes ont eu une grosse préparation. Ils étaient très bien organisés en défense comme en attaque grâce au Maestro (Ivkovic), qui pouvait compter sur neuf joueurs. »
Tepic : « On s’est bien battus mais on a raté quelques actions défensives importantes à la fin, ça a été la clé »
Au final, la Turquie a encaissé 21 points de plus que d’habitude. Certains intérieurs (Asik, Gonlum) ont ratés nombres de nombreux paniers de près. Ersan Ilyasova (6 points) n’a jamais réussi à se défaire de la défense de Nikla Velickovic. Hedo Turkoglu (16 points) a beaucoup fait mais n’a marqué que 3 points de ses 16 points dans le dernier quart-temps. Pourtant la Turquie a gagné. Quand les Serbes ont commencé à trember à trois points (4/11 dans la dernier période), elle a forcé sa chance. « On s’est bien battus mais on a raté quelques actions défensives importantes à la fin, ça a été la clé », regrette le Serbe Milenko Tepic. La lumière est venue des "petits", Ender Arslan (12 points), Omer Onan (14 points) et Tunceri (12). Avec quatre secondes à jouer, ce dernier s’est retrouvé seul et a réussi le double pas de la victoire. « Il n’y avait pas de tactique sur cette action », se marre Tanjevic. « Trois joueurs étaient dans le plan et c’est tombé sur moi, corrige Tunceri. Je suis très fier. C’était un match fascinant. » Pour Tepic, c’est plutôt « une très dure défaite. »
Source : L’Equipe