100e anniverssaire de la république de Turquie

Europe

La Turquie sans l’UE ?

Publié le | par Ilker TEKIN | Nombre de visite 272

Depuis sa création en 1923, la Turquie s’est donnée l’Occident comme modèle, et a donc été dans un mouvement continu de rapprochement avec la civilisation occidentale. Ainsi, parmi les étapes importantes de ce processus citons :

- 1926, le code civil que la Turquie adopte est inspiré par celui de la Suisse,
- Le principe de laïcité qui est inscrite dans sa Constitution a pour modèle la laïcité française,
- 1928, elle adopte l’alphabet latin,
- 1934, elle accorde le droit de vote aux femmes,
- 1949, la Turquie est le premier pays musulman à reconnaître l’Etat d’Israël,
- Durant la guerre de Corée, de 1950 à 1953, l’armée turque est dans le camp occidental contre la Chine communiste, près de 800 soldats turcs trouveront la mort et plus de 2000 seront blessés,
- 1952, elle rejoint l’OTAN, durant la guerre froide la Turquie sera ainsi en première ligne contre l’armée soviétique,
- 1961, elle siège au conseil de l’OCDE (organisation de coopération et de développement économiques),
- 1987, elle présente officiellement sa candidature à l’adhésion à la Communauté européenne,
- 1992, elle accède au statut de membre associé de l’Union de l’Europe occidentale (UEO).
- 1995, elle devient membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC),
- En raison de son pro-occidentalisme, la Turquie sera en froid avec ses voisins (arabes, perses, russes) qui soutiendront contre elle le terrorisme kurde (PKK),
- L’économie turque est une économie de marché ouverte où le commerce extérieur représente plus de la moitié du PIB,
- 2004, le Conseil européen de Bruxelles décide de donner son aval pour l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Turquie le 3 octobre 2005.

Depuis près de 90 ans, la Turquie est donc dans un mouvement de rapprochement avec la civilisation occidentale, plus particulièrement européenne, et d’intégration de celle-ci dans sa propre civilisation. Or, sans remettre ce mouvement en cause, le rejet de sa candidature à l’UE, qui a pris des formes extrémistes et xénophobes depuis 2004, contraint la Turquie à repenser son avenir et sa stratégie géopolitique.

C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier le rééquilibrage des relations économique et politique de la Turquie entre l’Ouest et l’Est, ceci dans l’optique d’assurer une alternative viable à son adhésion à l’Union Européenne devenue incertaine. En effet, l’UE est de plus en plus versatile dans ses engagements vis-à-vis de la Turquie, si bien que même la décision de l’ouverture des négociations d’adhésion en 2004 a failli échouer en raison de l’opposition principalement de la France.

Par ailleurs, on peut se poser la question de la cohérence de la politique européenne, qui, d’une part, et pour des raisons assez détestables, rejette la Turquie, qui pourtant veut intégrer les valeurs européennes, et fait, d’autre part, la promotion de ces valeurs ou tente de les imposer ailleurs – à moins qu’il ne s’agisse que d’affaires publicitaires.


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