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La "très démocratique" Suisse rejette l’Islam

Publié le | par Ali Bal | Nombre de visite 263
La "très démocratique" Suisse rejette l'Islam

Après les affiches appelant à bouter les « moutons noirs » étrangers hors de Suisse, la propagande de la droite populiste avait encore fait scandale : ses affiches représentaient une femme complètement voilée devant le drapeau suisse couvert de minarets, dont la silhouette stylisée évoque des missiles.

A la surprise générale, les Suisses ont approuvé à 57% l’initiative de la droite populiste contre les minarets.

Contre toute attente et défiant tous les sondages, les Suisses ont approuvé en majorité dimanche l’initiative de la droite populiste d’interdire la construction des minarets. Le « oui » l’emporte avec 57% des voix.
En outre, la plupart des 26 cantons helvétiques seraient également favorables à l’initiative. Seuls Genève, Vaud, Neuchâtel et Bâle-Ville y sont opposés. Cette double majorité va entraîner la modification de l’article 72 de la Constitution suisse qui régit les relations entre l’Etat et les religions. L’interdiction de la construction de minarets y sera présentée comme une mesure « propre à maintenir la paix entre les membres des diverses communautés religieuses ».

La victoire du « oui » constitue une claque pour la communauté musulmane helvétique. « C’est indigne de la Suisse », a dénoncé le président de la Coordination des organisations islamiques en Suisse (COIS).
« Les partis suisses auraient dû davantage s’engager dans la campagne », estime-t-il. Ce raz-de-marée contredit les dernières enquêtes d’opinion qui prédisaient un rejet à 53% de la proposition de l’UDC (Union démocratique du centre, une formation populiste de droite) et de l’Union démocratique fédérale (UDF, droite chrétienne).

Ce résultat est un désaveu pour le reste de la classe politique suisse, qui avait fait front contre le projet. Le Conseil fédéral [le gouvernement suisse, ndlr] et l’Assemblée fédérale avaient mis en garde contre les conséquences négatives du texte sur la paix religieuse et sur les relations extérieures de la Suisse. Fait inhabituel, le gouvernement avait, pour manifester son opposition, pris position le jour-même du dépôt du texte, qui avait recueilli 113.000 signatures .

Vers une saisie de la Cour européenne des droits de l’Homme ?

Reste à savoir si le texte va être jugé conforme à la constitution. La ministre suisse de la Justice, Eveline Widmer-Schlumpf, a prévenu, avant même le référendum, que l’interdiction des minarets serait contraire à la liberté de religion et discriminatoire. Une acceptation de l’initiative violerait les droits de l’homme et mettrait en péril l’image de la Suisse. Les Verts ont annoncé dimanche étudier la possibilité de saisir la Cour européenne des droits de l’Homme.

Pour justifier leur texte, UDF et UDC ont mis en avant la crainte d’une « islamisation rampante » de la Suisse. Les minarets sont le « symbole apparent d’une revendication politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux. Ces édifices incarnent l’Islam politique et la charia (loi islamique) », ont martelé les deux partis. La campagne n’a pas été exempte de dérapages. Les affiches de l’UDC et l’UDF ont représenté une femme complètement voilée devant le drapeau suisse couvert de minarets, dont la silhouette stylisée évoque des missiles.

Quelque 400.000 musulmans vivent dans la Confédération sur une population totale d’environ 7,6 millions d’habitants. 14% des musulmans sont pratiquants. Il existe en Suisse environ 150 lieux de prière à leur intention. Jusqu’ici, quatre mosquées disposent d’un minaret : à Genève, Zurich, Winterthour (canton de Zurich) et Wangen bei Olten (canton de Soleure).

C.J. (lefigaro.fr) avec AFP et AP
29/11/2009 | Mise à jour : 16:12


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