28 mars 2024

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La rhétorique de Macron contre la Turquie a atteint ses limites

Publié le | par Pakize | Nombre de visite 500
La rhétorique de Macron contre la Turquie a atteint ses limites

La rhétorique de Macron contre la Turquie a atteint ses limites
Ses paroles tombent dans des oreilles sourdes et il n’a pas le soutien nécessaire pour déployer une puissance militaire nécessaire.

Pour Emmanuel Macron, le moment de vérité approche à un rythme galopant. Le président français a de nouveau lancé des flèches rhétoriques contre son homologue turc au sujet de la crise en Méditerranée orientale. Mais les mots ne vont pas briser les os de Recep Tayyip Erdoğan, et Macron aura du mal à construire un consensus international pour utiliser les bâtons économiques, et encore moins les pierres militaires pour forcer le retrait turc.

Les volées verbales du leader français ont déjà perdu un certain je ne sais quoi par répétition. Lors de la réunion de jeudi en Corse des dirigeants du soi-disant MED7 - France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce, Chypre et Malte - Macron a appelé les pays européens à établir des « lignes rouges » pour les provocations turques.

Mais nous avons déjà entendu cela auparavant. En effet, il y a à peine quelques semaines, Macron affirmait avoir déjà tracé ces lignes rouges, se vantant que la Turquie respecterait les actions, pas les mots. Mais ses actions jusqu’à présent - qu’il s’agisse de participer à des exercices militaires dans les eaux troubles ou d’accueillir des sommets - ne lui ont valu que plus de mépris à Ankara.

Le ministère turc des Affaires étrangères, pas en reste avec une rhétorique acérée, a répondu à la dernière salve du président français par une enfilade qui lui est propre : Macron, a-t-il déclaré, devrait cesser d’essayer de « donner des leçons en parlant pédantesquement avec ses vieux réflexes coloniaux ». La Turquie a mené ses propres exercices militaires dans le nord de Chypre la semaine dernière : ils ont été surnommés « tempête méditerranéenne ».

Cela laisse à Macron deux options : passer à l’acte ou se taire. Il peut envoyer plus de navires de guerre français dans des eaux déjà grouillantes d’activités navales. (Oh regardez, les Russes sont venus aussi.) Mais il est difficile d’imaginer que cela obligera Erdoğan à rappeler ses navires de guerre et d’exploration.

La France ne peut espérer beaucoup de soutien militaire de la part des partenaires de l’OTAN contre un autre membre. Bien que les États-Unis aient assoupli un embargo américain de longue date sur les ventes d’armes à Chypre, il est peu probable qu’ils approuvent des mesures plus sévères contre Erdoğan, qui a l’attention du président Donald Trump.

Macron peut poursuivre avec ses philippiques contre Erdoğan, mais celles-ci ont déjà dépassé le point de réactions décroissantes. Les Grecs et les Chypriotes se lasseront bientôt des expressions françaises de solidarité, et Ankara pourrait aimer discuter davantage avec Paris.

Et qu’en est-il de Berlin ? L’Allemagne assume actuellement la présidence tournante de l’UE et la chancelière Angela Merkel tente de trouver une solution amiable au différend entre la Turquie et la Grèce. Bien que l’UE ait mis en garde contre d’éventuelles sanctions contre la Turquie, elle semble réticente à les imposer.

Cela ne peut pas convenir à Merkel d’avoir des sabres de Macron pendant qu’elle parle de paix. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a clairement indiqué que les exercices militaires n’aident pas.

Malgré la présence de six autres dirigeants européens en Corse, la France est donc seule parmi les grandes puissances à vouloir affronter la Turquie. Et Macron a d’autres crises qui exigent son attention. À la maison, les cas de coronavirus augmentent de manière alarmante, un rappel de sa mauvaise gestion de la pandémie. Son plan de relance économique, baptisé « France Relance » et dévoilé la semaine dernière, est un pari de 100 milliards d’euros (118 milliards de dollars).

À l’étranger, il y a d’autres crises à affronter : les promesses de Macron de sauver les Libanais de leurs politiciens viendront à échéance dans plusieurs mois, et le bouleversement politique au Mali remet en question les objectifs de la France en matière de lutte contre le terrorisme au Sahel. Son autre affrontement avec Erdoğan, en Libye, ne se passe pas bien.

Dans ces circonstances, le président ferait bien de retenir son feu rhétorique dans le conflit de la Méditerranée orientale et de laisser la parole au chancelier.

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Traduction : ©Deniz


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