La Grèce rejette des migrants à l’eau
Selon une enquête du New York Times, 1 072 migrants ont été renvoyés vers la Turquie sur des embarcations de fortune.
Au moins 1 072 demandeurs d’asiles ont été forcés de remonter à bord de leurs propres embarcations de fortune ou de canots de sauvetage depuis mars, révèle le New York Times. Le quotidien américain a mené une enquête mêlant des témoignages de survivants et leurs vidéos, de chercheurs, d’observateurs indépendants et d’un garde-côte turc.
C’est ce qu’a vécu Najma al-Khatib, 50 ans, qui a fui la Syrie pour la Turquie avec ses deux fils de 14 et 20 ans en novembre dernier. Mais pour rejoindre la Grèce, trois essais ont été nécessaires. En mai, le passeur ne se montre pas. En juin, ils sont interceptés dans les eaux grecques, avant d’être ramenés sur les côtes turques. Le 23 juin, l’essai est concluant : ils atteignent enfin l’île grecque de Rhodes, où ils peuvent demander l’asile politique.
« J’aurais préféré mourir sous les bombes »
Mais le cauchemar continue. Au lieu d’être secourus, la famille et vingt-deux autres migrants, dont deux bébés, sont entassés sur deux radeaux et remis à la mer en direction de la Turquie où ils ont été aidés par les garde-côtes. Certains n’ont pas survécu. J’ai quitté la guerre en Syrie, mais avec ce qu’il s’est passé, j’aurais préféré mourir sous les bombes, a confié Najma al-Khatib au New York Times.
Selon le juriste François Crépeau, ce désastre pour les droits humains est accentué par l’élection, l’année dernière, d’un gouvernement conservateur mené par Kyriakos Mitsotakis. Les deux nations connaissent actuellement des différends sur des gisements gaziers en Méditerranée. La Grèce a aussi profité de la crise du Covid-19 pour verrouiller un peu plus ses frontières.