A la mi-novembre, Jimma et ses six enfants sont arrivés à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Les formalités destinées aux petits commerçants syriens sont rapides. Ces derniers achètent dans les villes frontalières turques les marchandises dont leurs compatriotes ont besoin.
Ce jour-là, lorsque j’ai pris sous mon aile la famille de Jimma, j’ai été étonnée par les paquets de couches, les casseroles et les plaques de cuisson à induction (une technologie recherchée car la Syrie a multiplié par dix le prix du gaz) qui ont franchi la frontière.
Les voitures sont surchargées à des hauteurs impressionnantes (y compris sur le capot et le pare-brise) de marchandises et des effets personnels des réfugiés, pour traverser le no man’s land de 300 mètres.
Après sept heures de patience pour les formalités à la frontière – les contrôles se font avec le soutien de l’opposition syrienne – la famille de Jimma arrivent dans la petite ville frontalière de Karkemish, du côté turc. Avec les passeports, ils sont rentrés dans le pays officiellement, sans ramper de nuit sous les barbelés
La gentillesse et l’accueil
Ce qui est très surprenant pour nous Occidentaux, c’est la gentillesse et l’accueil du peuple turc avec les Syriens. Les voisins de la famille apportent presque quotidiennement à Jimma un peu de leur propre repas. Une entraide de voisinage comme j’ai pu la rencontrer parfois en Allemagne.
Deux jours plus tard, le propriétaire de l’épicerie du coin et sa femme sont à la porte avec deux bols de soupe de maïs doux pour les enfants et Jimma. Vous connaissez ce plat que l’on nomme “Achoura” en Syrie, que l’on cuisine dans les occasions particulière ou religieuses et est distribué aux autres. Selon la tradition, après le déluge, quand l’inventaire de l’arche fut fini, Noé fit préparer “Achoura”.
Actuellement la famille tente de nouveau de franchir la frontière et de se réinstaller à Killis ; des visas d’un an seront demandés et les enfants scolarisés dans l’école syrienne. Une demande de visa de réfugiée est en cours en Allemagne pour Aziza, qui ne peut plus être scolarisée à Kilis à cause de ses 16 ans.
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