Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin, a condamné mardi l’arrestation "inacceptable" de sept citoyens irlandais par Israël réclamant leur libération "immédiate et sans condition". "J’ai rencontré l’ambassadeur d’Israël hier soir (lundi) et je lui ai clairement fait savoir que le gouvernement irlandais
attendait la libération immédiate et sans condition de tous les citoyens irlandais détenus", a déclaré Micheal Martin dans un communiqué.
"Les sept personnes en question ne sont pas entrées en Israël illégalement ; elles ont plutôt été capturées dans les eaux internationales, transportées en Israël et invitées à signer des documents confirmant qu’elles étaient entrées illégalement. C’est tout simplement inacceptable", a-t-il poursuivi.
Une Nobel de la Paix parmi les Irlandais
L’organisation Ireland Palestine Solidarity Campaign a par ailleurs précisé que cinq autres Irlandais se trouvaient encore à bord du MV Rachel Corrie, un navire qui ne devait arriver à Gaza que vers 13heures mercredi, contrairement aux autres bateaux de la flottille. Parmi les cinq Irlandais à bord, se trouvent le Prix Nobel de la paix, Mairead Maguire, âgée de 66 ans, ainsi qu’un ancien haut fonctionnaire de l’Onu, Denis Halliday, a précisé l’organisation.
Le Premier ministre irlandais Brian Cowen a mis en garde Israël devant le Parlement à Dublin. "S’il arrive quoi que ce soit à un de nos ressortissants, cela entraînera les conséquences les plus graves", a-t-il assuré. Le gouvernement a formellement exigé auprès d’Israël que le Rachel Corrie soit autorisé à "terminer son voyage sans entrave et à décharger sa cargaison humanitaire à Gaza".
Par ailleurs, Micheal Martin a ajouté avoir fait part de son "mécontentement" auprès du représentant diplomatique israélien concernant les "défaillances de son gouvernement" qui n’a pas permis au personnel consulaire irlandais d’avoir accès aux Irlandais détenus. "Cet échec à fournir un tel accès représente une infraction flagrante aux Conventions de Vienne", a-t-il ajouté.
L’OTAN après l’ONU
Après l’Onu, lundi, l’Otan s’est réuni ce mardi à Bruxelles, à la demande de la Turquie.
"J’ajoute ma voix aux appels des Nations unies et de l’Union européenne en faveur d’une enquête rapide, impartiale, crédible et transparente sur l’incident" qui a coûté la vie à au moins neuf personnes, a indiqué Anders Fogh Rasmussen, après la tenue de cette réunion spéciale des ambassadeurs de l’Alliance atlantique.
"En tout premier lieu, je demande également la libération immédiate des civils et des bateaux détenus par Israël", a-t-il ajouté.
Plus de 500 personnes toujours détenues en Israël
Israël détenait toujours mardi des centaines de civils au lendemain de son assaut sanglant contre un bateau turc d’une flottille humanitaire pour Gaza.
Les avocats ont indiqué avoir eu accès mardi aux militants détenus. "Il y a plus de 500 détenus et entre cinq et huit avocats, donc cela va prendre du temps pour les voir tous", a indiqué Gaby Rubin de l’organisation de défense des droits de l’Homme Adalah.
Selon un responsable du ministère de l’Intérieur, la majorité des passagers (sur un total de plus de 680, originaires de 42 pays) ont été conduits dans une prison du sud du pays et plusieurs dizaines étaient en voie d’expulsion.
Paris et Rome ont exigé leur libération, dont neuf ressortissants Français et six Italiens, tandis que l’Irlande a dénoncé l’arrestation "inacceptable" de sept de ses citoyens.
Une nouvelle flottille en route vers Gaza
Les organisateurs du convoi international ont affirmé qu’ils comptaient envoyer de nouveaux bateaux d’aides pour Gaza, mais l’Etat hébreu a averti qu’il empêcherait tout navire humanitaire de forcer le strict blocus israélien imposé à l’enclave palestinienne depuis 2007.
"Nous ne permettrons pas à des bateaux d’arriver à Gaza et d’approvisionner ce qui est devenu une base terroriste qui menace le coeur d’Israël", a dit le vice-ministre de la Défense Matan Vilnaï.
Les responsables de la "flottille de la liberté" ont annoncé que deux autres navires, l’un se trouvant au large de l’Italie et l’autre en réparation, étaient en route pour Gaza. Mais l’une des organisatrices, Greta Berlin, a précisé qu’ils n’arriveraient pas avant plusieurs jours.
Israël veut contrôler l’aide humanitaire pour Gaza, disant craindre un transfert clandestin d’armes pour le mouvement islamiste Hamas qu’il considère comme un groupe terroriste.
Pas d’arme à bord
Des députés Allemands présents lors du raid israélien meurtrier contre la flottille qui tentait de forcer le blocus de Gaza ont assuré mardi que les militants pro-palestiniens n’étaient armés que de bâtons face à cet "acte de piraterie".
Lors d’une conférence de presse à Berlin, Norman Paech, 72 ans, ancien député du parti d’extrême gauche Die Linke, a déclaré qu’il avait "personnellement vu deux bâtons en bois qui ont été utilisés (...). Nous n’avons jamais vu de couteau utilisé comme arme. C’est avec des bâtons qu’on s’est défendu", rapporte l’AFP.
Il a par ailleurs réfuté toute idée que les soldats israéliens n’aient fait que se défendre, comme l’assure Israël.
"Nous voulions soutenir cette opération. Nous pensions par notre présence, en tant qu’élus, protéger le bateau, (...) pas être exposés à cette brutalité des soldats israéliens", a encore ajouté l’une des deux députées, Inge Höger.
Dans le quotidien berlinois Der Tagesspiegel à paraître mercredi, l’ambassadeur israélien réplique : "on ne contribue pas au processus de paix avec une action derrière laquelle se dissimule le Hamas, qui veut détruire Israël".
Le conflit diplomatique avec la Turquie
La Turquie, dont au moins quatre de ses ressortissants sont morts dans l’assaut et quelque 380 sont détenus, fulminait contre Israël, jadis son allié stratégique.
"Je condamne de la manière la plus forte ce massacre sanglant", a lancé le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan devant le groupe parlementaire de son parti. "Cette attaque insolente et irresponsable qui piétine toute vertu humaine doit absolument être punie".
La Turquie avait rappelé la veille son ambassadeur à Tel-Aviv.
Israël a appelé ses ressortissants à ne plus aller en Turquie.
Israël plus que jamais isolé
Pour des analystes israéliens, le raid a un effet calamiteux pour l’image du pays, accroît son isolement diplomatique et porte un nouveau coup à un processus de paix avec les Palestiniens qui peinait à démarrer.
Malgré tout, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a indiqué qu’il était prêt à poursuivre les négociations de proximité avec le gouvernement israélien. Il l’a fait savoir au secrétaire général de l’Onu Ban Ki-Moon lors d’un entretien téléphonique ce mardi.
"J’ai été encouragé d’entendre le président me dire qu’il poursuivrait ces négociations en dépit de cette tragédie", a déclaré à l’AFP le Secrétaire général de l’Onu.
Ouverture du terminal de Rafah avec Gaza
Dans une première mesure concrète arabe en faveur des Palestiniens après l’assaut, le président égyptien Hosni Moubarak a ordonné l’ouverture du terminal de Rafah avec Gaza, seul point de passage non contrôlé par Israël, pour l’acheminement de l’aide humanitaire et le passage des malades.
La diplomatie continue de s’agiter
Une série de consultations internationales étaient également prévues ce mardi sur les répercussions de l’assaut : une réunion spéciale de l’Otan, une autre de la Ligue arabe au Caire et une troisième du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. La première vient de publier son communiqué (voir ci-dessus).
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a, pour sa part, commencé à débattre mardi après-midi dans une ambiance tendue. Le vote sur un projet de résolution réclamant "une mission d’enquête internationale" n’aura lieu que mercredi matin afin de laisser le temps d’examiner des demandes d’amendements dans le cadre de consultations informelles, a indiqué à l’AFP un diplomate occidental.
Les occidentaux souhaitent que les termes adoptés la veille par le Conseil de sécurité de l’ONU pour réclamer une enquête "conforme aux critères internationaux" soient repris par le Conseil des droits de l’Homme "afin de préserver le consensus", a indiqué ce diplomate.
"Nous savons qu’il s’agit d’une ligne rouge pour Israël qui n’acceptera pas d’enquête internationale", a-t-il relevé.
Rappelons que le Conseil de sécurité de l’ONU a réclamé une enquête impartiale sur le raid qui a coûté la vie à neuf personnes, condamnant les violences et appelant à libérer les six navires de la flottille et les centaines de civils détenus.
Source avec Belga et AFP