Par "Maison des Cultures du Monde"
Râbi’a Al Adawiya, chantre de l’amour pur, est née en Irak au VIIIe siècle. Esclave affranchie, ancienne joueuse de ney, elle a laissé de courts poèmes qui exaltent l’amour de Dieu.
La figure de Râbi’a Al Adawiya est peu évoquée dans le contexte culturel arabe. Pourtant, si la grande diva de la chanson arabe, Oum Kalsoum, chanta quelques poèmes inspirés de Râbi’a et la célébrant, ce corpus poétique reste encore aujourd’hui trop peu connu.
Râbi’a Al Adawiya passa toute sa vie à Bassorah, retirée du monde. Elle y mourut en 801, âgée de plus de quatre-vingts ans. Absorbée par la contemplation du divin, elle ne craignit pas de désigner l’amour de Dieu par le terme « hubb » – terme couramment utilisé pour l’amour entre humains – et de proclamer qu’un amour totalement désintéressé est celui-là seul dont Dieu est digne. C’est à la suite de Râbi’a que les Soufis feront la distinction entre ceux qui aiment Dieu pour ses bienfaits et ceux qui aiment Dieu pour lui-même.
On raconte une action symbolique fort célèbre de Râbi’a, dont le souvenir à peine déformé est passé de l’Islam à la littérature française. Un jour, plusieurs soufis rencontrèrent Râbi’a qui courait, portant du feu dans une main et de l’eau dans l’autre. Ils lui dirent : « Ô Dame du monde futur, où vas-tu, et que signifie cela ? » Elle répondit : « Je vais pour incendier le paradis ou noyer l’enfer, en sorte que ces deux voiles disparaissent complètement devant les yeux des pèlerins et que le but leur soit connu, et que les serviteurs de Dieu Le puissent voir, Lui, sans aucun objet d’espoir ni motif de crainte. Qu’en serait-il, si l’espoir du paradis et la crainte de l’enfer n’existaient pas ? Hélas, personne ne voudrait adorer son Seigneur, ou Lui obéir ! ».
Le projet de création autour de Râbi’a Al Adawiya réunit, d’une part un compositeur et musicien soufi de renom, grand virtuose reconnu de la flûte ney, Kudsi Erguner, d’autre part une voix arabe exceptionnelle, la jeune Waed Bouhassoun que l’on a déjà pu apprécier lors de la 10e édition du Festival de l’Imaginaire. Le joueur de tambour dâf Bruno Caillat et le muezzin, chantre et lecteur du Coran, Yunus Balcioglu participent également à ce projet de création.
S’inspirant du matériau mélodique propre aux chants d’Oum Kalsoum, Kudsi Erguner proposera une ligne musicale pour ney et tambour sur cadre dâf, Waed Bouhassoun et Yunus Balcioglu interpréteront les textes.
vendredi 21 mars à 20h
samedi 22 mars à 20h
à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille
Festival de l’Imaginaire du 12 mars au 18 avril 2008
renseignements : 01 45 44 72 30 ou www.mcm.asso.fr