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ISLANDE QUALIFIEE,TURQUIE ABSENTE ? ON NOUS AVAIT PRÉVENUS !

Publié le | par Engin | Nombre de visite 431
ISLANDE QUALIFIEE,TURQUIE ABSENTE ? ON NOUS AVAIT PRÉVENUS !

ISLANDE QUALIFIEE,TURQUIE ABSENTE ? ON NOUS AVAIT PRÉVENUS !

Soyez les bienvenus dans une interview hors du commun, presque surréaliste étant donné l’humour constant et pourtant si instructive.

Le football islandais allait crescendo. Il avait mis tout le monde en garde. On n’y avait toutefois guère prêté d’attention. De qui s’agit-il ?

Présentation d’un chroniqueur particulier : Jean-Guillaume ou Gianguglielmo LOZATO, à l’origine auteur de recherches universitaires sur le football italien, en tant qu’étudiant (maîtrise et DEA) puis en tant qu’enseignant. Ou comment un enseignant en langue italienne dans le cadre universitaire (UPEMLV,IGN-ENSG) et des grandes écoles de commerce (PSB) aurait pu faire vaciller les convictions erronées régissant le monde de la presse sportive hexagonale.
Avant de rentrer dans le vif du sujet,un flash-back s’impose. Premier et principal fait d’arme de l’intéressé : avoir prévu en 2013, avant la qualification officielle en Coupe du Monde, le regain de forme du football algérien sur le plan international, avec les résultats que l’on sait l’année suivante au Brésil. Ce qui lui a valu d’être cité dans le journal le plus vendu d’Italie, "La Gazzetta dello Sport", l’équivalent du quotidien français "L’Equipe". Pendant que les journaux français le boudaient totalement. A cela s’ajoutent d’autres prévisions concrétisées par des faits : le bon comportement de la Colombie à Brésil 2014 ; l’Euro 2016 avec les qualifications turque et islandaise, plus le parcours inattendu de ces tous derniers, le réveil de Burak Yilmaz malgré sa blessure (articles dans Opinione pubblica et La Gazette des Sports de Paris 20), la place de finaliste de la France alors que peu étaient ouvertement confiants.

Rendez-vous pris à Paris par notre envoyé spécial , au quartier culturel et universitaire de la zone Bibliothèque Nationale de France. Plus exactement au IT ,l’occasion de débattre devant un espresso bon comme là-bas. Place à l’interview.

Turquie News : Giangulielmo/Jean-Guillaume Lozato,bonjour. Pour commencer d’ou’ vous vient cette connaissance du football turc,puisque vous êtes déjà intervenu en conférence culturelle sur ce sujet,que vous avez écrit pour Turquie News ?

GL : Connaissance ? Un bien grand mot. Je parlerais plus volontiers d’observations se greffant sur la variété de mes centres d’intérêt variés , convergents vers le football international. Et comme les équipes nationales ont toujours été ma priorité, j’ai été amené à regarder mon premier match de la "Milli Takim" en 1987. Je me trouvais en Italie et j’avais visionné à l’époque le match Turquie-Angleterre (0-0 à Izmir. J’avais été impressionné par la résistance rouge et blanche face à un quart de finaliste mondial de l’époque, qui comptait dans ses rangs le meilleur buteur Gary Lineker (Mondial Mexico 1986) ou l’attaquant percutant Clive Allen. Puis quelques mois plus tard la victoire avec les allemands de l’Est allait retenir toute mon attention.

TN : Justement on y vient aux équipes nationales.Quel est le problème chez la Milli Takim ?

GG (ouvrant grand les yeux) : Ah !Intéressant !! (rires).

Les qualités, le talent, tout ça y est. Ce qu’il manque principalement et je le répète incessamment, ce sont la préparation mentale et la stabilité qui en découlera. La capacité à faire abstraction. Pensez à Fabien Barthez et sa décontraction déconcertante lors des grandes échéances, en apparence car en fait il était concentré mais zen, dans sa bulle.

TN : Et l’Islande, qui ne fait pourtant pas partie des ténors, se trouve finalement à la place de la Turquie ?

GG : Une place pas tout à fait usurpée. Je l’avais vu en match de qualification en vue du Mondial 2014. C’était un barrage avec la Suisse. Et le 4-4 en Suisse a été à mon sens le véritable déclic auquel personne n’avait accordé la moindre attention.

TN : à ce point ?

GG : (pointant l’index vers le haut) Oui. Je suis catégoriqueIl y a eu le résultat accrocheur et la manière. Pour une fois des progrès y compris sur le plan technique. Un but avait carrément été inscrit sur un petit chef-d’oeuvre de balle piquée réalisant un lob. Preuve d’une ouverture, d’une évolution tranchant avec le stéréotype usuel islandais. Le fait de s’expatrier a fait beaucoup de bien aux footballeurs islandais.

TN : Donc la Turquie est-elle en droit de pardonner à son équipe nationale de s’être fait éliminée ?

GG : En partie, oui. Néanmoins, tout n’est pas imputable non plus aux scandinaves.

TN : Forces et faiblesses de l’Islande ?

GG : Je ne vais pas établir un diagnostic général complet car je risquerais de me montrer aussi ennuyeux que bon nombre de journalistes sportifs. Et aussi peu divertissant que le jeu pratiqué par les vikings ! (rires).
En fait, je vais tenter d’être à l’image de leur système : concis mais recherchant l’efficacité . L’Islande a une bonne cohésion sur le plan collectif.Mais demeure trop dépendante de Finnbogason, Sigurdsson ou Sightorsson. Et puis les latéraux ne sont pas toujours coordonnés avec l’ensemble, à l’image de Skulason pendant l’Euro. Voilà et puis l’effet de surprise est passé. Un peu comme pour ce qui s’était produit pour une autre nation nordique : le Danemark champion d’Europe en 1992 mais ne se qualifiant pas pour USA 94. De plus,les jeux adverses seront beaucoup plus variés,distincts de ceux pratiqués à l’Euro.

’’ JE DÉRANGEAIS ’’.

TN : Mais avec ces points de vue divergents mais justes, alors que vous enseignez en France, comment se fait-il que les journaux sportifs français vous ait occulté en comparaison avec la presse étrangère ?

GG : J’avais envoyé des courriers détaillés à l’Equipe, So Foot et France Football. Sans succès. Un hermétisme que je ne m’étais pas imaginé.
Je pense que je dérangeais pour plusieurs motifs. D’abord une ostracisation. Je suis déjà d’âge moyen (44 ans à présent), donc "vieux" en terme d’image pour quelqu’un que l’on découvre. Puis je ne suis que chroniqueur occasionnel, je reste enseignant à la base, ce qui ne plait pas forcément à tout le monde. Ensuite, j’avais peut-être un déficit d’image lié à l’Italie : mes origines d’une part, en plus j’ai "la tête de l’emploi", ainsi que ma spécialisation à propos du football italien. Ce qui depuis un certain été 2006 n’est pas forcément très bien perçu en territoire français (il lève les bras au ciel ). Après, par rapport à l’Islande, son ère de chalandise enclavée et sa faiblesse démographique qui en fait un minuscule bassin de consommation, n’attirait pas les sponsors. Ça ne faisait pas assez vendre. Auparavant j’avais déjà été une victime collatérale du contentieux historique entre France et Algérie. Avoir parlé du foot algérien a enclenché naturellement un processus de méfiance. Enfin,l a Turquie, ça ne m’a pas aidé non plus. Il n’y a qu’à voir comment la plupart des médias internationaux traitent avec peu d’enthousiasme le football turc. On ne rappelle jamais la médaille de bronze obtenue au mondial 2002.

TN : Trop d’anticonformisme ?

L’originalité de me prévisions déplaisaient. C’est un peu ce qui est arrivé, dans un autre domaine, à l’économiste italien Borio qui avait prévu la crise de 2008. Mais que l’on n’avait pas pris au sérieux. Un sujet original, une opinion originale ça peut effrayer. Regardez les travaux formidables de Marco Bagozzi sur le foot asiatique et roumain. Il mérite d’avoir droit au chapitre plus souvent.
En plus, il y un écueil de taille : savoir orchestrer les choses en parfaite symbiose avec l’aplat-ventrisme devant le Qatar, la Chine, l’Inde au football business indécent. Par voie de conséquence peu de gens m’ont accordé du crédit dans le monde du journalisme strictement franco-français. Excepté une personne : Jean-Michel Orlowski, fondateur de la Gazette des Sports de Paris 20. Le reste des gens apparentés à la presse ce sont des gens de la presse étrangère comme on l’a vu (Pietro Luigi Borgia, Mondopallone, Marco Bagozzi, Aldo Cangemi), ou à la limite franco-étrangère (Patrizio Gaspari, Fouad Bahri et... Engin de Turquie News !). Autrement, les universitaires ont été beaucoup plus réceptifs à mes théories (Faysal Cherif de l’Université Tunis Mannouba, Arnaud Coulombel historien des religions de l’Université de Chicago, Enzo Nocifora de la Sapienza de Rome, Valeria Argiolas de la Sorbonne, INALCO et de L’IGN-ENSG, Siavash Ghabezloo de L’ENPC, Rosh Beghdali du SCL /UPEM, Sandro Baffi de Paris IV Sorbonne...),particulièrement mon regretté directeur de recherche Monsieur le Professeur Jean-Michel Gardair.

’’ J’ADORE PRÊCHER DANS LE DÉSERT ’’.

Je dois vous confesser quelquechose : J’adore prêcher dans le désert. Ce désert source d’inspiration, demandez donc à Théodore Monod ! (sourire malicieux). Ou encore demandez aux joueurs saoudiens s’ils s’appuient sur l’exemple de leurs aînés au Mondial étasunien de 1994. Attention, il existe aussi des étendues désertiques ou dépeuplées : le désert de Gobi en Mongolie ou le milieu glacier justement en Islande. À méditer...

TN : DES PRONOSTICS POUR RUSSIE 2018 ?

GG : Je verrais le Brésil au-dessus de tout le monde. Ensuite, ça va être serré. Portugal et Pologne pourront se faire entendre dans le dernier carré. L’Islande aura plus de mal cette fois parce que l’effet de surprise s’est estompé. L’Argentine a eu du mal en qualifications. La Colombie et le Pérou devraient bien représenter l’Amérique Latine. Le Costa Rica me paraît trop dépendant de Bolanos. La France, j’avais été très confiant pour l’Euro, mais là je suis dubitatif. L’ Iran et le Maroc font partie du groupe de la mort mais pourraient en sortir grandies. Les premiers avec Serdar Azmoun qui évolue dans le championnat russe. Les deuxièmes qui déploient un jeu rapide, avec une défense plus consolidée que par le passé (sous le patronage de Benattia) et enfin un gardien rassurant. Au niveau des individualités je vois A . Griezmann, Mohammed Salah ou Lewandowski comme de sérieuses candidats au titre de meilleur buteur.

TN : Enfin pour nos lecteurs turcophones, votre rapport à la nation turque ?

GG : Question piège ? (sourire complice) Ah je l’attendais cette question (sourire attendri, cette fois). L’envie de découvrir cet ensemble composite représente la pierre angulaire de ma réflexion. Puis, de manière plus détaillée, la Turquie fait partie de l’interface méditerranéenne. J’ai été intéressé logiquement. Son Histoire surtout. La période ottomane est passionnante, là je ne suis pas le seul à le penser. Quoi d’autres encore ? Ah oui ses soupes de lentilles et puis au moins. là-bas je n’étais pas le seul moustachu !!! (rires).


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