IRAK - Les Turcomans n’approuvent pas l’accord sur une formule de division du pouvoir
Turquie News - La situation des Turcomans (Turkmènes irakiens) est de plus en plus inquétante. Le plan de colonisation des régions pétrolières par les Kurdes porte aujourd’hui ses fruits. En effet, la majorité de la population kurde d’Irak a été installée dans ces régions en vue d’un éventuel référendum, ce qui a rendu les Turkmènes irakiens minoritaires sur leurs terres.
Kurdes et Arabes prêts à s’entendre sur Kirkouk
Les partis kurdes et arabes de la région de Kirkouk (Nord) sont tombés d’accord sur une formule de division du pouvoir dans cette zone riche en pétrole qui pourrait ouvrir la voie à un référendum sur le rattachement de la province au Kurdistan irakien. La troisième composante ethnique de cette région, les Turcomans, ont annoncé ne pas avoir approuvé cet accord.
La province de Kirkouk, et sa capitale du même nom, qui compte un million d’habitants, sont peuplées par des Kurdes, des Arabes, des Turcomans et des chrétiens. La Constitution irakienne y prévoit un recensement et la tenue d’un référendum avant la fin de l’année pour déterminer le statut de cette zone, revendiquée par les autorités de la région autonome du Kurdistan irakien. Le recensement, qui doit également établir la répartition ethnique de la population comme base de répartition du pouvoir, n’a pas commencé. Il est rendu très difficile par des mouvements de populations susceptibles de changer la composition de l’électorat. Des Arabes installés à Kirkouk à l’époque du régime de Saddam Hussein ont notamment été incités au départ par des offres d’argent ou par des menaces. Des Kurdes chassés à la même époque sont, en revanche, revenus, grâce à des aides publiques, réclamer les terrains et les maisons qu’ils considèrent comme les leurs.
Les populations non kurdes craignent qu’une forte domination des Kurdes, qui assurent représenter la majorité, ne conduise à leur marginalisation. De leur côté, les Kurdes accusent les autres groupes ethniques d’user de méthodes dilatoires pour retarder le référendum.
Le président du Conseil régional de Kirkouk, Razgar Ali, responsable de l’Union patriotique kurde (UPK) du président irakien Jalal Talabani a salué cet accord « comme une étape positive vers le développement de Kirkouk et vers une coopération dans la prise de décision et le partenariat ».
Selon un membre arabe du Conseil provincial, Rakan Said al-Joubouri, l’accord annoncé hier donne à sa communauté une meilleure représentation dans les instances qui devraient être mises en place après de nouvelles élections locales. « Pour la première fois, la charge de gouverneur adjoint et celle de chef adjoint du conseil judiciaire nous seront attribuées », s’est-il félicité. Les fonctions seront distribuées également à hauteur de 32 % entre les Kurdes, les Arabes et les Turcomans. Les autres 4 % restants seront attribués aux minorités, comme les chaldéens et les Arméniens.
Pour le moment, le Conseil régional, qui compte 41 membres, est dominé avec 26 sièges par les deux partis kurdes : l’UPK et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani, président de la région du Kurdistan. Les partis arabes ont six sièges et les Turcomans neuf.
L’accord prévoit également la fin des détentions illégales, « une exigence importante pour les Arabes qui ont été victimes des pires abus », selon M. Joubouri. « Nous espérons que les Turcomans participeront », a-t-il ajouté.
« Le problème de Kirkouk ne peut pas être résolu par le retour d’une seul partie, alors qu’une autre est ignorée », a réagi pour sa part Ali Mahdy, le secrétaire adjoint du parti turcoman Eli. « Nous demandons la fin des arrestations, et la fin de notre marginalisation. Et nous soulignons la nécessité d’adopter la langue turcomane comme langue officielle à Kirkouk », a-t-il ajouté.
La question est d’autant plus sensible que le grand voisin du nord, la Turquie, craint que le rattachement au Kurdistan de la région de Kirkouk, d’où sont extraits presque 30 % du pétrole irakien, ne vienne renforcer le statut de mini-État indépendant de la province autonome.