« Inutile d’ajouter quelque peur que ce soit, le peuple français sera de toute façon consulté par référendum » François Hollande (président de la République française)
C’est par ces mots sans appel que que le chef de l’Etat français a tenu à rassurer les Français, à savoir que c’est à eux de décider de l’adhésion de la Turquie à l’Europe. Sachant que lors d’un dernier sondage, convoqué pour l’occasion, ils sont hostiles à 83% voilà qui est net, le battage médiatique visant à diaboliser la Turquie qui a la tare d’être musulmane et surtout d’être dirigée par un parti islamique ne date pas d’aujourd’hui, il a été accéléré durant le mandat de Nicolas Sarkozy. Il est vrai et il faut le regretter, l’AKP de par l’usure du pouvoir a dévié radicalement des espérances du début de l’an 2000. Nous nageons donc en pleine hypocrisie, la France de droite ou de gauche ne veut pas de la Turquie dans l’Union européenne qui, d’une façon incompréhensible, continue à fasciner la Turquie, alors que cette même Europe est sur un déclin pluridimensionnel.
La Turquie et l’inutile longue marche vers une Europe qui lui ferme la porte
Sur l’Encyclopédie Wikipédia nous lisons : « La Turquie a déposé sa demande d’adhésion à l’Union européenne le 14 avril 1987 (alors Communauté européenne). La Turquie est un membre associé de l’Union européenne (UE) et des communautés qui l’ont précédé depuis 1963. La Turquie a signé un accord d’Union douanière avec l’Union en 1995 et a officiellement été reconnue candidate le 12 décembre 1999 lors du sommet européen d’Helsinki. Les négociations commencèrent le 3 octobre 2005. La demande d’adhésion est devenue un sujet de controverse majeur parmi les élargissements en cours de l’Union européenne. Selon plusieurs sondages réalisés ces dernières années, la grande majorité des Européens et plus particulièrement des Français restent contre l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Malgré les réticences des populations des États européens, la procédure d’adhésion de la Turquie à l’Union est toujours en cours. » (1)
En fait, tout a démarré en 1959 quand l’Europe balbutiait avec la CEE (Communauté economique européenne). Le 11 novembre 1957, le Premier ministre turc présente son programme : il annonce que la Turquie entend participer aux initiatives telles que la Communauté économique européenne, et qu’elle souhaite que ces initiatives conduisent à une « Union politique européenne ». Le 31 juillet 1959, dix-huit mois seulement après l’entrée en vigueur des traités de Rome, la Turquie a présenté sa demande d’association à la CEE. (1)
Depuis 1960, 20 pays ont rejoint l’Union dont le dernier pays, la Croatie, l’a fait en un temps record de moins de trois ans, grâce à l’Allemagne. Les défenseurs de l’adhésion turque avancent comme argument qu’il s’agit d’une puissance régionale importante de par son économie et son appartenance à l’Otan. Selon eux, celle-ci augmenterait la position de l’Union en tant qu’acteur géostratégique global ; étant donné sa position géographique, et les liens économiques, politiques, culturels et historiques de la Turquie dans des régions riches en ressources naturelles aux alentours de la sphère d’influence politique de l’Union ; tel que l’Est méditerranéen et les côtes de la mer Noire, le Moyen-Orient, le bassin de la mer Caspienne et l’Asie centrale. Si les tendances démographiques actuelles (2012) se poursuivent, la Turquie pourrait dépasser la population de l’Allemagne en 2019 avec 81 millions d’habitants. La Turquie deviendrait ainsi le pays le plus peuplé de l’Union européenne. » (1)
Les reproches faits à la Turquie
Contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, farouchement hostile à l’intégration de la Turquie, un pays de 75 millions d’habitants à très forte majorité musulmane, M. Hollande s’est montré très prudent sur cette perspective. Rappelant qu’il avait approuvé en 2004 la décision de l’un de ses prédécesseurs, Jacques Chirac, d’engager ces négociations, il a toutefois souligné que « aucune date » n’était encore prévue pour la fin de ce processus.
En dehors du rejet viscéral de l’extrême droite et de la droite de Giscard, de Sarkozy, il fut une époque où le Parti socialiste français était favorable comme d’ailleurs l’a été le président Chirac. Deux écueils techniques, le problème des Kurdes et la condition de la femme.
La langue kurde a récemment été reconnue par les autorités turques. Depuis le 1er janvier 2009, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a inauguré une nouvelle chaîne publique TRT6 consacrée à la langue kurde. De plus, la peine de mort de Ocalan le leader kurde a été commuée en prison à vie, mais le problème kurde reste entier.
S’agissant des femmes, la Turquie a accordé le droit de vote aux femmes depuis 1930 (la France ne l’a fait qu’en 1946) Dans le même temps, elles ont obtenu le droit d’être élues députées au Parlement turc, ou d’être nommées ministres, Dans son second rapport du 11 janvier 2007 sur le rôle des femmes dans la vie sociale, économique et politique de Turquie, le Parlement européen rappelle que le « respect des droits de l’homme, et donc aussi de la femme, est une condition sine qua non de l’adhésion de la Turquie à l’UE ». De même, il fait remarquer que « le cadre juridique relatif aux droits de la femme « apparaît globalement satisfaisant », mais sa mise en oeuvre réelle « accuse encore des carences ». (1)
Les États membres de l’Union doivent unanimement donner leur accord pour que l’adhésion de la Turquie puisse avoir lieu. Un certain nombre de pays pourrait s’y opposer tel que l’Autriche, qui servit de rempart à l’Europe chrétienne face à l’Empire ottoman dont l’armée a assiégé deux fois Vienne en 1529 et 1683 ; et la France. Il faut remarquer que l’obligation de vote des Européens n’est requise que dans le cas de la Turquie. Enfin, sur les 35 « chapitres » d’adhésion à l’UE, seuls 14 ont été ouverts depuis 2004 et un seul a été clôturé en dix ans, à cette cadence, il faudrait 350 ans.
La fausse querelle du génocide arménien
Entre la France et la Turquie, les désaccords se sont accumulés ces dernières années. En premier lieu, la « question arménienne », depuis la reconnaissance du génocide de 1915 par le Parlement français en 2001. Le président français François Hollande a exhorté lundi la Turquie à faire son « travail de mémoire » sur les massacres de centaines de milliers d’Arméniens par l’Empire ottoman en 1915, lors de la première journée de sa visite d’Etat en Turquie. « Le travail de mémoire est toujours douloureux, mais doit être fait », a estimé M.Hollande lors d’une conférence de presse avec son homologue turc Abdullah Gül, dont le pays refuse de qualifier les événements de 1915 de « génocide ».
Les relations franco-turques ont été émaillées de ce fait, de crises à répétition depuis l’adoption en 2001 par le Parlement français d’une loi reconnaissant le génocide arménien, suivie de tentatives législatives avortées pour en réprimer la négation. La France qui donne des leçons devrait balayer d’abord chez elle comme l’ont dénoncé à l’époque les députés turcs qui ont rappelé aux Français leur amnésie concernant les massacres de masse tout au long de la colonisation, qui ont fait perdre 2 millions d’habitants, les trente années suivant l’invasion de l’Algérie, les massacres de Sétif et enfin le million de morts lors de la révolution. Assurément, la France est mal placée pour juger d’un génocide, que plusieurs historiens et non des moindres comme Bernard Lewis- pourtant que l’on ne peut soupçonner d’affection envers les musulmans- ont nié qu’il s’agisse d’un génocide mais de massacres aussi abject soient-ils, mais tout à fait dans l’air du temps de la boucherie de la Première Guerre mondiale comme par exemple les assauts du général français Nivelle et de sa force noire qu’il consommait généreusement...