Vendredi 6 octobre le magasine l’Equipe à consacrée 15 pages sur le championnat turc. Turquie-news a décidé de vous présenter quelques extrait.
BAFÉ GOMIS, JÉRÉMY MÉNEZ, YOUNÈS BELHANDA, MATHIEU VALBUENA, SAMIR NASRI... LES ANCIENS DE L1 N’ONT JAMAIS ÉTÉ AUSSI NOMBREUX EN SÜPER LIG TURQUE, QUI RÉUNIT FOLLE PASSION ET GROS MOYENS FINANCIERS. ET POUR L’INSTANT, ILS NE REGRETTENT PAS LE VOYAGE.
GALATASARAY L A FRANCOPHILE (Bursaspor-Galatasaray 1-2)
Sourire aux lèvres, il sort son téléphone, pianote sur le clavier et nous fait admirer le résultat. Des tribunes effervescentes, une tempête de cris et de chants. « C’est le premier match auquel j’ai assisté dans mon nouveau stade ! Ils sont forts, hein ? Ça te dresse les poils, c’est un truc de malade. » Assis sur le banc de touche d’un terrain d’entraînement de Galatasaray, Cédric Carrasso a radicalement changé d’avis en quatre mois. Au début de l’été, alors qu’il termine son contrat avec Bordeaux, le gardien de but vétéran prévient la presse : « Mon prochain club ? Tout sauf la Turquie ! » Et le voilà donc ici, dans son costume de goal remplaçant des Lions du Bosphore, en train de vanter les charmes de ce Championnat qui a tant animé le dernier mercato... « J’avais une fausse image de ce pays, avoue-t-il, tandis que le muezzin de la mosquée voisine entonne l’appel à la prière. C’est Bafé (Gomis) qui m’a convaincu de venir, et il a bien fait.
Ce club est immense, la Turquie vit pour le football, et je découvre une expérience fascinante : Istanbul est unique, on a vraiment l’impression d’être au centre du monde. » Et ces salaires alléchants, plus élevés que ce que les grands Championnats européens veulent bien offrir à leurs joueurs vieillissants... « Je gagne très bien ma vie, mais pas plus qu’à Bordeaux, coupet-il. Si tu ne viens en Turquie que pour ça, avec tout ce que ce pays exige d’engagement, tu es mort. »
« SI TU NE VIENS EN TURQUIE QUE POUR L’ARGENT, AVEC TOUT CE QUE CE PAYS EXIGE D’ENGAGEMENT, TU ES MORT »Cédric Carrasso
Les clubs turcs ont misé plus que jamais cet été pour recruter : 90 millions d’euros de transferts au total, mais surtout des salaires très importants. Parmi leurs cibles prioritaires, les footballeurs de L1 et L2 : dix neuf nouveaux professionnels venus de France ont rejoint cet été la Süper Lig, qui accueille cette saison quinze Français (contre deux seulement l’an passé).
Après s’être lancée ces dernières années dans une politique coûteuse de construction et de rénovation de ses stades, la Turquie, candidate à l’organisation de l’Euro 2024, vient de basculer dans une autre dimension. En plus d’une fiscalité extrêmement avantageuse pour les clubs et les footballeurs (un taux d’imposition de 15 % contre 47,5 % en France), la gourmandise des écuries turques a été boostée par l’explosion du montant des droits télé versés par beIN Media Group pour la période 2017-2022 (550 millions d’euros par saison contre 362 pour la période précédente), l’assouplissement du quota de footballeurs étrangers (onze joueurs non turcs peuvent être alignés sur la feuille de match, contre huit auparavant), et la domination de Besiktas, double champion en titre, actuellement en tête de son groupe de Ligue des champions (avant son déplacement à Monaco le 17 octobre), qui a poussé les deux autres géants stambouliotes, Galatasaray et Fenerbahçe (20 et 19 titres de champion, contre 15 à Besiktas), à massivement investir. D’autant que 2018 est une année d’élections pour la présidence de ces deux clubs, gouvernés, comme la majorité des clubs turcs, par des dirigeants élus par les supporters, à l’image du système des socios en Espagne. « Même si le fair-play financier (qui a déjà sanctionné les trois gros clubs d’Istanbul) pousse à faire des efforts, le surendettement est la norme, et il n’y a pas d’instance nationale de contrôle des comptes », note Ceyhun Kaplan, scout et consultant sur le foot turc.
DANS LES COULOIRS DE GALATASARAY, BAFÉTIMBI GOMIS EST LE PRINCIPAL SUJET DE CONVERSATION
En attirant Gomis, Belhanda et d’autres ex de L1 comme Mariano ou Feghouli, Galatasaray, en quête de succès après deux saisons ratées (6e puis 4e), a réactivé sa fibre francophile : c’est autour d’un lycée français d’Istanbul que le club s’est développé au début du XXe siècle. « La L1 mais aussi la L2 nous intéressent de plus en plus, explique le directeur sportif, Cenk Ergün. Deux de nos recruteurs scrutent ces Championnats. Votre système de formation est excellent, et la France permet aussi à des joueurs du monde entier d’intégrer la mentalité européenne. On aurait même bien voulu en convaincre d’autres ! On a essayé Giannelli Imbula, Ferland Mendy, Jordan Ferri... » Dans un français impeccable, justement appris dans ce lycée de Galatasaray, l’homme fait visiter son bureau, mini-musée consacré au football : maillots empilés, vitrine remplie de figurines, puzzle et échiquier customisés... « Comme tant de Turcs, je suis profondément amoureux de ce sport. Ici, on peut changer de religion, mais pas de club de foot ! », lance-t-il en riant.
Dans les couloirs du club, un sujet de conversation revient sans cesse : Bafétimbi Gomis. Les spots publicitaires qu’il commence déjà à tourner, la chanson que les supporters lui ont consacrée, sa célébration de but toutes griffes dehors que les fans copient sur YouTube... En inscrivant sept buts lors des cinq premières journées, l’ancien Marseillais s’est mis d’emblée le club dans la poche. « Je savais qu’il y avait une grande passion ici, mais pas un tel engouement », s’étonnet-il sur la route du vestiaire. Deux jours plus tard, dans une ambiance brûlante, Galatasaray prend seul la tête du Championnat en s’imposant (2-1) sur la pelouse de Bursaspor, équipe entraînée par un... Français, Paul Le Guen. Le lendemain, en une des journaux, s’affichent les visages extatiques de trois membres de la « French Connection » : accrochés au cou de Sofiane Feghouli, auteur du but sublime de l’égalisation, Bafé Gomis et Younès Belhanda hurlent leur joie. Celle d’un début d’aventure idéal.
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