Les groupes armés révolutionnaires
L’organisation terroriste kurde PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) s’inscrit dans l’histoire des groupes armés révolutionnaires auxquels elle emprunte les méthodes et la structure idéologique.
A l’instar des Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (FARC, Colombie), Sendero Luminoso (Sentier lumineux, Pérou), Nouvelle Armée du peuple (NPA, Philippines), Armée Secrète Arménienne de libération de l’Arménie (ASALA, Arménie), Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN, Mexique), Fraction Armée Rouge (RAF, Allemagne), Euskadi Ta Askatasuna (ETA, Espagne) ou encore les Tigres de Libération de l’Îlam Tamoul (LTTE, Sri Lanka), le PKK mêle idéologie internationaliste marxiste-léniniste, nationalisme ethnique et recourt aux actions armées et terroristes.
Ce genre d’organisation est né dans les années 1960 en Amérique latine en réaction aux nouvelles formes de société, fruits de l’idéologie mercantiliste, de l’industrialisation et du libéralisme économique, basées sur les échanges économiques et commerciaux, l’internationalisation des grandes entreprises, la communication comme outil commercial mais aussi politique et aux inégalités supposées ou réelles induites par ce nouveau système.
Si bien que, mécaniquement, ces organisations adopteront l’idéologie marxiste-léniniste qui promet un idéal d’égalité, le pouvoir aux travailleurs, la mise en commun des moyens de production, un espace sans Etat, sans organisation verticale, « espace libéré de la communication entre les individus pleinement souverains » et transparents dans leurs volontés, un tel monde étant, par essence, suspicieux de toute différence, il est empreint de paranoïa, toutes les structures adoptant cette idéologie finiront ainsi, et malgré les intentions de départ, par être liberticides.
Par ailleurs, ces organisations adopteront également les modes d’action maoïstes de « guerre asymétrique » ou de « basse intensité » afin de déstabiliser les Etats ou les institutions contre lesquels ils ont engagé une lutte. Ce mode d’action armée prendra le nom de « guérilla » et les combattants des différentes « causes » celui de « guérilleros » – appellation dont se réclame également le PKK, en appelant sa branche armée la « guérilla », appellation impropre car les mouvements de « guérilla » ne visent pas les civils ce qui n’est pas le cas du PKK comme nous le verrons plus loin.
Ainsi, les groupes armés révolutionnaires dans leur volonté de lutter contre les effets inégalitaires de l’internationalisation du modèle capitaliste qui bouscule les pratiques économiques mais aussi culturelles, ont emprunté à une idéologie, le marxisme, qui leur fournissait les armes permettant de se battre contre ce capitalisme.
Néanmoins, cette idéologie qui prône le dépassement des différences culturelles, ethniques ou religieuses – la religion vue comme « l’opium des peuples » – dans un système internationaliste d’alliance des classes des travailleurs « opprimées par le capitalisme », cette idéologie marxiste donc est en contradiction avec un autre mouvement, aussi, sinon davantage puissant, de revendications nationalistes.
De ce fait, particularisme (justifié par la lutte contre l’uniformisation induite par le capitalisme globalisé) et internationalisme (exigé par le dépassement des particularismes, justement, de l’idéologie marxiste) entrent en contradiction au sein de ces « groupes révolutionnaires. »
Si, parfois, la composante internationaliste s’impose comme à Cuba, le plus souvent c’est la partie nationaliste qui l’emporte comme pour l’ETA, les Tigres de libération de l’Îlam tamoul ou le PKK.
Ce nationalisme étant d’autant plus radical que l’idéologie marxiste-léniniste qui la porte l’est également. Voulant une refondation des modes de relation entre les hommes basés sur un égalitarisme total et une absence de référence, elle porte une radicalité dont les revendications identitaires, nationalistes portent le signe, et les fait échouer dans un système de violence de plus en plus grand allié à un populisme – il est notable qu’un des premiers attentats terroristes référencés est l’assassinat du gouverneur de Saint-Pétersbourg en 1878 par une populiste russe du groupe Narodnaia Volia, « La volonté du peuple » – et tribalisme de plus en plus étroits.
Attirant l’attention sur les dangers du « populisme et ses formes nationalitaires qui se prévalent de la représentation simpliste d’un Etat abstrait et maléfique, opposée à celle d’une société civile idéalisée, espace libéré de la communication entre les individus pleinement souverains », le sociologue et historien de la communication, Armand Mattelart les analyse comme suit :
« En outre, il faut s’empresser de dire que le mouvement puissant qui pousse les peuples et les nations à se réapproprier leur histoire et leur culture est très ambivalent. Ce mouvement peut en effet conduire aux tentations extrêmes de la fermeture sur sa propre identité : le retour au tribalisme, à la pureté des identités ethnoculturelles et aux expressions multiples de l’intolérance envers l’étranger. »
Ainsi, la régression identitaire, l’ultranationalisme, le tribalisme kurde dont le PKK est le représentant, voit-il les Turcs comme des étrangers venus d’Asie et occupant l’Anatolie dont les Kurdes seraient les « vrais » et « éternels » propriétaires.
Ce radicalisme et cette régression identitaire se retrouveront également dans les activités criminelles (assassinats, attentats, trafic de drogue, enlèvements, proxénétisme, immigration clandestine) et les modes d’action du PKK (suppression physique des opposants politiques ou civils, propagandes, fanatisme et xénophobie).
Histoire de la fondation de l’organisation terroriste kurde
Le PKK a été créée en 1978 à Ankara par un Kurde originaire de Turquie, Abdullah Öcalan. Il est constitué au départ de 16 personnes formant le noyau dur, parmi lesquels un vice-président, Cemil Bayik, un responsable de Conseil de coordination, Sahin Donmez, un responsable de branche armée, Mehmet Karasungur, et enfin un responsable pour le renseignement, Mazlum Dogan. De ce groupe fondateur seul A.Öcalan restera, les autres étant, pour la plupart, assassinés.
Il s’inscrira dans la lignée des organisations d’idéologie marxiste-léniniste, en vogue à l’époque (dans les années 1960 – 1980) en Turquie, telles que DEV-SOL (Gauche Révolutionnaire), TKP-ML (Parti Communiste Marxiste-Léniniste de Turquie), THKP-C (Parti du Front de Libération du Peuple de Turquie) etc. Ces organisations, alors soutenues par l’URSS, entendaient lutter pour l’ « égalité » et contre le « capitalisme », l’ « oligarchie » et le « fascisme » – terminologie toujours employée dans la langue par les groupes d’idéologie marxiste-léniniste.
Suivant également ces organisations dans leurs modes d’action violents comme expression politique, le fondateur et leader du PKK, Abdullah Öcalan, se lancera très tôt dans une politique de liquidation des opposants ou des groupes – révolutionnaires ou nationalistes kurdes – qu’il estimait être rivaux. L’organisation terroriste éliminera ainsi nombre de ces groupes tels que Devrimci Halkın Birliği (Union Révolutionnaire du Peuple), Halkin Kurtuluşu (Libération Populaire) ou encore Devrimci Doğu Kültür Ocakları (Foyers Révolutionnaires de la Culture Orientale).
A. Öcalan a non seulement éliminé d’autres groupes violents, mais aussi des partis politiques kurdes pacifiques, comme le Parti socialiste du Kurdistan (Partiya Sosyalîsta Kurdistan, PSK) de Kemal Burkay, qui sonnait la fin de l’espoir de nombreux Kurdes d’une action politique pacifique.
Il a, par ailleurs, ciblé des Kurdes accusés d’être à la « botte de la Turquie » qu’il qualifie de
« traites » ou de « fascistes ». En 1979, le PKK a atteint une notoriété nationale en assassinant Mehmet Celal Bucak, un célèbre politicien conservateur kurde et un riche propriétaire terrien dans l’Est de la Turquie. Condamné à mort par le PKK pour « exploitation de la classe paysanne », Bucak a été le premier d’une longue série de crimes politiques du PKK, dont la tendance se poursuit.
Le 6 Juillet 2006, les membres du PKK ont assassiné Hikmet Fidan, coordinateur pour le Parti Patriotique Démocratique (Partiya Welatparêzên Demokraten Kurdistan, PWD), un groupe dissident du PKK basés dans le nord l’Irak qui préconisait l’action non violente pour les Kurdes.
Les actions terroristes à grande échelle du PKK débutent dans les années 1980. Durant ces années, l’organisation terroriste s’en prendra aussi bien aux militaires, aux civils, aux acteurs économiques, qu’aux fonctionnaires d’Etat. Ainsi, plus d’une centaine d’instituteurs et de professeurs seront assassinés, souvent de manière singulièrement cruelle, la plupart étant égorgés (voir, Andrew Mango, « Turkey and the War on Terror ») – ce qui symboliquement porte la marque de l’idéologie antiturque plus qu’ « égalitaire » des activistes du PKK. En effet, le fait de trancher la gorge d’un instituteur pouvant être interprété comme la volonté de « faire taire » la langue turque.
Le 15 août 1984 est une date anniversaire pour le PKK où il signe sa première grande opération armée dans les villes d’Eruh et Semdinli en Turquie. Mené par un Abduallah Öcalan de plus en plus sectaire, lancé dans une politique de séparatisme, et retranché au Liban depuis le coup d’Etat militaire en 1980, le PKK intensifiera ses actions armées et attentats en Turquie.
L’important soutien, à cette époque, de la Syrie au PKK, en raison des questions de partage d’eau entre les deux pays mais également de la politique pro-occidentale de la Turquie, permettra à l’organisation kurde de se développer aux frontières turques et dans les zones contrôlées par la Syrie au Liban.
Ces attentats, qui ont pour objectifs de déstabiliser la Turquie, de créer des tensions turco-kurdes, de nuire au secteur du tourisme ou encore de réprimer les citoyens d’origine kurde, continueront à s’intensifier au fil des années. A titre d’exemples, parmi les crimes du PKK contre les civils, depuis les années 1980 jusqu’à nos jours, il y a :
8 juillet 1987, Pençenek : 15 civils tués.
9 juillet 1987, Midyat : 31 dont 17 enfants tués.
18 août 1987, Kılıçkaya : 23 civils tués.
10 octobre 1987, Meşeiçi : 13 civils tués.
9 mai 1988, Nusaybin : 11 civils dont 8 enfants et 2 femmes tués.
8 août 1989, Yüksekova : les terroristes du PKK enlèvent 10 villageois, 5 sont tués.
9 août 1989, Beytüşebap : 11 civils sont enlevés par le PKK, 6 sont tuées.
10 août 1989, Hisar : 4 civils dont 2 enfants tués.
12 août 1989, Bahçesaray : 6 civils tués.
18 août 1989, Yüksekova : 9 civils sont enlevés par le PKK, 5 sont tués.
12 décembre 1989, Cevizlik : 6 civils tués.
1 mars 1990, Mamrastepe : 3 femmes sont exécutées, 7 civils enlevés dont 4 retrouvés morts.
22 mars 1990, Elazığ : 9 ingénieurs tués.
9 mai 1990, Van, 5 civils tués.
11 juin 1990, Sirnak : 27 civils tués, dont 7 femmes et 12 enfants.
14 juillet 1991, Kahramanmaraş : 9 civils tués.
25 décembre 1991, Istanbul : 11 civils tués dans l’incendie provoqué avec des cocktails Molotov lancés par des terroristes du PKK dans un centre commercial.
11 juin 1992, Bitlis : 13 civils sont exécutés.
5 septembre 1992, Bingöl : les terroristes du PKK arrêtent des voitures et exécutent 7 civils.
15 septembre 1992, Batman : 6 civils tués.
20 octobre 1992, Bingöl : les terroristes du PKK arrêtent un bus, font descendre les voyageurs et exécutent 19 civils.
10 novembre 1992, Diyarbakir : 9 civils tués.
15 novembre 1992, Iğdır : 8 civils tués.
5 juillet 1993, Başbağlar : 28 civils tués, 4 disparus, 58 maisons sont brûlées.
19 Juillet 1993, Van : 26 civils dont 22 femmes et enfants.
4 Août 1993, Bitlis : 28 civils sont regroupés et fusillés, 15 civils trouvent la mort.
10 août 1993, Bingöl : 8 civils tués.
29 août 1993, Elazığ : 14 civils sont enlevés, 9 sont tués.
4 octobre 1993, Madrin : 26 civils tués dans un autobus par l’explosion d’une mine posée par les terroristes du PKK.
25 octobre 1993, Yavi : plus d’une centaine de civils regroupés dans un café sont fusillés, 35 sont tués, et 50 blessés.
1 janvier 1995, Diyarbakır : 9 civils, 5 femmes et 4 enfants tués par le PKK.
25 mai 1995, Batman : 8 civils tués dans un attentat à la bombe.
24 juillet 1998, Van : 12 civils tués.
5 août 1995, Hatay : 8 civils tués dont 3 enfants tués lors d’une attaque par roquette.
7 septembre 1995, Hatay : 9 civils fusillés par le PKK.
13 août 1996, Sivas : 8 civils sont tués dans la gare de la ville.
15 décembre 1997, Mardin : 12 civils tués.
09 juillet 1998, Istanbul : attentat à la bombe, 7 civils tués et 111 blessés.
13 mars 1999, Istanbul : attentat à la bombe dans le marché bleu, 13 civils tués.
2000 – 2004 : le PKK ayant subi de lourdes pertes et avec l’arrestation de son chef Adbullah Öcalan décrète un cessé le feu.
30 avril 2005, Kusadasi : attentat à la bombe à dans la ville touristique, 5 civils tués et 20 blessés.
13 septembre 2006, Baglar : attentat à la bombe 17 civils dont 7 enfants tués.
29 septembre 2007, Sirnak : les terroristes du PKK mitraillent un bus 5 civils tués.
10 Mai 2008, Batman : 3 civils tués par l’explosion d’une mine.
27 juillet 2008, Istanbul : double attentat à la bombe qui fait 18 morts dont 5 enfants et 150 blessés.
10 Mai 2009, Sirnak : 5 civils tués.
31 juillet 2010, Batman : 4 civils tués par l’explosion d’une mine posée par le PKK.
16 septembre, 2010 : 9 civils dont 1 enfant tués.
30 octobre 2010, Istanbul : attentat suicide, 16 civils blessés.
11 septembre 2011, Hakkari : 3 civils tués lors d’un mariage.
22 septembre 2011, Anakra : attentat à la bombe, 3 civils tués et 34 blessés.
21 septembre 2011, Siirt : 4 civils tués.
26 septembre 2011, Batman : 2 civils tués.
18 octobre 2011, Bitlis : 5 civils tués.
29 octobre 2011, Bingöl : 3 civils tués par un attentat suicide.
Ainsi, en 30 ans, le PKK a perpétré environ 21 000 actions terroristes (attaques à l’arme légère ou lourde, par mine, assassinats, attentats à la bombe, enlèvements) lors desquelles il a assassiné plus de 5 600 civils, 5 000 fonctionnaires d’Etat et soldats et fait plus de 20 000 blessés.
Le fanatisme et la violence sont une constante et constituent le fondement de l’action « politique » du PKK. Ils sont justifiés par une conception d’un ennemi (en l’occurrence la Turquie et les Turcs) revêtue d’attributs sinistres contre lesquels il serait légitime d’user de violences.
Ainsi, le degré de ces violences augmentant, les caractères attribués à l’ennemi deviennent, proportionnellement, dogmatiques et négatifs. Il s’agit là d’un cercle vicieux qui nourrit la violence, la xénophobie et les ressentiments du PKK. En effet, une organisation comme le PKK, qui légitime la violence par le caractère « diabolique » de l’ennemi, entraîne mécaniquement, chez celui-ci et ses partisans, une xénophobie contre cet ennemi, dont la violence de plus en plus extrême à son encontre porte la marque.
De ce fait, au fil des années, cette posture, politique et idéologique, du PKK a inscrit dans l’identité de cette organisation une paranoïa, une violence et une xénophobie principalement contre les Turcs mais également contre tout opposant, dont l’ampleur n’a eu cesse d’augmenter.
La multiplication des attaques, particulièrement au cocktail Molotov, en Turquie mais aussi en Europe contre des cibles turques, les discours de plus en plus brutaux (1), la paranoïa qui augmente ou qui fait croire à un plan pour « annihiler le peuple kurde » (2) par un « Etat-profond-turc », symbole d’une puissance qui tirerait tous les fils d’une « grande manœuvre », la qualification de « traite » aux « Kurdes qui se laisseraient assimiler », finissent d’enfermer complètement le PKK dans une représentation faussée et dangereuse du monde.
Assassinat du premier ministre suédois Olof Palme
Pour caractériser ce fanatisme du PKK, l’affaire d’Olof Palme, ancien premier ministre suédois assassiné en février 1986 est significative.
En effet, lors de son procès en 2001, le leader de l’organisation terroriste, Abdullah Öcalan, affirmera (3) qu’il a reçu des informations selon lesquelles c’est une branche européenne du PKK, menée par Hüseyin Yildirim, qui après avoir menacé Palme organisera son assassinat. La politique antiterroriste de la Suède à cette période, sous la direction de Palme, justifiant pour le PKK une telle action.
L’enquête menée par les officiels suédois n’aboutira pas et les assassins de l’ancien premier ministre suédois ne seront jamais retrouvés. Néanmoins, le fait même de concevoir d’assassiner un représentant d’Etat en raison de sa politique antiterroriste montre ce qu’il en est de la conception politiquement violente et antidémocratique de l’organisation terroriste.
La mégalomanie d’Abdullah Öcalan
Le leader historique du PKK, Abdullah Öcalan, a écrit en 2002 un livre ayant pour titre « dialogues avec l’existence libre ». Dans ce livre autobiographique, où il retrace son parcours, le leader du PKK fait des confidences qui montrent, en creux, sa vision déformée du monde.
S’affirmant, dans sa jeunesse, en guerre contre Dieu, il déclare qu’il a gagné cette guerre et qu’il est devenu, lui aussi, de nature quasi-divine : « dans mes années de jeunesse, affirme Öcalan, j’ai mené une guerre contre Dieu. J’en suis sorti victorieux et suis devenu demi-Dieu. » Par ailleurs, dans ce même livre, A. Öcalan, se décrit comme un être « asexué », il compare également son départ de la ville de Urfa à l’exil du prophète Ibrahim, et son arrestation en 1999 à la passion de Jésus (4).
Cette conception mégalomane de lui-même se retrouve dans ses rapports avec les autres. Ainsi, A. Öcalan aimait qualifier les Kurdes qui n’étaient pas d’accord avec lui « d’arriérés » qui se laissaient « assimiler » (5), situation contre laquelle il entendait lutter en empruntant les mêmes voies de « lutte des peuples » théorisées et mises en pratique par Mao Zédong.
Les enfants soldats du PKK
Un récent rapport préparé par le ministère des Affaires étrangères américain sur le phénomène des enfants-soldats montre que 38% des activistes utilisés par le PKK dans ses opérations terroristes ont moins de 18 ans – 12 ans pour les plus jeunes (6).
Les membres du PKK, chargés de l’embrigadement des enfants pour des activités terroristes, les enlèvent le plus souvent de force à leur famille ou par, un travail de propagande, consistant, par exemple, à affirmer que l’ « Etat turc » travaille à « exterminer » les Kurdes, convainquent les plus jeunes à s’enrôler pour le PKK.
Ces enfants sont ensuite emmenés dans des camps de l’organisation terroriste et soumis à un entraînement militaire et formation idéologique au terme desquels ils deviennent des « guérilleros », selon la terminologie, impropre comme nous l’avons vu, du PKK. Les conditions de ces « formations » ne sont pas très bien connues, néanmoins d’après les témoignages recueillis d’enfants qui ont connu ces camps, il y aurait de nombreuses violences morales et physiques commises à leur encontre.
Passée la période de formation, ces enfants soldats sont soit envoyés, armes en main, au « front » soit utilisés dans les grandes villes de l’Est de la Turquie contre les forces de l’ordre, les bâtiments administratifs ou plus généralement ce qui symbolise l’ordre étatique et économique – défini comme moyen d’ « assimilation » par l’organisation terroriste.
Cette stratégie qui consiste à utiliser des enfants pour des opérations de type militaire ou de trouble à l’ordre public a des avantages pour le PKK. En effet, les enfants sont beaucoup plus influençables et aux ordres que les adultes, qui peuvent, malgré tout, garder un certain esprit critique.
Par ailleurs, placer les enfants en première ligne permet aux terroristes du PKK de pouvoir agir en arrière-plan contre les forces de sécurité et en cas de bavure policière (rare au demeurant), s’indigner auprès des opinions publiques occidentales d’atteintes aux droits de l’homme perpétrées par les militaires, policiers et gendarmes turcs.
Les alliances du PKK
Le PKK a établi des relations avec nombreux pays, hostiles à la Turquie, tels que la Grèce, et d’autres organisations révolutionnaires armées, comme le Hezbollah kurde, l’ASALA arménien ou le DHKP-C turc.
Dans les années 1990 la Grèce a accueilli et financé (7) de nombreux terroristes du PKK sur son sol. Regroupés dans le camp pour réfugiés de « Lavrion » ils y recevaient une formation prodiguée par les militaires grecs au maniement des armes et plus particulièrement des explosifs. De retour en Turquie les membres du PKK commettaient des attentats contre les militaires, civils ou sites touristiques. En novembre 2010 le camp de « Lavrion » fut définitivement fermé par les autorités grecques, néanmoins le PKK garde encore une présence dans ce pays.
Les relations entre la Grèce et le PKK furent dévoilées au grand jour, lors de la fuite et la capture en 1999 d’Abdullah Öcalan par les forces spéciales turques et américaines. A cette période, A. Öcalan, expulsé par la Syrie, sur les pressions de la Turquie dont les autorités s’étaient décidées à arrêter le leader du PKK, se réfugia en Russie, puis en Italie, pour être finalement accueilli à l’ambassade grecque de Nairobi au Kenya.
Expulsé également par les autorités grecques, il fut arrêté par les forces de l’ordre kenyanes et remis aux forces spéciales turques. A son arrestation, il portait sur lui un passeport chypriote grec avec un nom d’emprunt « Lazaros Mavros ».
Cette arrestation causa une grave crise politique en Grèce, certains politiciens grecs accusant le gouvernement du premier ministre Kostas Simitis d’avoir « livré » le leader terroriste à la Turquie. Les membres du PKK en voudront également à la Grèce mais sans causer de troubles majeurs. Au terme de cette crise avec le PKK, 3 ministres grecs démissionneront : le ministre des Affaires étrangères Teodoros Pangalos, le ministre de l’Intérieur Alekos Papadopulos et le ministre des Affaires publiques Filippos Peçalnikos.
Au-delà de cette affaire, le soutien de la Grèce au terrorisme sera dénoncé par les Etats-Unis et le Royaume-Uni, mais sans résultats sur la politique grecque. Ce soutien vient principalement de l’inimitié de la Grèce envers la Turquie en raison de l’histoire conflictuelle entre les deux pays, particulièrement durant la première guerre mondiale lors de laquelle après avoir envahi la Turquie elle en fut chassée.
En outre, l’expression du sentiment nationaliste chez les Grecs, la « Megáli Idéa » (la Grande Idée) selon laquelle les territoires turcs reviennent aux Grecs et qu’elles doivent être conquises afin de tous les unir au sein d’un même Etat-nation, « Idée » qui sera centrale lors de la guerre d’indépendance dans les années 1820, puis lors de l’occupation de la Turquie en 1921, également lors du coup d’Etat à Chypre par les Colonels grecs en 1974, joue également un rôle important dans la relation négative qu’ont les Grecs avec la Turquie.
Même si la Grèce est le principal pays européen ayant soutenu le PKK d’autres comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique ou le Danemark ferment, en partie, les yeux sur les activités criminelles de cette organisation terroriste.
Ainsi, en Allemagne, tous les ans, des dizaines milliers de personnes célèbrent le leader du PKK et l’organisation terroriste lors de manifestations dans les rues ou dans les stades allemands. Régulièrement des violences sont commises contre les Turcs et les commerces turcs dans ce pays par les militants du PKK. Par ailleurs, selon un rapport d’Interpol, il y avait en 2000 en Allemagne près de 7 000 militants et environ 50 000 sympathisants actifs du PKK (8). C’est d’ailleurs dans ce pays que l’organisation a choisi d’établir son « front européen » (7) d’où il organise d’une part sa propagande en direction des opinions publiques occidentales, et d’autre part son financement – dont nous verrons les méthodes ci-dessous.
Aux Pays-Bas, jusqu’en 2004 le PKK possédait un camp d’entraînement au Liempde (village situé dans la commune de Boxtel), fermé depuis.
Au Danemark, l’organe de presse non officielle du PKK la chaîne de télévision ROJ TV émet depuis ce pays où il a reçu des distinctions de certaines organisations de gauche. Néanmoins, ces mêmes organisations ferment étrangement les yeux sur l’idéologie xénophobe et les actions criminelles du PKK.
En Belgique, les partisans du PKK attaquent régulièrement des associations turques, organisent des rackets et prélèvent un « impôt révolutionnaire » auprès des Turcs ou des Kurdes.
En Irak, l’organisation terroriste kurde possède de nombreux camps, principalement dans les monts Qandil à la frontière entre l’Irak et l’Iran. C’est depuis ce pays que le PKK s’organise et fait les attaques les plus meurtrières dans les villes frontalières turques.
Ainsi, le 21 octobre 2007, une centaine de terroristes franchissaient la frontière turco-irakienne et faisaient 12 victimes dans la ville de Yüksekova parmi les forces de l’ordre turques. De même, le 3 octobre 2008, le PKK lance une attaque contre les gardes-frontières de la localité de Semdinli qui cause la mort de 15 soldats turcs. Plus récemment, le 20 juin 2012 à Dağlıca 8 soldats sont tués par le PKK dont les membres venaient d’Irak.
Cette région du Nord irakien est actuellement sous l’autorité des Kurdes d’Irak et des forces militaires américaines. Le fait, que les premiers n’agissent pas contre le PKK peut être compréhensible, d’une part ils n’y ont pas d’intérêts, et le PKK représente un moyen de pression sur la Turquie, d’autre part, il y a une solidarité ethnique kurde qui joue un rôle important dans leur soutien officieux à l’organisation terroriste.
En revanche, pour les Américains, qui étaient intervenus en Irak en 2003 afin de mener la « guerre au terrorisme », l’inaction et la passivité contre le PKK a de quoi étonner. Elles s’expliquent néanmoins par plusieurs considérations.
Le refus de la Turquie, en 2004, d’autoriser les forces américaines à utiliser son territoire pour attaquer l’Irak a braqué les autorités du gouvernement de Georges W. Bush contre elle. Par ailleurs, le Nord de l’Irak est la seule région de ce pays où les forces américaines se maintiennent sans hostilité du fait de l’alliance avec les Kurdes, elles ne veulent donc pas créer un nouveau front en s’opposant au PKK. Enfin, l’armée américaine utilise (9) la faction iranienne du PKK – le « Parti pour une vie libre au Kurdistan » PJAK – pour des opérations clandestines et attentats contre l’Iran, pays avec lequel les Etats-Unis sont en conflit.
L’alliance entre un groupe armé révolutionnaire d’idéologie marxiste-léniniste, censé donc combattre le capitalisme avec un pays pro-capitaliste et qui, de plus, a aidé à la capture de son leader historique, Abdullah Öcalan, est pour le moins surprenant. Cela pointe, encore une fois, la logique essentiellement anti-turque du PKK – qui le pousse à faire abstraction de toute contradiction.
La Russie, l’Iran ou encore la Syrie ont également soutenu logistiquement et financièrement le PKK par le passé en raison de la politique pro-occidentale de la Turquie. Ces soutiens ne semblent plus être effectifs aujourd’hui, même si les troubles en Syrie remettent le PKK sur le devant de la scène dans ce pays.
Par ailleurs, le PKK a établi des relations avec d’autres groupes armés révolutionnaires comme la gauche révolutionnaire « Devrimci Sol » ou le DHKP-C turc ou l’ASALA arménien.
Le cas de l’ASALA arménien est intéressant, car comme la Grèce, ce groupe terroriste actif dans les années 1970-1980 qui a commis des attentats contre les civils et diplomates turcs, avait des revendications territoriales sur la Turquie afin d’établir la « Grande Arménie » c’est-à-dire l’« Arménie wilsonienne ».
Ainsi les projets nationalistes sous couvert de communisme, « Grand Kurdistan », « Grande Grèce » et « Grande Arménie » entrent-elles, en partie, en conflit. Mais ceux-ci sont tus ou évités au nom de la lutte contre le « maléfique Etat-turc opprimant, répressif, anti-droits de l’homme etc. »
Il est cocasse encore une fois que des organisations criminelles, avec une idéologie extrémiste comme le marxisme-léninisme, se réclame des droits de l’homme. Néanmoins, cette posture porte parfois ses fruits et de nombreux partis de gauche et d’extrême gauche en Turquie et en Europe leur apportent soutien et caution.
Financement du PKK : trafic de drogue, trafic d’êtres humains, racket, proxénétisme
En 2006, le Centre intégré d’évaluation des menaces (CIEM – agence gouvernementale canadienne – a établi un rapport sur les différents modes de financement des organisations terroristes.
La CIEM a ainsi listé les activités criminelles d’où les organisations terroristes tirent leurs revenus. La plus grande source financière provient du trafic de stupéfiants. A ce titre, le rapport pointe les différences et les ressemblances entre les organisations terroristes et celles criminelles de types mafieux. Il attire l’attention sur le fait que des accords voire des collaborations (10) existent entre ces deux types d’organisation afin de se partager des zones de contrôle.
Viennent ensuite comme sources de financement, l’extorsion de fonds, le proxénétisme, l’immigration illégale, les dons, le trafic de main-d’œuvre, les enlèvements ou encore le trafic d’armes.
Ainsi, de la même manière que le terrorisme est le mode d’action politique des mouvements armés révolutionnaires, dits de « libération », leur mode de financement est également criminelle, et se confond avec celui des organisations criminelles mafieuses.
Par ailleurs, ces dernières peuvent à leur tour adopter les méthodes terroristes, comme l’analyse François-Bernard Huyghe, spécialiste et enseignant français des médias et de la géostratégie :
« En sens inverse, il y a quelques années, la Mafia italienne a imité les méthodes terroristes en s’en prenant à des responsables de l’État ou à des monuments célèbres, afin d’envoyer un message aux politiques : n’allez pas trop loin » si bien qu’ « il devient difficile de distinguer entre mafias utilisant le masque de la politique et terroristes devenus mafieux ».
Concernant le PKK, bien qu’il soit difficile, en raison de leur nature, d’établir des estimations chiffrées de ses revenus, les chercheurs de la CANAFE – « Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada » – (11) estiment qu’ils proviennent principalement du trafic de stupéfiants vers l’Europe (estimé entre 50 à 100 millions de dollars par an), du trafic d’êtres humains (12) (estimé à 250 millions de dollars par an) et de l’extorsion de fonds, appelé « impôt révolutionnaire », en Turquie et en Europe (dont les revenus sont estimés à plusieurs dizaines de millions de dollars par an).
Le PKK a réellement accru ses revenus avec le trafic de stupéfiants. Les réseaux de drogue de l’organisation terroriste vont de l’Afghanistan, pays producteur, en passant par les pays de transit comme la Turquie et les Balkans, et ont pour destination l’Europe de l’Ouest. Les réseaux kurdes, liés au PKK, qui avaient dominé le commerce de l’héroïne dans les années 80, contrôleraient ainsi en grande partie la « route du sud » qui passe à travers l’Asie Centrale (13).
En 2008, afin de lutter contre les revenus des organisations terroristes provenant trafic de stupéfiants, le Département d’Etat américain a classé un certain nombre d’organisations armées sous l’appellation « narcoterroristes » (14). Ces organisations sont inscrites sur une liste noire désignant cinq zones d’intervention potentielle :
Asie du Sud et ex-URSS : Al Qaida, « Groupes militants du Cachemire », LTTE, Mouvement islamique d’Ouzbékistan
Asie du Sud-Est : UWSA, Groupe Abu Sayyaf
Moyen-Orient : Hezbollah (Liban), Jihad Islamique palestinienne
Europe : PKK, Real IRA, ETA.
Conclusion
Le PKK est une de ces organisations criminelles qui allient idéologie – mélange d’un nationalisme sectaire et de marxisme-léninisme – propagandes à travers les médias et les réseaux de communication modernes, activités mafieuses, dont les méthodes de fonctionnement ont imprégné jusqu’à la logique de « lutte » de cette organisation et enfin terrorisme qui cible aussi bien civils, militaires que fonctionnaires d’Etat.
François Haut, directeur de recherche en criminologie à l’Université Paris II, définissait ainsi très justement le PKK comme une « organisation criminelle hybride » (15) dont les différentes facettes concourent à alimenter sa conception turcophobe des relations politiques.
Analysant l’un des premiers attentats terroristes de l’histoire – le meurtre de gouverneur de Saint-Pétersbourg par une populiste russe – François-Bernard Huyghe, spécialiste et enseignant des médias et de la géostratégie, affirme :
« Toutes les composantes du terrorisme moderne y sont : la bombe, le pistolet et le manifeste, une idéologie qui justifie l’assassinat des puissants pour provoquer l’effondrement du Système, une structure clandestine quasi sectaire ».
Ainsi, à côté des activités criminelles des organisations terroristes et jointe à elles, afin de les justifier, il y a une « identité symbolique » dont l’articulation suit une structure que François-Bernard Huyghe définit comme suit :
« Il y a aussi et surtout une identité symbolique : le groupe terroriste parle toujours au nom d’un sujet historique qui le dépasse : la Nation, les opprimés, les vrais croyants, l’Oumma, voire – dans le cas bizarre du terrorisme écologique – la Nature. C’est là la source de ce qu’il considère comme sa légitimité. Elle lui permet de ne pas respecter la légalité de l’État qu’il combat. »
Concernant le PKK, cette « identité symbolique » a d’abord été celle de l’idéologie marxiste-léniniste de « lutte des classes », pour devenir, avec la chute de l’URSS, un ultranationalisme se posant comme représentant du « peuple kurde » et « défenseur des droits démocratiques des Kurdes ».
Sans cette dimension identitaire et idéologique les groupes armés révolutionnaires seraient de « simples » organisations mafieuses. Or, ces deux postures – idéologie et identitaire – permettent au PKK de justifier aux yeux de la communauté internationale ses activités criminelles, le terrorisme, la xénophobie ou le fanatisme.
Par ailleurs, plus ce fanatisme croît au sein des membres du PKK et de ceux qui en sont proches, plus ce qui est visé, la Turquie et les Turcs en l’occurrence, doit revêtir des attributs négatifs, « maléfiques » pour reprendre le terme du sociologue Armand Mattelart, qui justifieraient ce fanatisme. Cette conception d’un ennemi maléfique alimentant en retour la xénophobie des Kurdes gagnés à l’idéologie de l’organisation terroriste.
Il s’agit ici d’une double justification : la « légitimité » vient de ce que l’organisation terroriste se pose en représentant du peuple kurde, et son fanatisme est justifié par la représentation d’un ennemi qui est conçu comme foncièrement mauvais. A mesure que la violence du PKK augmente, cette représentation des « Turcs maléfiques », représentation qui échappe à la réalité et échoue sur le terrain de l’irrationnel xénophobe, prend de l’ampleur.
En 1999, lors de son procès, le chef terroriste Abdullah Öcalan, aujourd’hui en prison, affirmait qu’il réclamait de ses partisans de faire des attentats dans les villes touristiques turques, de mettre le feu aux forêts, « brûlez ceux qui vous brûlent » (16), lançait-il. Ces appels étaient faits depuis la chaîne MED-TV émettant depuis l’Europe – depuis MED-TV a changé de nom et s’appelle désormais ROJ-TV et continue d’émettre depuis le Danemark.
Aujourd’hui, la violence et la xénophobie sont moyens et termes pour le PKK. Ses partisans sont de plus en plus extrémisés et jusqu’au-boutistes dans leurs actes et leurs discours. Comme mentionné ci-dessus, les marques de ce fanatisme ne manquent pas, récemment, celles-ci se sont encore une fois exprimées contre de civils :
En octobre 2011 et proche de nous, un groupe d’activistes du PKK a attaqué physiquement (17) une manifestation à Bastille (Paris) organisée par des Français d’origine turque. La violence de cette attaque montre, s’il était encore nécessaire, le fanatisme de l’organisation terroriste qui agit et se justifie donc sous couvert des « droits de l’homme ».
En Turquie, les terroristes du PKK ont assassiné de nombreux enfants dans le cadre de leur « cause » et la lutte pour le « peuple kurde ». En 2011, dans les villes de Mardin et Sirnak leurs partisans ont attaqué (18) des écoles primaires blessant des enfants en raison de divergences politiques – enseignement en langue turque ou religieuse. Exprimer de cette manière des divergences d’ordre politique montre le peu de cas à faire des justifications « droit de l’homme » du PKK.
Le caractère anti-démocratique de cette « organisation criminelle hybride » qu’est le PKK doit être combattue au même titre que les organisations telles que Al Qaeda, les FARC ou encore le Sentier Lumineux contre lesquels les Occidentaux n’ont pas les mêmes scrupules que concernant le PKK.
Une telle organisation qui se nourrit du crime, ne peut se poser légitimement en représentant d’une démarche démocratique ou de justice et pas plus comme représentant d’un peuple, sinon à fanatiser ce peuple lui-même. Or, cette fanatisation est à l’œuvre aujourd’hui et il représente le plus grand danger pour la paix et les valeurs démocratiques.
La question kurde en Turquie doit être appréciée et prise dans le cadre démocratique turque, certes à parfaire, comme chaque démocratie, ce que le gouvernement de l’AKP a commencé à entreprendre avec la politique d’ « ouverture démocratique » et non dans le cadre du crime et la violence que porte le PKK.
Chaque parti doit faire les efforts nécessaires pour, une fois pour toutes, défaire les conditions qui ont permis à une organisation criminelle de cet ordre de naître et de prospérer. Il en va, encore une fois, de la paix et la prospérité démocratique en Turquie.
Dossier préparé par l’association « Alliance Démocrate »
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(1) Exemple d’un discours prononcé en Allemagne d’un activiste du PKK : Turquie : le DTP démocrate ou terroriste ?
(2) Après la bavure de Uludere, en décembre 2011, où 34 contrebandiers ont été tués à la frontière turco-irakienne lors d’une opération aérienne par les forces de l’ordre, le leader du principal parti pro-Kurde en Turquie, le BDP, Selahattin Demirtas affirmait que cette action était, en fait, planifiée par l’Etat et destinée à annihiler les Kurdes, et que le gouvernement, dans sa politique contre le peuple kurde, pouvait bien passer « tous les Kurdes au fil de l’épée », seul compterait leur « grandiose résistance » : Demirtaş, “Bugün ülke bölünmüştür. Artik emin oldum”
(3) Résumé du procès (en Turc) : Öcalan davası
(4) Article de journal (en Turc) : Öcalan’ın kitabında inanılmaz ifadeler
(5) Lire l’article : Spécial PKK (article paru dans Front Social)
(6) Dossier spécial du magazine « Aksiyon » sur les enfants soldats du PKK (en Turc) : PKK’nın ‘çocuk militanları’
(7) Rapport, présenté à l’Assemblée Nationale en 1995, du « Centre de Recherche des Menaces Criminelles Contemporaine » : Le PKK, terrorisme et guérilla, au coeur de la zone des tempêtes
(8) Implantation du PKK en Allemagne analysée par Quentin Michel dans le livre « terrorisme regards croisés » :
Accès version numérique
(9) Interview du journaliste canadien indépendant Reese Erlich (en Anglais) : Vidéo
(10) François-Bernard Huyghe définira cette association comme la conjonction d’intérêts communs : « lorsque des territoires entiers sont sanctuarisés, c’est-à-dire sous l’autorité de groupes armés et échappent aux lois nationales et internationales, cela intéresse les seigneurs de la drogue. C’est ce que démontrent les exemples du narcoterrorisme du FARC en Colombie, ou les accords passés par le Sentier Lumineux au Pérou avec les cartels de la drogue. » : Quelques textes pour comprendre le terrorisme
(11) Rapport du « Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada » :
Money laundering and terrorist activity financing watch
(12) Analyse du Think Tank « Centre Français de Recherche sur le Renseignement » : Le trafic d’êtres humains
Article de journal (en Turc) sur les revenus du PKK liés au trafic d’êtres humains : PKK’nın gelir kaynağı : insan ticareti
(13) Lire le dossier : Le narcotrafic et les organisations criminelles transnationales en Asie Centrale
(14) Livre du journaliste Arnaud Aubron, « Drogues store », concernant ce classement :
Drogues Store : Dictionnaire rock, historique et politique des drogues
(15) Lire l’analyse de François Haut :
Guérilla et Narcotrafic : Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), exemple d’entité hybride terroriste et criminelle
(16) Lire l’article : Terrorisme : les dangers du PKK
(17) Vidéo de l’agression des manifestants de la place Bastille par les activistes du PKK : Des sympathisants du PKK attaquent des manifestants turcs à Bastille (Paris)
(18) Différents reportages sur les attaques d’écoles en Turquie par les terroristes du PKK :
Terorist grup okula saldırdı
Des terroristes kurdes du PKK brûlent une école
PKK TERRORISM : Terrorists attack a School in Sirnak-Cizre / Turkey (27.05.2011) – euronews