Müge Irmak (21 ans) et Özlem Çakir (22 ans) viennent toutes deux de débarquer à Lille pour leur rentrée en tant qu’étudiantes Erasmus. Grâce à Marine, étudiante de Sciences Po Lille maîtrisant le turc, nous avons pu échanger avec elles. Les deux jeunes filles nous livrent notamment leurs sentiments à propos des manifestations qui secouent leur pays.

Müge et Özlem, originaires d’Istanbul en Turquie, étudient les relations internationales à l’université Kültür. Une matière qu’elles viennent approfondir à Sciences Po pendant un semestre. Durant ce séjour, elles comptent également apprendre le français.

Pour Müge, c’était presque une évidence. Sa mère est prof de français en Turquie. Quant à Özlem, elle a fait deux semestres de français dans son université et compte maintenant approfondir l’apprentissage de la langue. Toutes deux ne tarissent pas de comparaisons : « Lille n’a vraiment rien à voir avec Istanbul, explique Özlem. Toute la nourriture a un goût différent ! ». « Sans parler de la météo ! », s’exclame Müge.

« Des gens sont morts là-bas, l’attitude de la police a été choquante »

Les deux Stambouliotes étaient sur place en mai dernier, lorsque s’est déclaré le mouvement protestataire autour de la protection du parc Gezi, qui se situe à côté de la désormais célèbre place Taksim. « J’ai passé quatre nuits auprès des manifestants en juin. J’y distribuais de la nourriture au stand Unicef » raconte Müge. Dans sa démarche, « il n’était pas seulement question de s’opposer au gouvernement, il s’agissait surtout de défendre notre liberté ». Pourtant, il y a eu ce mot de trop, lancé par Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre turc. Le leader du parti pour la Justice et le Développement (l’AKP) a accusé d’alcoolisme le fondateur de l’État, Mustafa Kemal dit Atatürk. Pour Müge, il s’agit d’une insulte envers un « leader encore très ancré dans la mémoire collective » malgré son décès, il y a 75 ans.

Özlem, elle, s’avoue plus « confuse », perdue dans la cacophonie de « toutes ces opinions divergentes et ces informations contradictoires ». Ce qu’elle regrette, c’est que tout soit allé si loin. « D es gens sont morts là-bas, l’attitude de la police a été choquante. La provocation aussi a été trop loin ».