Les dirigeants chypriotes grec et turc, Nicos Anastasiades et Dervis Eroglu, se retrouvent jeudi pour un dîner à l’invitation de l’ONU, la première rencontre à ce niveau depuis plus d’un an.
C’est la première fois depuis son élection en février que M. Anastasiades, président de la République de Chypre, rencontre M. Eroglu, qui dirige la République turque de Chypre Nord.
Peu encline à la réconciliation, la partie chypriote grecque a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’un évènement "purement social", et en aucun cas d’une reprise des négociations, formellement suspendues depuis mi-2012 et qu’elle ne veut pas reprendre avant l’automne.
Seuls participeront au dîner les deux dirigeants et leurs épouses ainsi que le Conseiller spécial de l’ONU sur Chypre Alexander Downer, la représentante spéciale de l’ONU à Chypre Lisa Buttenheim, et leurs conjoints respectifs.
"Cela ne sert à rien de se jeter dans des négociations tant que le travail de préparation n’a pas été fait", a affirmé M. Downer, sans évoquer de calendrier pour une reprise du dialogue.
Ce type de rencontre exclusivement conviviale a été organisé par le passé à Chypre pour tenter de briser la glace et relancer le processus de paix après un blocage.
Les négociations sur la réunification de l’île, qui étaient au ralenti depuis plusieurs mois, ont été suspendues en juillet 2012. Les Chypriotes turcs se sont dits prêts à reprendre sans délai les pourparlers, mais les Chypriote grecs ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas reprendre les négociations avant l’automne, le temps de remettre sur les rails leur économie mise à mal par une sévère récession et un plan de sauvetage européen controversé.
Les Chypriotes grecs ont demandé récemment, pour restaurer la confiance entre les deux parties avant toute nouvelle négociation, une restitution de Varocha, actuellement sous administration de la République Turque de Chypre du Nord (RTCN). Ils ont proposé en échange une légalisation du port de Famagouste, qui permettrait à la RTCN de commercer directement avec l’Union européenne.
Chypre est divisée depuis 1974, date de l’intervention de l’armée turque dans le nord de l’île en réponse à un coup d’Etat d’ultranationalistes chypriotes grecs, soutenus par la dictature des Colonels à Athènes, visant à rattacher de force l’île à la Grèce. Ce putsch avait également pour objectif la destruction de la minorité turque.
L’intervention militaire turque qui visait à protéger la population turque s’est soldée par la division de l’île en deux entitée politiques, une administration grecque au sud et la République Turque de Chypre du Nord.
Des pourparlers sont en cours à l’ONU pour tenter de réunifier l’île, mais le référendum qui s’est tenu en 2005 sous l’égide des Nations Unies a été rejeté par la partie grecque alors qu’il a été massivement approuvé par les Turcs.
Sous la pression de l’administration chypriote grecque et du gouvernement d’Athènes, la RTCN subit un embargo agressif et se trouve politiquement et économiquement isolée sur la scène internationale.
Devant le soutien massif de la population chypriote turque au referendum pour la réunification, l’Union Européenne s’est engagée à mettre un terme à l’isolement de la RTCN, mais elle se heurte depuis au blocage systématique des Chypriotes grecs.